Douchy : son église du XIIIe siècle, ses champs de colza et Alain Delon
C’est un village comme tant d’autres en France, avec son église et ses champs de colza… A ceci près qu’à Douchy-Montcorbon (Loiret), la forêt abrite un des derniers géants du cinéma français: Alain Delon, voisin « inexistant » pour les uns, vieil ami pour les autres.
N’imaginez pas un village sans âme au coeur du Gâtinais. Ici, les commerces foisonnent. « Deux épiceries, deux boulangeries, une pharmacie, un laboratoire d’analyses, une maison médicale avec plein de médecins, un dentiste, une boucherie, un restaurant, un bar, une coiffeuse… », égrène, avec fierté, le maire de « Douchy » Abel Martin, 78 ans.
Aux 1.371 habitants se mêlent toute l’année admiratrices, curieux ou médias… qui espèrent croiser la star. « Avant c’était les Italiennes qui venaient voir Delon. Depuis l’histoire avec Hiromi (Rollin, qui se présente comme son ex-compagne NDLR) cet été, c’est sans fin ! Il faut répéter 100 fois la même chose, ils viennent se coller aux vitres de mon établissement », se plaint un des commerçants, sous couvert d’anonymat.
« J’ai reçu 16 journalistes déjà ! », s’amuse M. Martin, qui assure avec malice « n’être au courant de rien ! ».
Il en veut pour preuve la perquisition menée dans la propriété de la star de 88 ans fin février et la saisie de 72 armes à feu et de 3.000 munitions, qu’il jure avoir « apprise le lendemain dans le journal ».
Dans ce village où tout le monde se connaît, « on ne savait pas ce qui se passait chez lui. Il y a très peu de gens qui pouvaient y entrer et de tout temps », raconte le maire.
« Naître super beau »
Pour Jocelyne, une coquette femme de 80 ans, le « Guépard » a toujours été « un voisin inexistant; aucun rapport, aucun intérêt, aucun partage ».
« Je lui ai dit +bonjour+ deux ou trois fois chez des commerçants, il s’est retourné, a levé un oeil et ne m’a pas répondu… », se souvient avec amertume cette retraitée.
« Lorsqu’il y avait sa compagne Mireille (Darc), c’était complètement différent (…) Elle, elle conversait, saluait les gens », insiste encore Jocelyne pour qui « c’est un type qui a eu la chance de naître super beau, et ça, ça l’a sauvé ! »
Catherine, 53 ans, se souvient seulement « des biscottes, du miel blanc, du beurre, un thé et des fruits, surtout de la mangue ! » qu’elle lui préparait chaque matin à son domicile il y a quelques années et du « journal local » qu’elle lui apportait. Mais entre les deux, aucun échange.
Tout cela c’était avant. Depuis un AVC en 2019, personne ne le croise.
Seule une de ses salariées de longue date peut encore témoigner. « Quand Hiromi était là, au moins, elle le maintenait en vie », confie-t-elle sous couvert d’anonymat. Mais en juillet, les enfants de la star ont expulsé du domicile celle qui se présente comme l’ex-compagne. « Depuis, il est seul et se laisse aller. »
Si autrefois « les enfants venaient et se sauvaient au bout de deux jours tellement il était insupportable », admet un de ses proches, Claude Gruenenberger, ancien gérant de l’Auberge du Terroir où il avait ses habitudes, aujourd’hui, Alain-Fabien Delon vit avec son père et Anthony et Anouchka sont « assez souvent présents », selon le maire.
Baises-mains et selfies
Pour « Alain (qui) aimait bien venir casser la croûte le soir, tranquille » à l’Auberge du Terroir, située à « 800 mètres » de sa propriété, Claude Gruenenberger a créé un menu à son honneur: le « filet de sole Alain Delon », plat fétiche de la star, vendu 15 euros et sur lequel « tout le monde se jetait ».
Le retraité, 71 ans, proche du comédien se souvient d’un homme généreux, comme lorsqu’il lui a « apporté un vin dédicacé de Hongrie », mais aussi grognard quand il lui confiait que « quelqu’un demandait un autographe. Il me disait: +Je ne suis pas là pour ça, ne me fais pas chier+ ! » avant de le retrouver en salle, auprès de ladite fan, faisant « des baise-mains, des selfies… »
Quel fut son pire souvenir avec « Alain » ? « Quand il s’est embourbé avec sa Mercedes dans le terrain de l’auberge et je lui ai dit: +Attends donne-moi tes clés, je vais me démerder+. (…) Quand je lui ai rendu les clés, je lui ai dit: +Tu m’excuseras, y a peut-être un peu de terre sous le tapis+ et Alain a grogné. »
Aujourd’hui, les deux hommes ne se voient plus. L’un est cloîtré dans son antre où des arbres chutent et brisent les murets qui le séparent des deux départementales qui bordent la demeure. L’autre erre dans les ruelles de Douchy.
« La personne me manque, pas ce qu’il représente, l’acteur tout ça… mais l’être », raconte Claude, ému.
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