Coups de folie !
Charismatiques, riches, gâtées par le destin, les stars semblent vivre un rêve. Jusqu’au grain de sable dans les rouages : soudain, les paillettes se ternissent, les actes sont insensés. Et nous font peur.
Notoriété, pouvoir, argent ne sont pas des cadeaux, mais des fardeaux pour certains artistes et têtes couronnées. Secoués par un statut hors normes, ils changent tout à coup, affichant un comportement stupéfiant. Kanye West, chanteur et businessman comblé, qui brigue la Maison Blanche, a fondu en larmes dès son premier meeting. D’autres, tels le prince Harry et Meghan Markle, ont choisi de faire le chemin inverse : quitter le plus haut des échelons pour mener une autre vie. Quant aux vedettes au succès fulgurant, certaines ont soudainement perdu le contrôle de leur existence. Et d’elles-mêmes ! La célébrité rendrait-elle dingo ?
Ne blâmez pas l’opportuniste
«Je n’étais pas un prince, j’étais juste Harry», confia un jour le duc de Sussex, après son service militaire où, installé dans de modestes baraquements, il découvrait un quotidien sans faste avec des potes de tous horizons. Si depuis le «Megxit», des voix critiquent sa jeune épouse Meghan la taxant de calculatrice assoiffée de gloire qui aurait tout planifié avant son mariage afin d’«arracher» son époux à un monde trop strict pour elle, il semble que se soustraire aux harnais de la famille royale soit une idée née voici longtemps. L’envol du couple ne serait pas dû à l’opportunisme de l’ex-actrice américaine ou à un coup de tête, mais à un ras-le-bol des exigences de la célébrité de la part des deux tourtereaux. Comme l’analyse Melanie Bromley, spécialiste en royauté : «Meghan Markle a été essentielle pour permettre à Harry de rechercher la vie à laquelle il a toujours aspiré sans oser le confier à qui que ce soit : une existence normale, sans protocole lourd, sans comptes rendus officiels. Le jeune homme avait besoin de rencontrer quelqu’un qui savait à quoi ressemblait la réalité, loin du pouvoir».
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Très jeunes victimes
L’un de ses compatriotes, l’acteur britannique Robert Pattinson, note d’ailleurs à propos de cette existence sous les projecteurs, vécue par des princes, des politiques, des musiciens ou des comédiens : «J’ai vu beaucoup de gens confrontés à la célébrité devenir fous très rapidement. C’est effrayant de voir à quelle vitesse ils sont désorientés ! Dévorés par une image publique qui envahit leur sphère privée, ils n’ont plus de repères.» La perte d’anonymat et de tranquillité est survenue très tôt pour lui aussi, comme pour de nombreux artistes que le talent a hissés au firmament dès l’adolescence. Demi Lovato (27 ans), ex-enfant star de Disney Channel, a été en proie à une crise de nerf lors d’une tournée-marathon avec les Jonas Brothers, un soir de 2010, alors qu’elle n’avait que 18 ans. Elle a ensuite rejoint un centre pour y soigner sa santé mentale durant un an.
Emprisonnée par la gloire
Son homologue Britney Spears, pour sa part, paie encore aujourd’hui le prix du succès. En 2019, la chanteuse a annoncé se retirer de la vie publique, le temps de soigner, elle aussi, son équilibre mental. Adulée depuis les années 1990, la popstar n’a jamais pu gérer le raz-de-marée suite à sa notoriété. «Je me sens emprisonnée par la gloire», dit-elle. Épuisée, Britney chavire, se rase les cheveux en 2007 comme si elle voulait échapper à son statut. En 2008, on la met sous tutelle. Son père devient son conservateur juridique, contrôle ses finances et même certains aspects de sa vie privée.
