Daniel Johnston, la pop contre les démons intérieurs, s’est éteint à 58 ans
Objet de culte dans le milieu rock alternatif, l’auteur-compositeur et dessinateur américain Daniel Johnston, est mort mercredi à 58 ans, a indiqué à l’AFP son frère et manager Dick Johnston.
Il a bâti en près de 40 ans un univers poétique unique, habité par les utopies enfantines, la difficulté de communiquer et l’amour perdu.
L’énigmatique auteur-compositeur-interprète et artiste plasticien avait fait des allers-retours à l’hôpital ces derniers mois pour des problèmes liés à ses reins, a déclaré Dick Johnston, mais sa mort était selon lui « inattendue ». « Pas plus tard qu’hier, son moral était bon (…) il avait l’air et se sentait vraiment bien », a-t-il précisé.
Les Beatles, le super héros de BD Captain America, Casper le fantôme ou encore King Kong figuraient parmi les héros récurrents de ses compositions souvent artisanales, entre pop et country, alliant avec brio puissance mélodique et dramatique.
Marqué à la fois par une éducation très puritaine et la « pop culture », Daniel Johnston s’est battu pendant des années contre un syndrome maniaco-dépressif, portant un regard à la fois aigu et naïf sur le monde à travers de petites histoires souvent tragiques, mais exemptes de cynisme, qui évoquaient un journal intime.
– Sens unique de la mélodie –
Né en 1961 à Sacramento (Californie), passionné dès le plus jeune âge par le dessin, mais aussi le piano, puis la guitare, il enregistre dès l’adolescence ses propres compositions sur des cassettes qu’il échange avec d’autres amis musiciens.
Après le lycée, il consacre une bonne partie de son temps à dessiner, développant un style très proche de la bande dessinée, et à composer.
De « Never relaxed », à « Phantom of my own opera » en passant par « Like a monkey in a zoo », le caractère artisanal des cassettes intitulées « Songs of Pain », réalisées en 1980 (et tout récemment rééditées en CD), met en exergue un sens unique de la mélodie et de l’écriture.
En 1983, le musicien suit pendant plusieurs mois un carnaval itinérant, avant de s’installer à Austin (Texas), où ses cassettes « Hi, How are you? » et « Yip/Jump Music » (dont les chansons « Speeding Motorcycle » et « Casper, the friendly ghost ») en font une célébrité locale.
En 1985, son étrange voix fluette et son toucher de piano inimitable, avec changements impromptus de tempo, sont propulsés sur le devant de la scène alternative à la suite d’un reportage de la chaîne MTV.
Les groupes Sonic Youth, Yo La Tengo, The Pastels ou encore Kurt Cobain figureront parmi ses nombreux admirateurs. Une vingtaine d’entre eux (Teenage Fan Club, Beck, Mercury Rev, Calvin Johnson…) lui rendent d’ailleurs hommage dans un double album de reprises en 2004.
Après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique à la fin des années 80, Daniel Johnston est accueilli par le label indépendant Shimmy Disc, qui lui ouvre les portes de la scène internationale. Daniel Johnston enregistre avec Jad Fair, chanteur et guitariste de Half-Jamanese (« It’s Spooky »), puis deux albums studios, « 1990 » et « Artistic Vice » (1992). Sa cote auprès de la critique lui permet de signer en 1994 avec la « major » Atlantic, qui publie le bouleversant « Fun ».
Après une longue période à nouveau perturbée par ses problèmes de santé, Johnston revient en 2001 avec l’album « Rejected Unknown », puis en 2003, avec « Fear Yourself ».
Il y a deux ans, l’artiste a fait une tournée, qui aura été sa dernière.
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