De chouettes rôles leur sont passés sous le nez : à leurs actes manqués !
De beaux personnages ont fait d’eux des acteurs et actrices emblématiques. Mais les rôles qui leur collent aujourd’hui à la peau auraient pu leur passer sous le nez.
Dans le monde de la fiction, tout(e) comédien(ne) est à la recherche du personnage qui l’inscrira au panthéon artistique et lui ouvrira les portes de la gloire. Mais au cours de leur carrière, bien des candidats aux castings n’auraient pu présager de la tournure qu’allaient prendre certaines de leurs (més)aventures…
Cas d’école
Harrison Ford, jeune acteur, vit nombre de premiers rôles pour lesquels il avait auditionné, partir à ses concurrents. Candidat pour «Le Lauréat» (1967), il passa son tour au profit de Dustin Hoffman, puis fut écarté de «Macadam Cowboy», figure finalement attribuée à Jon Voight.
Harrison dut attendre son heure jusqu’à «Star Wars» et le mythique Han Solo. Cette fois, il eut une petite revanche en passant devant Kurt Russell qui n’eut pas la patience d’attendre les résultats des essais. «J’étais parmi les favoris, mais je devais donner une réponse pour un téléfilm», confie Kurt à USA Today. «Alors, je suis parti tourner ce western…»
La revanche de Ford
Ford profita du même genre d’occasion au début des années 1980 quand Tom Selleck, en lice pour le légendaire «Indiana Jones» (1981), dut décliner l’offre : on l’attendait sur le plateau de la série-culte «Magnum». Ironie du sort, le tournage, perturbé par une grève des scénaristes, ne démarra pas tout de suite et aurait pu lui laisser le temps d’incarner Indy. Mais ce cher Harrison fut à nouveau gâté par le destin et coiffa le feutre élimé du fameux archéologue.
Pas touche à mon rôle
L’acteur fusionna si fort avec ce héros qu’au fil du temps, il refusa de le céder à de jeunes comédiens, dont Chris Pratt et Bradley Cooper ! Quand, à l’annonce du tournage d’un cinquième volet des tribulations du Dr Henry Walton «Indiana» Jones Jr, l’interprète a lancé : «Personne ne sera Indiana à part moi ! Quand je partirai, il disparaîtra avec moi !» Déjà en 2008, le bougre avait failli s’écharper avec Shia LaBeouf, annoncé comme pouvant être le protagoniste d’«Indiana Jones et le crâne de cristal», et avait répliqué : «Le chapeau d’Indy est à moi, si Shia en veut un, qu’il aille le chercher ailleurs !»
Harrison est soutenu par le producteur de la franchise, Garry Marshall, décidé à ce que celle-ci s’arrête après la retraite de la star : «Avoir renouvelé régulièrement l’interprétation avec de nouveaux acteurs a permis à 007 de rester jeune. Ici, on a vu le héros vieillir. Impossible de revenir en arrière et de rajeunir Indiana Jones !»
Chacun sa chance
Autre personnage populaire à avoir connu des soucis : «Forrest Gump» (1994). Magistralement interprété par Tom Hanks, l’un des héros les plus lucratifs du cinéma américain (5 Oscar, 1 milliard $ de recettes dans le monde) avait d’abord été proposé à Chevy Chase, puis Bill Murray, tous deux jugés trop «comiques» pour camper un naïf attendrissant.
Le registre fut offert à John Travolta dont la candeur dans «L’Enfant Bulle» (à ses tout débuts) avait bouleversé le public. L’acteur, alors au creux de la vague, préféra dire oui à un certain Quentin Tarantino pour «Pulp Fiction». Choix inspiré puisque ce film décalé relança efficacement sa carrière, tandis que Hanks put dévoiler des facettes de son jeu jusqu’ici inconnues et décrocha la statuette dorée.
Sacrés tremplins
En France aussi, des rôles-cultes ont permis à des artistes d’étonner et de marquer le public. À l’été 1980, la scénariste Danièle Thompson, le cinéaste Claude Pinoteau et la célèbre directrice de casting parisienne, Françoise Ménidrey, sélectionnent des ados, si possible non-professionnels, pour «La Boum» (1980). Ils trouvent tous leurs personnages, sauf le premier rôle : Vic. La jeune Emmanuelle Béart leur paraît trop fleur bleue, la très verte Cristiana Reali n’a pas l’assurance requise… Dans les derniers jours des essais arrive une certaine Sophie Maupu, à la recherche d’un job de vacances ! La candidate décrochera la timbale, changera de nom et deviendra Sophie Marceau, grande star française.