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Quête affective
La plupart de ces artistes ont pourtant souhaité être connus et conquérir le public. Aussi, pourquoi un tel paradoxe entre l’attrait puis le rejet de la notoriété ? Une majorité d’entre eux portent une faille qu’ils tentent de combler par l’amour de milliers de gens : abandon dans l’enfance, mort d’un parent, noyau familial instable ayant perturbé leur confiance en eux. Le psychiatre Éric Corbobesse et le psychanalyste Laurent Muldworf, auteurs de «Succès damné» (éd. Fayard, 2011), interrogés par Claire Chartier pour l’Express, expliquent : «Le désir de notoriété s’ancre souvent dans une volonté de quête affective, de revanche sociale ou de réparation identitaire. Beaucoup de stars ont connu des accidents de la vie : Madonna et Bono ont perdu leur mère dans l’enfance, Johnny a été abandonné par son père. Tous puisent dans ces failles l’énergie nécessaire pour devenir célèbres.»
Pièges multiples
Mais après avoir réussi à construire un concept artistique qui les dépasse, celui-ci peut être pénible à gérer : «C’est un traumatisme psychique qui sidère la personne : elle se retrouve dans une expérience si intense et rapide qu’elle ne peut plus penser, perd le contact avec le réel et ne s’appartient plus. La célébrité est habitée par deux personnes qui se nourrissent l’une l’autre. On peut devenir « accro » à sa propre image ou finir par détester ce « moi opposé ». (…) Et lorsqu’on a le monde à ses pieds, que tout devient possible, le vide grandit. Plus il grandit, plus il faut le remplir.» Chacun lutte alors comme il peut : caprices, excentricités, drogues, alcool. La boisson a ainsi submergé Ben Affleck dès le succès du film «Will Hunting» : «Le succès est une sorte d’accident de voiture. Tout le monde vous tourne autour sans qu’on puisse faire quoi que ce soit. Tout a échappé à mon contrôle. J’étais un inconnu et je suis devenu une machine à faire de la publicité. Je ne m’aimais pas beaucoup».
Dérapages en haut lieu
D’autres personnalités poussent le bouchon encore plus loin, voulant toujours plus, tel Kanye West. Le 4 juillet dernier, il a officialisé sa candidature à la présidence des USA en 2020. Mais le public se demande à quel point il est sérieux, sachant que le rappeur a lui-même avoué être atteint de troubles bipolaires (changements rapides, étranges et intempestifs de l’humeur ou du comportement). En France, l’humoriste Jean-Marie Bigard vise aussi le pouvoir suprême pour 2022 et se lâche dans ses discours : «J’ai entendu dire que j’allais jeter l’éponge. Pas du tout, je suis ravi de faire peur à cette bande d’enc… Être l’épouvantail de ces connards me plaît énormément. C’est bien d’avoir quelqu’un qui parle simplement, avec son cœur, non ? Je suis un peu vulgaire, mais on comprend ce que je dis.» Certes.
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Dangereuse fragilité
Bigard a-t-il demandé le concours de conseillers en communication ou de ses proches ? Il semble que non. Pourtant, amis et familles sont les seuls à pouvoir jouer les garde-fous. Depuis la mort de son mari et mentor, René Angélil, et de sa mère Thérèse, Céline Dion semble à la dérive. Multimilliardaire, la diva n’a pourtant pas tout pour être heureuse. Amaigrie, elle tente de donner le change en continuant de sourire et s’imposant en icône de mode excentrique. Mais ses fans sont inquiets. Céline a voulu les rassurer l’an passé en déclarant : «C’est vrai, je suis un peu plus mince. Mais tout va bien. Je prends des cours de ballet quatre fois par semaine. J’aime bouger et la perte de poids vient avec. Je me sens forte, plus belle, plus ancrée, plus mature.» Hélas, les jours heureux où elle gérait sa carrière planétaire en couple lui manquent indéniablement. Comme confié dans une autre interview : «J’ai été la femme la plus chanceuse du monde parce que je suis sortie avec le meilleur homme du monde. Vais-je aimer à nouveau ? Je suis amoureuse de ma vie, de mes enfants, de mon travail !» Cependant, affronter la gloire en solitaire peut fragiliser tout être humain…
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