Dans une université belge, Taylor Swift au programme d’un cours de littérature

La star de la pop américaine Taylor Swift à Inglewood, en Californie, aux Etats-Unis, le 7 août 2023 © AFP/Archives Michael Tran

La méga-star de la pop américaine Taylor Swift s’invite dans un cours de littérature d’une université belge, où seront décortiquées les références de ses textes et proposées des connexions inattendues, de « Gatsby le Magnifique » aux soeurs Brontë.

Pour Elly McCausland, professeur assistante à l’Université de Gand, les paroles composées par la chanteuse de 33 ans, outre leurs propres qualités stylistiques, sont une porte ouverte pour se plonger dans les chefs-d’oeuvre de la littérature anglo-saxonne et leurs thématiques.

Selon l’enseignante de littérature anglaise, on peut par exemple s’appuyer sur des titres comme « The Man » pour explorer le féminisme, ou s’intéresser à la figure de l’anti-héros grâce au morceau « Anti-Hero » (dans son album de 2022, « Midnights »).

Elle-même fan de longue date de l’auteur-compositeur à la célébrité planétaire, Mme McCausland a imaginé il y a quelques mois ce programme d’études en écoutant la chanson « The Great War ».

« La façon dont elle recourt à la guerre comme métaphore d’une relation, cela m’a un peu dérangée mais cela m’a surtout fait penser au poème de Sylvia Plath, +Daddy+, qui fait la même chose et dont la lecture suscite aussi le malaise », a-t-elle expliqué à l’AFP.

L’universitaire insiste d’emblée: le cours qu’elle propose, intitulé « Literature (Taylor’s Version) » et destiné aux étudiants de master, vise avant tout à rendre la littérature « plus accessible », et « il ne s’agit pas de créer un fan-club » de la chanteuse.

« L’objectif est d’amener les étudiants à réaliser que la littérature anglaise n’est pas un tas de vieux livres écrits il y a longtemps et prenant la poussière dans une bibliothèque, mais que c’est une chose vivante, qui respire et qui évolue continuellement », jusqu’à inspirer la musique pop d’aujourd’hui, souligne-t-elle.

Dans le cours concocté par Elly McCausland, les paroles de Taylor Swift sont « une passerelle » vers la lecture des géants de la littérature britannique: William Shakespeare, Charlotte Brontë (« Jane Eyre »), Geoffrey Chaucer (les « Contes de Canterbury ») ou William Thackeray (« Barry Lyndon » ou « La Foire aux vanités »).

On peut également voir dans ses chansons des références à des écrivains aussi divers que le romancier anglais Charles Dickens ou la poétesse américaine Emily Dickinson, et tresser des parallèles avec le style des poètes britanniques romantiques du début XIXe siècle.

– Amour des mots –

Lors d’un entretien avec le chanteur des Beatles, Paul McCartney, publié en 2020 par le magazine américain Rolling Stone, Taylor Swift s’épanchait sur son amour des mots et de l’écriture, racontant comment, en pleine pandémie, elle lisait « plus qu’elle ne l’avait jamais fait » — se plongeant notamment dans le « Rebecca » de Daphné du Maurier.

La popularité du cours semble au rendez-vous, Mme McCausland ayant même reçu des demandes d’inscription d’étudiants extérieurs à l’université flamande, y compris via son compte Instagram.

Mais son projet a également suscité des vagues de commentaires critiques en ligne, s’interrogeant sur la nécessité d’introduire Taylor Swift dans un cursus universitaire de lettres, et plus encore au niveau du master.

Pour Elly McCausland, cela rappelle la controverse déclenchée en 2016 par l’attribution du prix Nobel de littérature à Bob Dylan, auteur-compositeur-interprète lui aussi pétri de références livresques.

L’initiative de l’université de Gand intervient alors que Taylor Swift, qui avait sorti son premier album dès 2006, a vu sa carrière atteindre cette année de nouveaux sommets avec son « Eras Tour » (plus de 100 concerts), une tournée mondiale qui pourrait dépasser la barre du milliard de dollars de recettes.

La chanteuse américaine est devenue en juillet, avec son dernier opus « Speak Now (Taylor’s Version) », l’artiste féminine ayant le plus grand nombre d’albums numéro 1 des ventes, détrônant Barbra Streisand avec douze albums ayant été en tête du Billboard, classement de référence.

Si le cours de Mme McCausland est sans doute une première en Europe continentale, des programmes similaires ont déjà émergé outre-Atlantique et au Royaume-Uni: le Clive Davis Institute de l’Université de New York avait lancé l’an dernier l’un des premiers cours axés sur la chanteuse, et l’université Queen Mary de Londres proposait en juillet une session d’été sur « Taylor Swift et la littérature ».

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