De la figuration à la gloire !
Le succès ne tombe pas du ciel. Seuls les efforts et la persévérance paient. Surtout lorsqu’on ne s’y attend (presque) plus. Avant d’être reconnues, des légendes du cinéma ont figuré dans de minuscules rôles.
Il faut parfois une patience et un courage inébranlables pour réussir dans sa passion. Le rôle ingrat et difficile du figurant a été pour nombre de stars une école utile qui leur a appris à être réactifs et inventifs. Presque une leçon de vie !
Non crédités
De grands mythes de l’écran sont passés par des phases difficiles en participant à des films où ils ne furent même pas crédités au générique et pour lesquels ils reçurent juste de «l’argent de poche». Marilyn Monroe a fugacement posé ses talons dans «L’Herbe verte du Wyoming» et la comédie «Bagarre pour une blonde», en 1948. Le charme n’a pas opéré non plus dès le début pour Audrey Hepburn, dont l’une des premières apparitions a eu lieu derrière le tablier d’une vendeuse de cigarettes, en 1951, pour «Rires au paradis».
De belles gueules masculines ont aussi mis du temps à percer. Il a fallu près de dix ans à Clint Eastwood, figurant dans «Francis dans la Marine» (1955) et «Madame de Coventry» (1955), avant de décrocher le rôle principal de la série «Rawhide», en 1959.
Les aventuriers de la gloire tardive
Harrison Ford a également dû ronger son frein. Et ne pas flancher. Un producteur hollywoodien – qui s’excusera ensuite avec un petit mot : «J’ai perdu mon pari !» – lui avait assuré qu’il ne réussirait jamais. Le débutant a connu vingt ans de figuration à la télé et au cinéma, au point de s’autoproclamer «le retardataire». «Mon premier rôle était un groom, en 1966 (dans «Un truand», de Bernard Girard, ndlr). Je donnais une note à James Coburn en disant : « Mr Jones ? Chambre 204 ? »», raconte le futur Indiana Jones. «J’avais 24 ans. J’étais sous contrat chez Columbia Pictures pour 150 $ par semaine. C’était ridicule !» La gloire ne se profilera qu’en 1981, à la quarantaine, avec «Star Wars, épisode V – L’Empire contre-attaque».
Sylvester Stallone n’atteint, lui, le haut de l’affiche qu’à 30 ans, grâce à «Rocky» (1976). Jusque-là, il aligne les figurations, dont une dans «Bananas» (1971) de Woody Allen qui, ne le trouvant pas assez menaçant pour un rôle de loubard, le remercie avant le tournage.
Défoncer les portes
«J’ai dit : « Allez vous faire f… ! » Et je suis parti», relate le futur Rambo sur Instagram. «Mais l’ami qui devait figurer avec moi m’a rattrapé. On a acheté de la vaseline dans une pharmacie, on l’a mise sur nos cheveux pour les graisser tout en nous barbouillant de crasse. On est revenus, j’ai dit à Allen en lui tapant sur l’épaule : «Est-ce que je t’intimide maintenant ?» Il a lancé : «OK, c’est bon !» Nous avons eu le rôle ! J’y vois une leçon importante : ne pas abandonner. Parfois, il faut défoncer une porte, parfois il faut grimper par une fenêtre, parfois il suffit de changer de présentation.»
L’audace ne lui réussira pas toujours. Un an plus tard, Stallone demande à Francis Ford Coppola de l’engager pour la scène du mariage dans le mythique «Parrain». Et se prend un «non» en pleine face. Il relèvera alors les gants…
Culot et effronterie
Un certain Brad Pitt a aussi usé de son culot. En 1987, il tourne en filigrane «Neige sur Beverly Hills» et «260 Chrono» avec Charlie Sheen. «C’était une scène de dîner. J’étais censé être serveur et verser du champagne dans son verre», confie le beau gosse à Collider. «Mais je voulais avoir une réplique, alors j’ai parlé : «Voulez-vous autre chose ?» L’assistant réalisateur a hurlé : «Si tu recommences, tu es viré !» Quatre ans plus tard, Brad se fait enfin remarquer dans «Thelma et Louise», dans la charmante peau d’un autostoppeur.
