Dur, dur d’être un «népo bébé» !
Sans avoir rien demandé, les enfants de parents célèbres le deviennent aussi dès leur naissance et sont vite idolâtrés ou critiqués. Comparés physiquement à leurs géniteurs, ils le sont ensuite artistiquement. Avec une obligation tacite d’être à la hauteur.
Le show-business compte de nombreuses dynasties de stars. Le fait n’est pas nouveau. Mais ces dernières années, la notoriété et le luxueux train de vie des héritiers de célébrités, de ces enfants dits gâtés et pistonnés, agacent les partisans de la méritocratie. Pis, depuis l’an dernier, un article du New York Times leur a définitivement collé l’étiquette de «nepo babies». «Nepo» venant de népotisme qui, dans tous les domaines, désigne les jeunes supposément aidés par leurs parents pour percer plus facilement.
Pas le droit d’être là !
L’article intitulé «Extremely Overanalyzing Hollywood’s Nepo-Baby Boom» présente un arbre généalogique de tous les liens entre les nouvelles personnalités et leurs ascendants. Piqués au vif, de nombreux «nepo babies» montent au créneau pour démontrer que leur existence n’est pas si rose qu’elle y paraît.
«Les gens disent que je ne mérite pas d’être là où je suis car je viens d’une famille prospère, mais mes parents travaillaient dur», assène Gigi Hadid (27 ans). «Mon père était un réfugié, ma mère bossait dans une ferme pour envoyer de l’argent à sa famille. Ils m’ont donné une belle vie grâce à leur travail acharné, je fais pareil pour honorer cela !» Et Dakota Johnson (33 ans, fille de Melanie Griffith et Don Johnson) de déclarer qu’elle se sait chanceuse, mais aussi attendue au tournant. Même poids à porter pour Margaret Qualley (28 ans), consciente d’être presque la sœur jumelle de sa mère Andie MacDowell.
Tirés vers le bas
Hailey Bieber (26 ans), fille de Stephen Baldwin, de nature plus discrète, ne s’est pas exprimée, préférant arborer un t-shirt avec l’inscription «nepo baby». Gwyneth Paltrow (50 ans, fille de l’actrice Blythe Danner et du producteur Bruce Paltrow) a volé à son secours en étant loquace pour deux : «Lorsque votre pied est dans la porte par laquelle vous êtes 9 mars 2023 Télépro • 13 injustement entré, vous devez travailler deux fois plus dur et être deux fois meilleur ! Les gens sont prêts à vous tirer vers le bas et à dire : « Tu n’es là qu’à cause de ton père ou de ta mère ! »» Jamie Lee Curtis (64 ans, parents : Janet Leigh et Tony Curtis) a renchérit : «La conversation actuelle sur les nepo babies est conçue pour diminuer, dénigrer et faire du mal.»
Quant à Maya Hawke (24 ans), héritière du magnétisme d’Uma Thurman et d’Ethan Hawke, elle a tenté de tordre le cou aux préjugés dans Rolling Stone : «On a d’énormes avantages, mais les chances ne sont pas infinies ! Sachez que si on ne fait pas du bon boulot, nos chances s’arrêteront là ! Au début, j’étais triste face aux accusations de népotisme. J’essaie maintenant de ne pas me laisser abattre, je n’ai pas encore montré grand-chose et j’espère qu’un jour je serai vraiment fière de ce que j’ai fait par moi-même.»
Insécurité et culpabilité
D’autres descendants de stars sont plus traumatisés. Zoë Kravitz (34 ans, fille de Lenny Kravitz et Lisa Bonet) se sent «en profonde insécurité», assurant dans GQ : «Il est normal pour tant d’autres métiers de reprendre l’entreprise familiale. Mais moi, j’ai toujours l’impression qu’on me considère comme étant moindre par rapport à mon père et ma mère.»
Les «fils de» souffrent comme les filles. Cette étiquette est «du masochisme émotionnel» selon Brandon Cronenberg (43 ans), réalisateur comme son paternel, David Cronenberg. Tom Hanks, actuellement à l’affiche du «Pire voisin au monde», dans lequel joue aussi son fils Truman Hanks (27 ans), défend ce dernier : «Nous exerçons ce métier depuis toujours. Nos enfants ont grandi là-dedans. Si nous avions une entreprise de plomberie ou une boutique de fleuriste, toute la famille y participerait aussi.» Owen Kline (31 ans), cinéaste et enfant des acteurs Phoebe Cates et Kevin Kline, a confié au Guardian : «Personne ne nous traite sérieusement. Je me suis souvent demandé si ma carrière était due à mon talent ou à ce supposé népotisme. Cette culpabilité a été un gros problème.»
Le cas des Lily
Alors que la chanteuse Lily Allen (37 ans), dont la mère est productrice et le père acteur, chanteur et humoriste, estime que «les filles de» sont plus fréquemment épinglées, Lily Collins (34 ans le 18 mars), fruit des amours de Phil Collins et de son assistante Jill Tavelman, déclare à Vogue : «Il était hors de question que les gens pensent que j’utilise un laissez-passer grâce à mon nom ! Je suis fière de mon père, mais je veux être moi ! Cette industrie est très compétitive, les opportunités sont rares et j’ai échoué, comme les anonymes, à certains castings.» Mais la plus ciblée de toutes les nepo girls semble être Lily-Rose Depp (23 ans), dont l’hallucinante ressemblance avec les yeux revolver de son papa, Johnny Depp, et avec la silhouette et la bouche de sa maman, Vanessa Paradis, fascine autant qu’elle dérange.
Très cher héritage
«C’est bizarre de réduire quelqu’un à l’idée qu’il n’est là que parce que c’est générationnel. Cela n’a aucun sens ! Internet semble se soucier beaucoup de ce genre de choses. Les gens vont avoir des idées préconçues sur vous ou sur la façon dont vous y êtes arrivé», dit l’égérie de Chanel, statut qu’a aussi eu sa mère. Également actrice de cinéma («La Danseuse», «Les Fauves»), Lily n’a pas encore trouvé de personnage suffisamment fort pour se faire un prénom. Et sa prochaine prestation dans la série «The Idol», très sulfureuse à en juger par les premières images, risque d’être un quitte ou double. Vanessa Paradis avait marqué le 7e art dès son premier film, «Noce blanche», mais aussi suscité de véhémentes jalousies en se dénudant. En faisant de même, sa fille pourrait, malgré elle, payer le même prix. Dans ce cas, peut-on encore vraiment parler de népotisme ?
Cet article est paru dans le Télépro du 9/03/2023
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