« Donald Trump m’a violée », accuse une auteure lors d’un procès à New York
« Je suis ici parce que Donald Trump m’a violée »: l’auteure et ancienne chroniqueuse américaine E. Jean Carroll a livré mercredi de lourdes accusations contre l’ex-président des Etats-Unis, qui les réfute, lors d’un procès civil à New York où elle demande réparation.
Au deuxième jour de ce procès devant le tribunal fédéral de Manhattan, E. Jean Carroll, 79 ans, s’est exprimée d’une voix posée et grave, devant les neuf citoyens tirés au sort pour déterminer si Donald Trump l’a ou non agressée au milieu des années 1990, dans une cabine d’essayage du grand magasin de luxe new-yorkais Bergdorf Goodman.
« Je suis ici », a-t-elle dit, plus de 25 ans plus tard, « parce que Donald Trump m’a violée ».
Puis, dans un silence de plomb, l’ancienne chroniqueuse du magazine Elle a poursuivi: « Et quand j’ai écrit sur le sujet (dans un livre en 2019, Ndlr), il a dit que cela n’était pas arrivé. Il a menti et a brisé ma réputation. Je suis ici pour reprendre le cours de ma vie. »
Donald Trump a toujours réfuté ces accusations, assurant ne pas connaître E. Jean Carroll, ou qu’elle n’était « pas son genre ». L’ancien président, qui ne viendra probablement pas donner sa version au procès, s’est exprimé sur son réseau social Truth Social pour dénoncer « une escroquerie fabriquée de toute pièce ».
Agression et diffamation
Les faits présumés sont prescrits au pénal, mais E. Jean Carroll a pu intenter un procès à Donald Trump en vertu d’une loi de l’Etat de New York permettant aux victimes d’agressions sexuelles de relancer leur action en justice au civil.
Elle demande au jury d’évaluer le montant des réparations financières pour « agression », mais aussi « diffamation », à cause de propos de Donald Trump sur l’affaire.
L’ancien président rêve de reconquérir la Maison Blanche en 2024 face à Joe Biden, qui s’est déclaré candidat mardi, mais il voit les affaires judiciaires s’accumuler.
Début avril, fait historique sans précédent pour un ancien président américain, il a été inculpé au pénal à New York pour 34 fraudes comptables et fiscales liées à des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes avant la présidentielle de 2016.
« Quelques minutes »
Elégante et distinguée, les traits un peu creusés, E. Jean Carroll a raconté comment « une scène new-yorkaise si drôle » au départ — la rencontre fortuite avec Donald Trump à l’entrée d’un grand magasin, puis quelques plaisanteries dans les rayons — s’est transformée en cauchemar dans une cabine d’essayage du 6e étage, déserté en ce début de soirée du printemps 1996.
Selon son récit, l’homme d’affaires et célébrité du tout-New York à l’époque la reconnaît car elle tient une rubrique dans Elle, « Ask E. Jean ». Il l’invite sur un ton très badin à l’aider à choisir un cadeau. Au rayon lingerie, Donald Trump attrape un « sous-vêtement » et lui demande de l’essayer.
E. Jean Carroll ne s’explique toujours pas plus de 25 ans après les faits présumés comment elle a pu le suivre dans la cabine.
D’après son récit, Donald Trump l’a poussée contre le mur, coincée, puis baissé son collant et l’a pénétrée avec « ses doigts dans (son) vagin », puis avec son sexe.
« Quelques minutes » qui l’ont « rendue incapable de retrouver une vie amoureuse », a-t-elle témoigné.
Pourquoi a-t-elle mis plus de 20 ans à sortir du silence? « J’avais peur de Donald Trump (…) J’avais honte (…) Je pensais que c’était de ma faute ».
L’ancienne chroniqueuse n’a pas encore été interrogée par les avocats de l’ancien président, dont l’un d’eux, Joe Tacopina, l’a déjà dépeinte en affabulatrice avide d’argent et de reconnaissance.
E. Jean Carroll ne se souvient pas de la date où aurait eu lieu l’agression, qu’elle situe par déduction au cours du printemps 1996, et il n’y a pas de témoin oculaire l’ayant vue avec Donald Trump dans le magasin.
Deux amies, à qui elle s’était confiée peu de temps après les faits présumés, viendront corroborer son récit à la barre, a promis mardi l’une des avocates d’E. Jean Carroll.
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