Cyril Hanouna, spécialiste du clash, à nouveau dans le viseur du régulateur de la télé française

L'animateur Cyril Hanouna en septembre 2021 à Paris © AFP/Archives JOEL SAGET

Après les récentes injures de Cyril Hanouna envers un député LFI, qui risquent de valoir à C8 une sanction, le régulateur des médias a mis en demeure vendredi la chaîne pour les propos en octobre de son présentateur vedette sur l’affaire Lola.

La mise en demeure est, après la mise en garde, le deuxième niveau d’avertissement de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) avant de possibles sanctions.

En cas de récidive, l’Arcom peut décider de sanctions, comme la suppression d’une tranche de publicité, la lecture d’un communiqué d’excuses lors d’un journal télévisé ou une amende qui peut aller jusqu’à 3% du chiffre d’affaires.

Sollicitée par l’AFP, C8, chaîne du groupe Canal+, détenu par Vivendi, n’a pas souhaité commenter.

En cause selon le régulateur, des propos tenus en octobre par l’animateur sur le plateau de son émission « Touche pas à mon poste » (TPMP) sur le meurtre de la jeune Lola « alors que l’instruction judiciaire relative à cette affaire était ouverte », selon un communiqué publié vendredi par l’Arcom.

L’autorité indique avoir été « saisie à de nombreuses reprises à la suite de plusieurs séquences de l’émission +Touche pas à mon poste+ », et que ces séquences, par « leur caractère répétitif, traduisent un manquement de l’éditeur à l’obligation de traiter avec mesure une affaire judiciaire en cours ».

Cyril Hanouna « a tenu de façon répétée des propos relatifs tant aux conditions dans lesquelles le procès de la personne mise en examen devait se tenir et à son issue ».

« Il a en particulier appelé à plusieurs reprises à des procès expéditifs et à des condamnations à perpétuité automatiques dans de tels cas », souligne l’Arcom.

Amende de 3 millions en 2017

L’autorité constate également « que l’animateur a pu longuement exprimer son opinion sans qu’une contradiction rapide et efficace ne lui soit opposée », contrevenant ainsi à « l’obligation de respecter l’expression des différents points de vue à l’antenne sur un sujet prêtant à controverse ».

Les circonstances de la mort de Lola, 12 ans, et le profil de la suspecte, de nationalité algérienne et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), avaient provoqué de vives critiques à droite et à l’extrême droite.

Quatre jours après la mort de la fillette, Cyril Hanouna avait suscité la polémique en prenant position sur ce dossier.

« Si on a toutes les preuves, c’est perpétuité direct. Je suis désolé. Il n’y a pas d’altération ni de non-discernement », avait-il déclaré le 18 octobre sur le plateau de TPMP, émission locomotive des audiences de C8.

« C’est le genre de cas où, fou ou pas fou, elle doit être en prison. Elle ne doit pas être soignée », avait poursuivi l’animateur.

« Pas consciente de ses actes? C’est une loi qui doit être révisée aussi. (…) Entendre ce discours en France, j’en peux plus de ça, c’est insupportable et les lois doivent changer », avait-il conclu.

Interrogé sur la prise de position de l’animateur, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti l’avait qualifié de « négation de l’Etat de droit ».

Cyril Hanouna est aussi sous les projecteurs pour avoir insulté en direct le 10 novembre dans son émission le député Insoumis Louis Boyard, ancien chroniqueur de TPMP.

« Abruti », « tocard », « bouffon », « t’es une merde »: l’animateur avait abreuvé d’injures le jeune député qui venait d’accuser les « cinq personnes les plus riches » de France d' »appauvrir l’Afrique », dont le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+ et proche de Cyril Hanouna.

Une semaine après cette saillie, l’Arcom a annoncé jeudi étudier la possibilité d’une procédure de sanction en transmettant ce nouveau cas à un rapporteur indépendant, membre du Conseil d’Etat.

Expert des clashs rémunérateurs en audiences, Cyril Hanouna a déjà valu à sa chaîne de nombreux avertissements et sanctions, dont la plus lourde jamais prononcée à l’encontre d’une chaîne, une amende de 3 millions d’euros pour un canular jugé homophobe diffusé dans une autre émission de Cyril Hanouna en mai 2017.

Ce même canular avait entraîné un déluge de plaintes sans précédent auprès du régulateur, qui avait du coup enregistré un nombre record de signalements en 2017.

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