Décès à 97 ans de Geneviève Page, gloire du TNP et étoile filante d’Hollywood

Geneviève Page dans "L'échange" de Paul Claudel, au Théâtre de la Ville à Paris, le 11 janvier 1976

Geneviève Page, gloire du théâtre qui incarna aussi au cinéma une tenancière de maison close de luxe recrutant Catherine Deneuve dans « Belle de jour » (1967), est décédée vendredi à Paris à l’âge de 97 ans, a annoncé à l’AFP sa petite-fille, la comédienne Zoé Guillemaud.

La comédienne, qui a marqué le théâtre classique et le cinéma en cinquante ans de carrière, est décédée à son domicile, a précisé la même source.

Dans « Belle de jour », de Luis Buñuel, Geneviève Page incarnait Mme Anaïs, femme mystérieuse qui met en relation dans sa « maison » des hommes souhaitant assouvir des fantasmes avec des femmes proposant des rendez-vous tarifés.

Auparavant, elle avait marqué l’âge d’or du Théâtre national populaire (TNP) sous l’ère de Jean Vilar, aux côtés de Gérard Philipe, Maria Casarès ou Philippe Noiret.Elle a été aussi l’un des piliers de la Compagnie Renaud-Barrault.

« On garde le souvenir attendri d’une somptueuse reine du théâtre égarée dans le film +Buffet froid+, blonde spectrale errant dans sa frêle combinaison noire, et qu’on aurait dit comme en deuil d’elle-même », a réagi auprès de l’AFP Gilles Jacob, ancien délégué général et président du festival de Cannes.

Née à Paris le 13 décembre 1927, Geneviève Bonjean (son vrai nom) est la filleule du couturier Christian Dior. Elle fait ses classes à la Comédie française, avant de rejoindre le TNP. 

En 1952, elle donne la réplique dans « Lorenzaccio » à Gérard Philipe. Six ans plus tard, Jean Vilar reconstituera le duo pour « Les Caprices de Marianne ». 

Aussi à l’aise en français qu’en anglais, la comédienne a été enrôlée plusieurs fois par Hollywood dans les années 50, en refusant toutefois de céder à toutes ses sirènes. 

Elle joue avec Robert Mitchum dans « L’Énigmatique Monsieur D. » (1956), il « empestait le pastis », dira-t-elle plus tard. George Cukor l’a dirigée dans « Le Bal des adieux » (1960), tandis que Billy Wilder l’a engagée pour « La Vie privée de Sherlock Holmes » (1970). 

Le cinéma français la rappelle, séduit par son jeu raffiné. En 1951, elle campe la Marquise de Pompadour dans « Fanfan la Tulipe » de Christian-Jaque où elle retrouve Gérard Philipe. 

En 1979, Bertrand Blier en fait une veuve nymphomane dans « Buffet Froid ».

En 2011, à l’âge de 84 ans, la comédienne joue « Britannicus » au théâtre, dans une mise en scène de Michel Fau.

Deux ans après, elle confie au Point : « Tout m’intéresse. C’est la curiosité qui fait survivre, et je me demande si demain je vivrai encore, ce qui à mon âge, est vraiment intéressant! ».

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