Devant la justice, Harry à la charge contre la presse à scandale
Le prince Harry a repris mercredi sa charge contre la presse à scandale accusée d’avoir pratiqué dans le passé du piratage téléphonique à « une échelle industrielle », lors du procès à Londres contre un tabloïd.
Ce témoignage du prince de 38 ans est la première apparition d’un membre de la famille royale à la barre depuis celle du futur Edouard VII en 1891 pour un procès en diffamation.
Le fils cadet de Charles III, en froid avec la famille royale, a engagé plusieurs batailles judiciaires contre la presse à scandale.
Il l’accuse d’avoir été responsable de la mort de sa mère Diana, pourchassée par des paparazzi à Paris en 1997. Il lui reproche aussi ce qu’il qualifie de harcèlement à l’encontre de Meghan et d’avoir une responsabilité dans les mauvaises relations qu’il entretient avec sa famille.
Dans le procès en cours, qui s’est ouvert le mois dernier, Harry accuse l’éditeur du quotidien le Daily Mirror d’avoir eu recours à des procédés illicites pour recueillir des informations, y compris en piratant des messageries téléphoniques, entre 1996 et 2010.
« Le piratage téléphonique était pratiqué à une échelle industrielle par au moins trois journaux à l’époque, et cela ne fait aucun doute », a lâché le duc de Sussex mercredi matin.
Si le tribunal ne reconnaissait pas cela, Harry en « ressentirait une certaine injustice ».
Mais si le Mirror Group Newspapers (MGN) s’est déjà excusé pour ses pratiques de l’époque, le prince doit dans ce procès convaincre le juge qu’il y a eu obtention illégale d’informations précisément dans les 33 articles portés à la procédure.
Il a parfois paru hésitant quant aux détails, mardi au début de son interrogatoire par le redoutable avocat du groupe de presse.
Il a en revanche décrit plus généralement l’intrusion de la presse à scandale dans sa vie, dès son plus jeune âge, et sa souffrance et même sa « paranoïa » face aux articles publiés à son sujet.
Il a dénoncé les pratiques « ignobles » de certains journaux, comme il l’a déjà fait dans un documentaire sur Netflix en décembre et dans ses mémoires « Le Suppléant », publiés en janvier.
« Spéculation »
Mercredi matin, Andrew Green, l’avocat de MGN – qui outre le Daily Mirror publie Sunday Mirror et Sunday People – a continué d’interroger en détail le prince sur les articles litigieux, demandant des preuves des pratiques illégales.
Le premier évoqué, publié en 2005, révélait qu’Harry, alors officier stagiaire de l’armée de terre, avait été « dispensé des marches quotidiennes » de huit kilomètres en raison d’une blessure au genou.
L’article affirmait aussi que le prince passait « 15 minute par jour » à écrire des mails à sa petite amie depuis une salle informatique à Sandhurst, l’Académie militaire où il se trouvait. « Je ne vois pas comment quelqu’un aurait pu le savoir », a déclaré le prince, quand l’avocat lui a demandé s’il estimait que ces informations provenaient d’une collecte illégale d’informations.
Plus tard, quand l’avocat met en avant que pirater le téléphone d’Harry aurait représenté « un énorme risque » pour les journalistes, le prince répond sans hésiter que pour eux, « la récompense » valait de prendre « le risque ».
Pour Andrew Green, les accusations d’Harry concernant un piratage de sa messagerie téléphonique relèvent de la « spéculation ». « Pas du tout, je ne suis pas d’accord », réagit le prince.
Exilé en Californie avec son épouse Meghan, le prince est toujours en froid avec le reste de la famille royale britannique.
Sa précédente apparition au Royaume-Uni remonte à son voyage éclair pour le couronnement de son père le 6 mai.
Il est resté à distance de son père et de son frère, l’héritier de la couronne William, tous deux étrillés dans ses mémoires. Aucune réunion familiale n’est attendue lors de ce séjour.
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