Diane von Furstenberg, la success-story américaine d’une Bruxelloise
Dans le monde de la mode, son nom est synonyme de success-story américaine. Diane von Furstenberg, partie s’installer à New York en 1970, est revenue à Bruxelles, sa ville natale, pour célébrer le demi-siècle de son « indémodable » robe portefeuille.
« J’ai vécu vraiment un rêve américain. A 25 ans, je fabriquais 25.000 robes par semaine. Tout est arrivé très vite », se remémore-t-elle dans un entretien avec l’AFP, à l’occasion d’une exposition dans la capitale belge retraçant sa carrière.
Selon les organisateurs, c’est la première fois qu’un musée en Europe consacre une exposition à la créatrice belgo-américaine, âgée aujourd’hui de 76 ans. « C’est très émouvant », lâche-t-elle.
Au Musée Mode & Dentelle, en plein centre historique de Bruxelles, non loin du lycée où la jeune Diane a vécu ses années adolescentes, l’installation fait la part belle à la « wrap dress » qui l’a rendue célèbre, commercialisée à partir de 1973.
La petite robe portefeuille, réputée pour sa simplicité et son côté pratique (en tissu jersey souple et infroissable), est déclinée en plusieurs dizaines de modèles imprimés avec des couleurs plus vives les uns que les autres.
« Pas de fermeture éclair, pas de bouton, très ajustable ! De quoi mettre la femme en confiance, et si vous êtes confiante, vous êtes belle », souligne la créatrice dans un large sourire.
Celle qui se dit « grande féministe » s’est lancée dans les oeuvres philanthropiques pour soutenir l’émancipation et la prise de responsabilités par les femmes, un aspect également abordé dans l’exposition intitulée « Woman Before Fashion ».
Diane von Furstenberg anime avec son second mari, le magnat américain des médias Barry Diller, une fondation qui décerne chaque année cinq prix (les « DVF Awards ») célébrant des personnalités censées inspirer les autres femmes.
Et, côté modèles de référence, elle cite en premier lieu sa mère, rescapée des camps de concentration nazis et qui incarne à jamais à ses yeux la combativité et la quête de liberté.
« Un miracle »
Liliane Halfin, née Nahmias, issue d’une famille juive de Thessalonique (Grèce), a été déportée et enfermée à Auschwitz (Pologne), puis Ravensbrück (Allemagne) alors qu’elle était jeune mariée, âgée d’une vingtaine d’années.
A sa libération en 1945, elle pèse moins de 25 kg. Au point que les médecins lui déconseillent une maternité à court terme.
« C’était un squelette au milieu des cendres, elle n’était pas censée survivre mais elle a survécu », raconte Diane von Furstenberg, qui a comparé sa naissance, 18 mois plus tard, à « un miracle ».
Après la Seconde guerre mondiale, ses parents se retrouvent à Bruxelles, où la future styliste vit jusqu’à 14 ans, avant de partir en pension en Suisse et en Angleterre.
Elle rencontre pendant ses études son premier mari, le prince jet-setteur Eduard Egon von Fürstenberg, aux racines italo-autrichiennes, dont elle a conservé le nom après leur séparation (excepté le tréma sur le « u », le umlaut). Un patronyme devenu une marque vendue dans les grands magasins du monde entier.
Pour Nicolas Lor, qui a conçu l’exposition à Bruxelles, une des clés du succès de DVF a été le mélange réussi entre un modèle de petite robe typiquement européen et des matériaux souples offrant au vêtement son côté confortable.
« Elle a mêlé ce concept de petite robe pensé dans les années 1920 à la question du sportswear et du confort qui définit clairement le vestiaire aux Etats-Unis », explique cet expert français de la mode, passé par les maisons Chanel et Christian Dior.
Le tout juste trentenaire reconnaît aussi avoir découvert en préparant l’exposition les racines belges de la créatrice, qui ne s’est pas formée dans les très réputées écoles de mode de La Cambre à Bruxelles ou des Beaux-Arts d’Anvers (comme Ann Demeulemeester ou Dries Van Noten notamment). « Pour moi elle était américaine », sourit Nicolas Lor.
L’exposition se tient jusqu’en janvier 2024.
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