Ebbène : «Je n’aime pas trop montrer mon visage»

Un artiste humble, presque timide ! © Mara Zoda

Après avoir sorti «Début de soirée», son premier album solo en avril dernier, Ebbène s’est produit au Reflektor fin septembre. Nous l’avons rencontré pour discuter de son projet déroutant, inspirant et mélancolique.

En novembre 2018, vous avez fait la première partie de Clara Luciani ici, au Reflektor. Qu’est-ce que ça fait d’être de retour pour son propre concert ?

C’est différent et assez cool ! Je me suis rendu compte que j’avais fait pas mal de fois le Reflektor, du coup ce n’est pas vraiment une grande découverte. Je suis super content. Je suis Liégeois d’adoption depuis quelques années et jouer à la maison, c’est toujours agréable !

Nous avons croisé beaucoup d’artistes cet été en festival mais pas d’Ebbène à l’horizon. Où étiez-vous passé ?

J’étais chez moi, pour des raisons personnelles. La saison va vraiment recommencer là maintenant, on va jouer dans des clubs et autres… Et normalement on me verra dans les festivals l’été prochain !

Vous avez sorti deux clips «Barcelone» et «Nuit Américaine». Deux vidéos où l’on ne vous voit pas. Vous avez été très discret sur votre image jusqu’à la sortie de l’album avec lequel vous dévoilez clairement votre visage sur la pochette…

Je n’aime pas trop montrer mon visage. C’est une discussion que l’on a eue avec la maison de disques et avec les gens qui gravitent autour de mon projet. Ils trouvaient que c’était important que je montre mon visage. Je ne vous cache pas que ça a été une longue conversation. Finalement, j’ai accepté. Leurs arguments étaient justes, même si je n’aime pas trop montrer ma tête. Même en concert, j’aime quand les lumières viennent de derrière comme ça, on ne me voit pas. J’ai l’impression d’être un peu timide.

On ne rencontre pourtant pas souvent des artistes dans la musique qui n’aiment pas se montrer…

Je me dis que je fais de la musique, ça ne me dérange pas de faire entendre ma voix, de chanter pour les gens écoutent mes chansons. J’ai l’impression de ne pas être dans l’air du temps pour tout ce qui concerne mon image… Je ne suis pas très présent sur Instagram par exemple, je dois peut-être juste être vieux… Mais je m’oblige un peu à y être présent.

Les textes de votre premier opus «Début de soirée» sont imagés. Quel(s) message(s) avez-vous voulu faire passer ?

C’est un disque de «voyage». J’ai commencé à l’écrire il y a déjà un petit temps. Il y a des chansons qui datent de 7 ou 8 ans, voire un peu plus. Il y a des titres que j’ai écrit à la sortie de mon adolescence, au début de la vingtaine. Le message principal c’est le voyage, je n’ai pas écrit les morceaux au même endroit, ni à la même période de ma vie.

Il y a quelques années, vous avez fait partie des groupes «The Tellers» et puis «Paon» où vous chantiez exclusivement en anglais. En français cette fois, vous avez décidé de démarrer votre projet solo qui est très opposé à tout ce que vous avez pu faire auparavant…

C’est différent, quand j’étais dans «The Tellers» ou «Paon», on était chaque fois plusieurs dans le groupe à prendre des décisions artistiques, que ce soit à propos de l’écriture, de la composition ou autres. Maintenant que je suis tout seul et que je gère mon projet solo, je peux vraiment choisir ce que j’ai envie de faire. Le fait de chanter en français permet d’écrire des textes un peu plus travaillés que ce que je rédigeais en anglais. La sonorité prenait un peu plus le dessus, même si les paroles avaient quand même un certain sens.

Votre style mélancolique et nostalgique nous fait penser à de jeunes artistes comme Lonepsi ou Tim Dup, même si vous arrivez à vous distinguer avec un univers très singulier et épuré…

J’écoute plus Tim Dup que Lonepsi mais ce sont des projets que j’aime beaucoup. Je n’essaye pas trop de me distinguer volontairement, c’est plus une démarche naturelle. J’ai encore enregistré un titre cette semaine et je pense que la meilleure façon de faire une composition singulière et unique, c’est de le faire sans prendre en compte les projets des autres.

Dans ses débuts, Angèle a démarré sa carrière en piano-voix et vous en guitare voix. Est-ce indispensable aujourd’hui de laisser l’acoustique de côté pour adapter sa musique à la pop et à ce qui passe à la radio ?

Ce n’est pas quelque chose que je fais spécialement mais si vous voulez passer en radio, vous devez adapter vos productions aux sons qui y passent. Vous devez vous mettre au niveau de ce que les «grands noms» vont faire. C’est quelque chose que je ne fais pas mais effectivement, il faut le faire. Dans le cas d’Angèle, je pense que la fille était tellement exceptionnelle que des gens autour ont dû la guider vers une direction qui n’a fait qu’accroitre son talent déjà existant pour faire grandir le projet. Je ne pense pas que les gens vont venir m’interpeller pour me donner ce genre de conseils… (rires).

«Début de soirée» comporte huit titres. Le compositeur que vous êtes doit nous cacher tout un tas d’autres compositions…

Oui mais je suis assez lent pour enregistrer. Je travaille à Paris, tout l’album a été enregistré à Paris. C’est toujours beaucoup d’organisation et de prévisions pour aller travailler là-bas. Depuis la semaine passée, j’enregistre mes pré-productions à Liège donc le processus va aller beaucoup plus vite, je peux directement tout envoyer à Paris maintenant. Il va y avoir beaucoup plus de choses qui vont sortir. La rentrée devrait être plus mouvementée pour moi !

Quels sont les futurs projets d’Ebbène ?

J’enregistre un EP, on va encore sortir un single ou deux sur cet album. On doit encore tourner le clip d’un morceau, le titre «Début de soirée», ça c’est sûr ! Après on passera sur un autre EP, puis un autre album. Donc oui, j’ai plein de chansons qui traînent et à enregistrer.

Qui dit EP, dit style différent…

Un peu, dans le sens où j’aimerais revenir à un univers encore un peu plus acoustique et intimiste. Je dis ça mais à chaque fois que j’arrive en studio, il y a des claviers et j’en ajoute parce que c’est trop cool (rires) !

Entretien : Olivier Desmet

Photos : Mara Zoda

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