«Dr. Jack & Mr. Nicholson» : flash-back sur la vie de Jack Nicholson !

Jack Nicholson dans «Vol au-dessus d'un nid de coucou» en 1975 © Isopix/Supplied By Lmk/Landmark Media
Giuseppa Cosentino Journaliste

Derrière son sourire carnassier, Jack Nicholson (84 ans le 22 avril) cache de mystérieux tourments…

Avec plus de soixante films à son actif, trois Oscars et des dizaines de récompenses, ce monstre sacré du 7e art incarne la figure de l’anti-héros par excellence. Tous ses rôles, si différents soient-ils, ont un point commun : c’est à travers eux que Jack Nicholson se dévoile pour exorciser ses démons intérieurs. Car ses films, dit-il, sont pour lui «une œuvre secrète, une autobiographie». Un doc d’Arte (dimanche, 23.25) dévoile la catharsis d’un acteur tourmenté.

Parcours compliqué

John Joseph Nicholson voit le jour en 1937 dans le New Jersey. Abandonné à sa naissance par un père alcoolique, il grandit entouré de sa mère et de ses deux grandes sœurs. Ado aussi brillant que rebelle, il fait tout pour attirer l’attention. «Parce qu’il voulait être aimé», dira un camarade de classe. Le jeune homme sait que son destin est ailleurs. À 18 ans, il part pour Hollywood. Les débuts sont difficiles : son physique imparfait et sa calvitie précoce ne l’avantagent pas. Il enchaîne les petits rôles jusqu’à la révélation, en 1969, avec le film «Easy Rider», qui lui vaut sa première nomination aux Oscars. Il y campe, durant 15 min seulement, un avocat halluciné et fume réellement de la marijuana. John devient alors Jack !

Terrible secret

Alors que sa carrière décolle, il découvre dans la presse que sa sœur aînée est en réalité sa mère et que celle qu’il appelle «maman» depuis 37 ans n’est autre que sa grand-mère ! Comme un troublant écho au scénario de «Chinatown» (1974) qu’il tourne alors… Étant toutes deux décédées, c’est son autre sœur – sa tante, donc – qui lui confirme la rumeur. L’année suivante, son personnage de délinquant dans un asile psychiatrique est pour lui un formidable exutoire. Avec «Vol au-dessus d’un nid de coucou», il extériorise sa colère refoulée. Et rafle son premier Oscar ! Désormais, il n’a qu’une obsession : repousser toujours plus loin les limites. Dans «Shining» (1980), il s’enfonce un peu plus dans une folie furieuse. Le réalisateur Stanley Kubrick, qui l’estimait «parfait pour ce rôle», pousse les acteurs dans leurs retranchements. Nicholson, en écrivain déséquilibré et démoniaque, y est terrifiant.

Insatiable

Chacun de ses films est un succès, à l’image du drame épique «Reds» (1981) ou encore «Tendres passions» (1983) pour lequel il obtient un autre Oscar. Du succès, il en a aussi auprès des femmes, qu’il cumule comme d’autres addictions : cocaïne, marijuana… Anjelica Huston (Morticia dans «La Famille Addams»), sa compagne durant dix-sept ans, finira par se lasser de ses infidélités et autres déboires (il n’aura pas d’enfant avec elle, mais cinq avec quatre femmes différentes). Mais Jack est une icône… Le rôle du Joker dans «Batman» lui permet d’empocher 60 millions $ en 1989 ! Il se lance alors dans la réalisation, mais le public n’est pas au rendez-vous. Il rebondit avec des interprétations toujours marquantes et variées : il remporte son troisième Oscar grâce à la comédie sentimentale «Pour le pire et pour le meilleur» (1998) et se distingue en chef mafieux dans «Les Infiltrés» (2006) de Scorsese. Au fil des années, l’acteur au sourire inquiétant se fait de plus en plus rare. Préférant garder secret le reste de sa vie…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 08/04/2021

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