Un autre beau blond, figurant dès son enfance («Santa Barbara», «Roseanne», «Quoi de neuf, Docteur ?»), a refusé de s’en tenir à ce qu’on lui demandait de faire. Boudé durant un an par les castings, Leornardo DiCaprio prend le temps de réfléchir : «J’ai adopté une attitude différente. Je me suis dit que je ne devais pas me sentir dépendant de ce travail, que cela ne me définirait pas.» Libéré quant à ses objectifs, le héros de «Titanic» a pu superbement sortir la tête de l’eau.
Courir plus vite
Qu’elles soient figurantes juniors ou adultes, d’autres stars ont débuté bille en tête. Comme Kristen Stewart, fillette inconnue, mais magnétique, dans ses premières fictions («Le Garçon qui venait de la mer», 1999, «Les Flintstones : Viva Rock Vegas», 2000) ou Eva Mendès («Urgences», 1998), Eva Longoria («Beverly Hills 90210» et «Hôpital Central», en 2000) a attendu sereinement la chance jusqu’au succès de «Desperate Housewives» en 2004.
Ou n’ont rien planifié. À l’instar de Renée Zellweger, héroïne non créditée de «Génération rebelle» (1993), puis petit rôle dans «Massacre à la tronçonneuse : nouvelle génération» (1994), qui affirme à People : «Je n’ai jamais prévu d’être célèbre. Donc, rien de tel qu’une tronçonneuse en direct pour vous motiver à courir plus vite ! Moi, je me sentais simplement chanceuse d’être une figurante appréciée.» Et d’en tirer une certaine philosophie : «Grâce à la figuration, j’ai beaucoup appris sur le fonctionnement d’un plateau de tournage et surtout sur mes responsabilités en tant qu’interprète.»
Être figurant en Belgique
Rémunération
Selon la hiérarchie (figurant de masse – 500 personnes dans une salle de concerts ou un stade de foot -, figurant individuel – pour une scène dans un café avec deux ou trois personnes, silhouette – petite action en solo, comme un facteur sonnant à la porte -, silhouette parlante, avec réplique – serveur de restaurant : «S’il-vous plaît, Madame !»), les rémunérations peuvent osciller entre 30 et 350 €, la moyenne étant souvent de 50 €.
Job ou métier ?
Il faut savoir que ce job fait rarement vivre. «Quand on est étudiant en art dramatique, quelques figurations permettent de se créer des relations. Mais on risque d’être étiqueté figurant et pas comédien», explique Hugues Hausman, dessinateur, acteur, scénariste et réalisateur belge. «Certains font de la figuration ou de petits rôles à temps plein et en sont heureux. Mais pour percer, il faut d’autres ambitions. Je fais parfois de petites prestations surtout pour le plaisir de bosser avec des pointures comme Depardieu (dans «La Marque des Anges») ou Michael Caine (dans «Mr Morgan’s Last Love») !»
À prévoir pour un tournage
- Il est bien d’avoir à portée de main deux photos récentes (un portrait, une photo en pied) et une fiche détaillant la couleur de cheveux, des yeux et les mensurations (taille, pointure, etc.).
- Pour des films contemporains, il est souvent demandé de venir avec ses propres vêtements (et une parure alternative), aux teintes discrètes afin de ne pas détourner l’attention.
- Il est préférable d’avoir des cheveux non teints ou non méchés, cela posant notamment un problème pour les films d’époque.
- La flexibilité est de rigueur : patienter entre deux prises, commencer ses journées très tôt et finir très tard, supporter les contraintes (météo, températures élevées en studio), suivre les directives, rester discret et silencieux sur le plateau, etc.
Où trouver les annonces ?
Sur Internet pour des tournages en Belgique ou en France avec des acteurs européens ou internationaux.
- https://casting7.com/annonces
- www.cinergie.be
- www.becasting.be
- https://99casting.com/fr/castings.php
- Sur Facebook : Les Figurants Associés
Cet article est paru dans le Télépro du 11/05/2023.
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