Des militants antimonarchie arrêtés avant le couronnement de Charles III
Avant le couronnement de Charles III à Londres samedi lors d’une cérémonie religieuse très solennelle, la journée a été entachée par l’arrestation de plusieurs manifestants antimonarchie.
Des milliers d’admirateurs de la famille royale patientent, parfois depuis plusieurs jours, aux abords du Mall, la célèbre avenue qui mène au palais de Buckingham, pour voir passer le couple royal et la procession, pour cette journée historique marquée par toute la pompe des événements royaux britanniques.
La cérémonie religieuse anglicane, au rite millénaire, doit commencer à 11H00 locales (10H00 GMT) à l’abbaye de Westminster et durer deux heures. Charles III, 74 ans, y sera acclamé, prêtera serment sur la bible, recevra l’onction et sera couronné, vêtu de lourds manteaux ancestraux de soie et d’or. Il sera le 40e souverain britannique couronné à l’abbaye depuis Guillaume le Conquérant en 1066.
Camilla, 75 ans, sa deuxième épouse, sera également bénie et couronnée.
Mais avant même le départ de la procession reliant le palais de Buckingham à l’abbaye, la police a arrêté six militants antimonarchie à Trafalgar Square où des centaines de personne se préparaient à manifester contre le couronnement, dont le leader du mouvement Republic, Graham Smith, selon les organisateurs.
Des centaines des pancartes jaunes « Not my King » (Pas mon roi) ont également été saisies, a précisé l’organisation, photos à l’appui.
La police a confirmé avoir procédé à plusieurs arrestations pour suspicion de trouble à l’ordre public en plusieurs endroits.
Plus de 11.000 agents sont mobilisés samedi à Londres et les forces de l’ordre avaient prévenu qu’elles se montreraient peu tolérantes envers ceux qui voudraient « gâcher les célébrations ».
Union Jack et fanions
« Libérez Graham Smith! » ont scandé les manifestants.
Si les antimonarchie restent très minoritaires, leur proportion monte au sein de la population et surtout chez les jeunes. Leur présence était inimaginable sous Elizabeth II, signe des défis pour Charles III, souverain déjà âgé bien moins populaire que sa mère ou que son héritier William, 40 ans.
Treize manifestants écologistes de Just Stop Oil ont également été arrêtés sur le Mall, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le dernier couronnement remonte à 1953 pour Elizabeth II et la plupart des Britanniques n’en ont jamais connu. Dans un Royaume-Uni en pleine crise du coût de la vie, l’événement, avec ses sceptres en or, carrosses somptueux et couronnes serties de diamants parmi les plus gros au monde, a été préparé sans grand enthousiasme populaire.
Des milliers d’inconditionnels et curieux étaient cependant massés samedi dans le centre de Londres derrière les barrières, l’Union Jack, le drapeau britannique, imprimé sur des t-shirts, des chapeaux, porté en étendard et fanions.
Phyllis Taylor, 60 ans, à l’élégante robe à fleurs, et son mari Steven 61 ans, costume noir et noeud papillon, sont venus de Glasgow en Ecosse pour « cette occasion très spéciale ».
« Nous sommes très enthousiastes, très fiers d’être Britanniques », s’enthousiasme-t-elle. « C’est un grand jour pour le pays, j’ai hâte », abonde Caba Mendes, Londonien de 21 ans, perche à selfie à la main.
Unique en Europe
Les 2.300 invités – une centaine de chefs d’Etat, représentants de familles royales étrangères, du Commonwealth, mais aussi des membres méritants de la société civile – ont commencé à prendre place à l’abbaye, tandis qu’au palais de Buckingham le balcon d’où le couple royal saluera la foule à l’issue de la cérémonie et assistera à une parade aérienne, a été habillé d’une tenture de velours rouge.
Charles III est devenu roi à la mort de sa mère Elizabeth II en septembre après 70 ans de règne.
Son sacre, unique en Europe, en est la confirmation religieuse.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, de confession hindoue, lira un verset biblique durant la cérémonie. Ses sept prédécesseurs vivants seront là.
Pour prendre en compte la diversité d’un pays où moins de la moitié de la population se dit désormais chrétienne, des représentants des principales religions participeront à l’une des processions.
Le couple royal repartira de l’abbaye dans une procession militaire spectaculaire, à bord du carrosse doré particulièrement inconfortable utilisé pour tous les couronnements depuis 1831.
Harry seul
Venu de Californie sans son épouse Meghan et ses enfants, le fils cadet du roi, Harry, très critique de la monarchie, n’aura aucun rôle actif, pas plus que le prince Andrew, frère du roi, mis sur la touche depuis un scandale sexuel.
Le couronnement coûtera des dizaines de millions d’euros, largement payés par le contribuable.
Alors que les Britanniques souffrent d’une inflation à plus de 10% depuis des mois, le palais a tenu à mettre en balance ces dépenses et « l’énorme coup de pouce » économique d’un événement historique générant « un énorme intérêt mondial ».
Certains Britanniques n’en sont pas si sûrs. 72% d’entre eux, selon un sondage YouGov vendredi, n’ont pas l’intention de participer aux festivités de ce long weekend prolongé d’un lundi férié.
Après le couronnement, des repas de voisinage et un concert à Windsor sont notamment prévus dimanche.
Le couronnement a relancé le débat sur l’avenir de la monarchie, notamment dans les 14 autres royaumes dont Charles III est chef d’Etat. Le Belize et la Jamaïque ont déjà fait savoir qu’ils espéraient devenir rapidement des républiques, comme l’avait fait la Barbade en 2021.
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