Derrière Churchill, sa femme Clementine

Clementine consacra toute sa vie à la carrière de Winston Churchill, de leur rencontre en 1908 à sa mort en 1965 © Isopix/AP
Stéphanie Breuer Journaliste

Durant près de soixante ans, Clementine Churchill, épouse dévouée et influente, a soutenu son «Lion» dans ses combats, ses victoires et ses défaites. Ce vendredi à 22h45 sur La Une, «Le Temps d’une histoire» retrace sa vie.

Derrière chaque grand homme, dit-on, se cache une femme. L’adage se vérifie pour l’un des plus grands hommes d’État du XXe siècle. Durant cinquante-sept ans, Winston Churchill a pu compter sur le soutien indéfectible de son épouse, dont «Le Temps d’une histoire» dresse le portrait vendredi soir sur La Une.

Après une première rencontre en 1904, Clementine Hozier et Winston Churchill se revoient, en 1908, à un dîner auquel aucun des deux ne voulait se rendre. Elle, jeune et jolie, est issue d’une famille aristocrate, mais désargentée. Lui, de dix ans son aîné, est ministre du Commerce. À l’époque, il est déjà un héros outre-Manche : issu d’une grande famille, il a fait la guerre en Inde, au Soudan, en Afrique du Sud… Le coup de foudre est immédiat et le mariage a lieu la même année.

Relation épistolaire

Dès leur voyage de noces, la jeune mariée comprend que son «Winston chéri» ne se repose que rarement. Avec des rythmes de vie différents, les époux prennent l’habitude de faire chambre à part. Ils ne partagent jamais le petit-déjeuner, ce qui constituera, selon Churchill, le secret de la longévité de leur couple. Par contre, ils entretiennent une intense relation épistolaire, s’écrivant plus de 1.700 lettres au cours de leur vie.

Très vite, Clementine s’intéresse à la politique, seule passion de son mari. «C’est la première femme d’un homme d’État qui ait joué un rôle politique», raconte sa biographe Béatrix de L’Aulnoit. «Leur seul point de désaccord, c’était le vote des femmes. Winston est contre. Et elle, féministe, est pour.»

Clementine aime accompagner son époux dans ses meetings électoraux et l’écouter. «Elle est une grande libérale», ajoute l’historien François Kersaudy. «Elle a une conscience politique. Et surtout, elle porte un grand intérêt au social et à la politique intérieure.»

Dévouée, mais franche

À chaque étape de sa carrière, Winston Churchill peut compter sur le soutien de son épouse : quand, ministre de l’Intérieur, il connaît ses premiers épisodes de dépression ; quand, chef de la Marine britannique, il endosse la responsabilité de l’échec des Dardanelles ; ou même quand, depuis les tranchées de la Première Guerre mondiale, il lui réclame un envoi régulier de… bouteilles de cognac !

Mais, dotée d’un caractère bien trempé, l’épouse dévouée ne se prive jamais de dire à Churchill ses quatre vérités. De plus, elle ne se contente pas d’un rôle de figuration et n’hésite pas à sortir de l’ombre. Lors du premier conflit mondial, elle s’occupe des cantines pour les femmes engagées dans les usines d’armement. Lors du second, elle accompagne partout son «Lion», alors Premier ministre.

Coiffée d’un bandana que les ouvrières lui copieront, la très populaire Mrs Churchill travaille pour la Croix-Rouge et lève des fonds. Tout au long de sa vie, même les cinq enfants (leur quatrième ne vivra que trois ans) nés de leur union ne détourneront pas Clementine de sa priorité : son mari. «Winston passe avant tout et avant les enfants», confirme encore la biographe. Durant leur mariage, leur seule cause de discorde restera l’achat de la maison de Chartwell, dans le Kent, réalisé par Churchill dans le dos de son épouse.

Après avoir convaincu son cher et tendre, affaibli, de se retirer du pouvoir en 1955, Clementine Churchill, dix ans plus tard, est encore et toujours présente pour lui tenir la main dans ses derniers instants, avant de s’éteindre, à son tour, en 1977, et de retrouver dans la tombe ce géant de l’Histoire.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 21/1/2021

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