Décès de l’écrivaine belge Jacqueline Harpman à 82 ans

Décès de l'écrivaine belge Jacqueline Harpman à 82 ans

L’écrivaine et psychanalyste bruxelloise est décédée jeudi 24 mai 2012 en milieu de matinée des suites d’une longue maladie. Elle avait remporté de nombreux prix littéraires tout au long de sa carrière.

Jacqueline Harpman naît à Etterbeek le 5 juillet 1929. Elle doit quitter la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale pour se réfugier avec son père, un juif d’origine néerlandaise, à Casablanca au Maroc où elle effectue ses études secondaires. C’est là-bas qu’elle se passionne pour la littérature, notamment pour Balzac, Proust et Freud. Elle rentre en Belgique lors de l’automne 1945 avant d’entamer des études de médecine qu’elle abandonne après deux ans en raison de la tuberculose. Elle passe ainsi près de deux années au sanatorium d’Eupen à partir de 1950 pour soigner cette maladie.

Elle abandonne la littérature pendant vingt ans

Sa carrière littéraire démarre en trombes avec son premier roman, «Brève Arcadie», publié en 1959, qui remporte le Prix Rossel. En 1963, elle épouse Pierre Puttemans, architecte, critique d’art et poète, avec qui elle a deux filles. Son roman «Les Bons Sauvages», paru en 1966, ne rencontre pas le succès escompté. Déçue, l’auteur abandonne la littérature pour une vingtaine d’années. Elle entame alors ses études de psychologie à l’Université libre de Bruxelles et est diplômée en 1970. Elle signe son retour en 1985, avec «La Mémoire Trouble» qui inaugure cette seconde période littéraire marquée par l’ambiguïté, la subtilité des sentiments, la férocité et l’humour.

«La Plage d’Ostende», «Orlanda»…

Son roman le plus connu reste probablement «La Plage d’Ostende», paru en 1991, qui évoque la passion d’une jeune fille pour un homme mûr qui se poursuivra tout au long de sa vie. Avec ce livre, elle remporte le Prix Point de Mire. En 1995, Jacqueline Harpman frôle le Prix Femina avec «Moi qui n’ai pas connu les hommes», narrant l’histoire de 40 femmes enfermées dans une cave au lendemain d’une catastrophe non nommée. La consécration arrive cependant l’année suivante, en 1996, lorsque Jacqueline Harpman reçoit le prix Médicis pour son roman «Orlanda», ex-aequo avec Jean Rolin. Dans ce roman, Aline Berger attend dans un café gare du Nord en lisant «Orlando» de Virginia Woolf. En face, un beau garçon blond. Elle choisit d’accomplir l’impossible : sa part masculine abandonne son corps de femme pour celui du garçon.

Également dramaturge

Jacqueline Harpman remporte aussi le Prix triennal du roman de la Communauté française de Belgique en 2003 pour «La Dormition des Amants». En 2006, elle reçoit le Grand Prix de Littérature de la Société des Gens de Lettres pour l’ensemble de son oeuvre.Son dernier roman date de 2007, «Ce que Dominique n’a pas su». Il a reçu le prix des Amis des Bibliothèques de la Ville de Bruxelles en 2009. Par la suite, Jacqueline Harpman a encore écrit deux pièces de théâtre, «Mes Oedipes» et «Avant/Après», ainsi qu’un essai, «Écriture et pschanalyse», paru en 2011.

«Je n’ai jamais eu la prétentiond’écrire des histoires moralement correctes»

Les oeuvres de Jacqueline Harpman ont été traduites dans de nombreuses langues, notamment en néerlandais, en anglais, en grec, en letton, ou encore en albanais. À la fin d’«Orlanda», une phrase : «Je n’ai jamais eu la prétention d’écrire des histoires moralement correctes». Jacqueline Harpman avait fait sienne cette devise. En plus d’être un écrivain reconnu, elle était aussi membre de la Société Belge de Psychanalyse et de l’Association Psychanalytique Internationale. Elle était aussi Chevalier de la Légion d’Honneur et Chevalier des Arts et Lettres.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici