Corée du Sud: la star de BTS Jin rejoint l’armée et marque la fin d’une ère
Jin, l’aîné du groupe phénomène BTS, commence mardi son service militaire obligatoire en Corée du Sud, laissant des millions de fans abattus et l’industrie de la K-pop dans le doute quant à l’avenir de la boys band.
Premier groupe sud-coréen à dominer les charts américains et britanniques, plusieurs fois nommé aux Grammy Awards, fort d’une communauté de fans mondiale… BTS a généré plusieurs milliards de dollars de revenus depuis ses débuts en 2013.
L’annonce en octobre de l’enrôlement de Jin dans l’armée avait acté la séparation, du moins temporaire, du septuor aux plus de 30 milliards d’écoutes sur Spotify.
En Corée du Sud, le service militaire est obligatoire pour tous les hommes valides, pour une durée minimale de 18 mois. Tous les membres de BTS s’y soumettront.
Jin, de son nom complet Kim Seok-jin, effectuera ses classes pendant cinq semaines avant d’intégrer une unité « en première ligne », c’est à dire près de la frontière avec la Corée du Nord.
Des centaines de journalistes et de fans de BTS se massaient mardi à l’entrée du camp d’entraînement de Yeoncheon, à 40 km au nord de Séoul, en attendant l’arrivée de leur idole.
« Nous avons des sentiments mitigés aujourd’hui parce que d’un côté, c’est normal qu’il s’enrôle parce que c’est une obligation de toutes façons pour tout Coréen », déclarait Véronique, une fan de 32 ans originaire d’Indonésie. « Mais d’un autre côté, nous ne pourrons pas le voir pendant au moins 18 mois… Je suis heureuse mais aussi triste, et fière, quelque chose comme ça. »
Jin intègre l’armée dans un contexte de relations intercoréennes tendues, après une série record d’essais d’armements de Pyongyang ces derniers mois.
Le label de BTS, Big Hit Music, a demandé aux fans de Jin de ne pas se rendre mardi à la cérémonie d’incorporation du chanteur, qui est réservée aux familles.
Les adorateurs du boys band, surnommés la « BTS ARMY », sont sous le choc depuis la révélation en juin de la rupture du groupe. Il pourra se reformer vers 2025, une fois que tous ses membres auront servi sous les drapeaux.
« C’est vrai qu’il y a beaucoup de fans qui ont passé leurs journées à pleurer », a confirmé à l’AFP un fan sud-coréen du groupe, connu sous le pseudonyme @5heterotopia sur Twitter.
Des exemptions sont accordées à quelques athlètes d’élite, comme les médaillés olympiques, ou à des musiciens classiques. Mais pas aux pop stars.
Exception
BTS avait déjà bénéficié d’une révision de la loi de conscription qui repoussait l’âge limite d’enrôlement de 28 à 30 ans pour certains artistes.
Jin, membre le plus âgé du groupe, a fêté ses 30 ans le 4 décembre. La séparation du boys band avait donc été réfléchie en fonction de cette obligation, selon des spécialistes. Mais le doute plane quant à l’avenir du fleuron de la K-pop: malgré son incroyable popularité, survivra-t-il à ce hiatus?
« Pour l’industrie de la K-pop, la retraite de BTS va être un gros problème », explique à l’AFP le professeur de communication à l’université Kyung Hee, Lee Taek-gwang. « Pendant leur absence, ils pourraient perdre l’intérêt du public et la baisse de leur popularité nuira à leurs affaires. Ce ne sera pas facile pour le boys band de se réunir après leur enrôlement », a-t-il ajouté.
Mais BTS fera exception, estiment des experts comme Lee Ji-young, spécialiste de BTS et professeure à l’Université des études étrangères de Hankuk.
Le septuor « a obtenu un tout autre niveau de popularité, d’influence et de crédibilité » et « ne sera pas oublié », prédit-elle.
En plus de neuf ans, beaucoup considèrent que BTS a fait davantage que n’importe quel diplomate ou célébrité pour le rayonnement culturel mondial de la Corée du Sud.
Le groupe a représenté son pays aux Nations unies et rencontré Joe Biden à la Maison Blanche. Il est aussi l’ambassadeur officiel de la candidature de Busan pour l’organisation de l’Exposition universelle 2030.
Première ligne
Pas suffisant toutefois pour échapper au service militaire. Une proposition de loi pour en exempter BTS avait bien été rédigée, mais elle n’a jamais franchi les portes du Parlement.
« En Corée du Sud, le service militaire est un marqueur d’égalitarisme », explique Lee Taek-gwang.
L’affectation de Jin près de la frontière avec la Corée du Nord revêt, elle aussi, une dimension symbolique, selon la maîtresse de conférences en médias et musique à l’université Macquarie, Sarah Keith.
« Cela montre le rôle de la culture, et de l’opinion publique, dans le façonnement des relations internationales. Ce rôle à la frontière est-il un rôle de combat, ou de relations publiques et médiatiques ? »
Lundi, Jin a posté une photo de lui dévoilant sa nouvelle coupe de cheveux militaire sur le réseau social sud-coréen WeVerse, avec en légende: « C’est plus mignon que je ne l’imaginais! ».
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