Dylan Robert, l’espoir du cinéma pris dans la « spirale » de la délinquance
En 2019, quelques mois à peine après son César du meilleur espoir masculin, Dylan Robert participe à une série d’arrachages de colliers à Marseille. Ecartelé entre cinéma et délinquance, le jeune homme a été condamné vendredi à trois ans d’emprisonnement ferme.
« Aujourd’hui je suis limite gâché », se défend le jeune acteur de 24 ans, barbe de trois jours bien taillée, natte retenant sa chevelure noire, dans le box du tribunal correctionnel de Marseille.
Février 2019, il remportait un César pour son rôle de petite frappe dans le film Shéhérazade. Sa carrière était lancée. « Je vivais des choses extraordinaires d’un côté », explique-t-il. Mais d’un autre, dans son quartier de Marseille, il retombait dans « une spirale ».
« J’avais besoin d’argent » et « le festival de Cannes c’est pas rémunéré », explique-t-il, cinq ans après les faits, à la présidente, en évoquant sa montée des marches en mai 2018.
Entre avril et juillet 2019, il commettra ainsi une série de vols, le juge d’instruction en retenant une quinzaine. Avec un de ses amis du quartier, désormais en fuite, condamné lui en son absence à cinq ans de prison, ils procédaient toujours de la même façon: approche en scooter, arrachage d’un bijou, avec violence s’il le fallait, et fuite.
Parmi les blessés, une dame de 59 ans s’est cassé le col du fémur pour trois bracelets volés. Le butin était ensuite revendu à 25 euros le gramme de métal précieux.
La justice lui reproche parfois plusieurs vols par jour. Lui assure que tous les vols ne lui sont pas imputables. Il a d’ailleurs été relaxé de quatre d’entre eux vendredi. Mais pour les autres, il s’excuse du plus « profond de (s)on cœur », assurant avoir « compris » et « pris en maturité ».
« Disjoncté dans sa tête »
Il a au final été condamné à quatre ans d’emprisonnement, dont trois ans ferme et un an avec sursis probatoire pendant deux ans, avec mandat de dépôt. Une peine inférieure aux cinq ans de prison ferme requis par la procureure qui avait ironisé: « Il ne se souvient pas des faits, car il en a commis trop ».
Pendant l’enquête, il avait expliqué avoir été sous l’emprise de l’alcool, de la drogue. Il voulait aussi prouver à ses amis du quartier qu’il faisait toujours partie des leurs.
Son avocate, Me Valérie Coriatt, a tenté d’expliquer comment ça avait « disjoncté dans sa tête », quand on lui a proposé, à lui, le minot qui ne savait alors ni lire ni écrire, le casting de Shéhérazade alors qu’il se trouvait dans une prison pour mineurs. Et son conseil de décrire le « rêve éveillé », puis le retour à sa « vraie famille », celle « des gamins de la rue ».
« J’y ai jamais vraiment cru à cette chance là. C’est une fois qu’elle a été gâchée que j’ai commencé à comprendre », analyse le jeune homme qui a grandi avec une mère célibataire décrite comme maltraitante. Vendredi, seule sa compagne s’était déplacée pour le soutenir à l’audience.
« La vie n’est pas un cinéma, surtout pour les victimes », dont certaines sont réellement traumatisées, a jugé de son côté Me Christian Bellais, pour les parties civiles.
Après son prix, l’acteur avait multiplié les tournages, entre ses divers séjours derrière les barreaux: une série sur Netflix, « Vampires », « ADN », un film de Maïwenn, ou « Sur les chemins noirs », tiré du roman de Sylvain Tesson avec Jean Dujardin.
Mais à chaque fois la délinquance le rattrape: « il fait son anniversaire avec Jean Dujardin, et il est retourné en prison », raconte son avocate, après une condamnation à 30 mois pour d’autres vols.
Désormais d’autres échéances judiciaires l’attendent: un procès le 25 octobre dans une histoire de car-jacking. Et une enquête en cours dans laquelle il est mis en examen et placé en détention provisoire à la prison de Draguignan pour le narchomicide d’un adolescent en août 2021 à Marseille.
Des poursuites qui, selon son avocate, sont « une honte judiciaire sur le terrain de la preuve ».
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