Vanessa dans «Noce blanche»
En 1989, un événement également impromptu, plus sombre cette fois, donnera à une chanteuse décriée, Vanessa Paradis, l’occasion de montrer qu’elle n’est pas une idiote. Jean-Claude Brisseau prépare «Noce Blanche» (1989), drame dont il compte donner le premier rôle à Charlotte Valandrey, révélation du sulfureux «Rouge Baiser». Hélas, cette dernière apprend qu’elle est séropositive. La production recule. Le réalisateur s’en expliquera plus tard : «Cela m’inquiétait, mais m’encourageait aussi, par bravade, à garder Charlotte. La seule chose que j’exigeais était une cure d’amaigrissement. Son médecin répliqua aussitôt « Ne la prenez pas ! » me signifiant que je mettais sa vie en danger. J’ai accepté de voir Vanessa Paradis. Elle était le personnage, c’était évident. Il ne s’agissait pas de séropositivité, mais d’un choix cinématographique.»
Décisions cruciales
Valandrey, dévastée, dira au Parisien : «J’ai tellement attendu qu’on vienne me chercher… Si j’avais fait «Noce Blanche», je n’aurais pas eu la même carrière. (…) Mais l’aigreur, la haine, ça bouffe beaucoup trop d’énergie.»
Vanessa Paradis décroche ensuite le César du meilleur espoir féminin en 1990. Toutefois, elle va aussi manquer, à son tour, de belles opportunités. Selon le biographe Hugues Royer : «À l’époque, elle reste sourde aux propositions de Bertrand Blier et Pedro Almodovar (…) En 2000, elle refuse «Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain» (2001).» Priorité à son couple et à sa vie de jeune mère ! C’est Audrey Tautou qui en hérite. Avec bonheur.
Pas prête ou pudique…
Claire Danes a failli être Rose dans «Titanic» (1997). Déjà partenaire de Leonardo DiCaprio pour «Romeo + Juliet» (1996), elle s’est dérobée : «Je n’étais pas prête pour un nouveau duo avec lui. C’est tout. Pas de regrets.»
La pudeur intervient aussi dans les décisions. Emilia Clarke, déjà dénudée dans «Game of Thrones», n’a pas souhaité l’être dans «Cinquante nuances de Grey» (2015) : «J’avais dépassé mon quota !» Lucy Hale préfère, elle aussi, laisser le rôle à Dakota Johnson : «Une telle audition, très peu vêtue devant toute une équipe, ça me faisait peur !»
Trop ou pas assez
Certaines, pas assez sexy, trop ou pas assez matures, ratent le coche. Meryl Streep, balayée et remplacée par Jessica Lange dans «King Kong» en 1976, raconte : «Le fils du producteur Dino De Laurentiis m’a présenté son père. Il a lancé en italien, langue que je comprenais : «Pourquoi m’apportes-tu cette chose horrible ?». La future multi-oscarisée s’est dit désolée de ne pas être assez bien pour un grand gorille !
L’âge est aussi un détail… de taille
Tiffani-Amber Thiessen («Sauvés par le gong», 1989) a auditionné en vain pour le rôle de Rachel Green de «Friends» (1994), attribué à Jennifer Aniston : elle était trop jeune. Olivia Wilde, elle, a vu Margot Robbie ravir le rôle dans «Le Loup de Wall Street» : «On me trouvait trop sophistiquée, donc trop vieille !»
Ne chipotons pas
Les acteurs ont également quelques dilemmes, hésitations ou postures étranges. Une incompatibilité d’humeur a dissuadé Will Smith de briller dans «Django Unchained» (2012). Jamie Foxx a pris la part du gâteau. Argument de Smith : «Le réalisateur Quentin Tarantino et moi ne pouvions pas accorder nos violons. Un héros qui apprend à tuer pour récupérer sa femme, devenue esclave, m’indisposait. Je ne pouvais pas admettre le fait que la violence soit la réponse proposée par le récit. Pour moi, c’est l’amour qui devait être la réponse.»
Quant à Tom Cruise, sollicité pour le cultissime «Edward aux mains d’argent» (1990), a été hyper pointilleux. «Il voulait savoir comment Edward allait aux toilettes», se souvient le cinéaste Tim Burton. «Tom posait des questions auxquelles il m’était impossible de répondre !» Cruise a quitté le projet. Johnny Depp peut aujourd’hui le remercier : ce rôle en argent, voire en or, l’a mis sur orbite.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 07/01/2021
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