Comédien(ne)s : à leurs actes manqués !
Actrices et acteurs n’ont pas toujours le beau rôle parce qu’ils le laissent s’échapper. Et, parfois, ils le regrettent…
Nombre de films culte seraient difficiles à imaginer sans les rôles tenus par les stars devenus aussi mythiques qu’eux. Et pourtant, dans «Titanic» (1997), c’est Gwyneth Paltrow et Matthew McConaughey qui auraient dû déployer leurs bras à la proue du navire. Michelle Pfeiffer aurait pu se mesurer à l’une des figures les plus terrifiantes du cinéma, Hannibal Lecter, dans «Le Silence des agneaux» (1991). Vanessa Paradis à qui a été proposé «Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain » (2001), aurait connu une gloire mondiale. Quant à John Travolta, peut-être regrette-t-il encore de ne pas avoir ouvert la boîte de chocolats de «Forrest Gump» (1994), à l’instar de Bruce Willis qui n’a pas voulu faire de la poterie dans «Ghost» (1990) ! Aujourd’hui encore, des stars font l’impasse sur des pépites…
Question de timing
Les rôles prometteurs ratés le sont parfois à cause d’un agenda serré. Celui d’Emma Watson l’a empêchée de jouer la jolie Mia dans le magnifique «La La Land» (2016), personnage finalement incarné par Emma Stone, oscarisée pour sa prestation. Au même moment, il lui fallait se consacrer au rôle de Belle dans «La Belle et la Bête» (2017). «Un film comme ça, c’est trois mois de préparation et quatre mois de tournage !» Selon l’entourage du réalisateur de «La La Land», Emma Watson, et Miles Teller, d’abord approché pour être Sebastian, auraient été trop exigeants. D’après le New York Post, «le film n’aurait pas été assez bien pour elle…» Toujours est-il qu’aujourd’hui, les comédiens en veulent encore à leurs agents de ne pas leur avoir décroché ces rôles !
Au nom du féminisme
L’ex-Hermione de «Harry Potter» avait déjà refusé le rôle de «Cendrillon» (2015) dans le remake de Kenneth Branagh, finalement attribuée à Lily James. Pour Emma, «Cette princesse n’était pas un modèle suffisamment fort. Contrairement à Belle, qui résonnait beaucoup plus en moi. Elle est curieuse, compatissante, ouverte d’esprit, passionnée de lecture et rêve de découvrir le monde. C’est le genre de femme que je voulais incarner. J’ai trouvé cela inspirant pour les petites filles !»
Lucy Hale, 32 ans, à qui l’on a proposé d’être Anastasia dans la trilogie des «50 nuances de Grey» (2015, 2017, 2018), n’a pas pu lutter contre ses réflexes féministes. Dès les essais devant la caméra, une «simple» lecture du script l’a indisposée : «C’était une audition inconfortable : un long monologue très sexuel, avec des termes que j’étais embarrassée de dire à haute voix !» Dakota Johnson, 32 ans, l’a alors remplacée dans les bras musclés de Jamie Dornan.
Âge maudit
Arrive aussi le moment où une actrice atteint sa «date de péremption» ! Charlize Theron est tombée de haut après qu’on lui a proposé un rôle dans «Wonder Woman» (2017). Elle avait alors à peine plus de 40 ans. «Je pensais qu’il s’agissait du personnage principal !», a-t-elle expliqué au Herald Tribune. «En fait, les producteurs souhaitaient me voir incarner Hippolyta, la mère de Wonder Woman ! La proposition ne m’a pas plu. Gal Gadot, ma « fille » à l’écran, n’avait que dix ans de moins que moi !»
Ne pas se laisser enfermer
Chez les acteurs, les dilemmes existent aussi, dont la peur d’être emprisonné dans un personnage. Hugh Jackman aurait pu être James Bond ! Il expliquait à Variety : «Les pourparlers ont eu lieu quand j’allais entamer le tournage de « X-Men 2 », en 2003. J’hésitais à m’engager dans une autre franchise. Puis à l’époque, les scripts des 007 manquaient de renouveau et de panache. Je craignais, enfin, qu’entre Bond et X-Men je n’aie plus le temps de faire d’autres choses !» Brad Pitt, quant à lui, a décliné l’offre de «Twelve Years a Slave», dont il était pourtant le coproducteur. Mais le premier rôle était celui d’un esclavagiste. «Je ne voulais pas que mes enfants me voient dans ce rôle», a-t-il confié à l’époque au Daily Mirror. «C’est une histoire vraie, basée sur le récit personnel de l’Afro-Américain Solomon Northup, kidnappé et vendu!»
Éviter la caricature
En France aussi, surviennent quelques déconvenues. Omar Sy a refusé un emploi dans la superproduction «Les Animaux fantastiques 2», tandis que Pierre Niney n’a pas voulu devenir «Spiderman» (2017) pour Hollywood. «Je suis hyper fan, mais m’engager avec Marvel, ç’aurait été signer pour six ou huit ans», se justifiait-il. «Cela m’a fait très peur». La déception a été plus grande pour Jérôme Commandeur, choisi pour incarner René Angelil dans «Aline», de Valérie Lemercier. Mais prendre l’accent québécois lui était trop difficile. «Avec Jérôme et moi, le film aurait peut-être aussi tourné au sketch», confiait Valérie. «Enfin, je suis grande, il me fallait un partenaire imposant. Or, il m’arrive à l’épaule!»
Lourd traumatisme
Contrairement à Jérôme Commandeur, Charlie Hunnam avoue avoir été traumatisé quand le rôle de Christian Grey, dans «50 nuances de Grey», lui a échappé. Pris par un tournage qui allait avoir lieu quasi en même temps («Crimson Peak» de son ami Guillermo Del Toro), Charlie a dû choisir. «J’étais si dépassé par le cours des événements que j’ai fait une dépression nerveuse», reconnaît-il. «Refuser le rôle a été une expérience très traumatisante et la pire expérience professionnelle de ma vie. Je n’ai regardé aucun des films de cette trilogie pour ne pas raviver une blessure encore à vif.»
Douleur de l’échec
Dans son dernier roman, «Numéro Deux» ( Éd. Gallimard), l’écrivain David Foenkinos s’inspire de l’histoire vraie du casting de «Harry Potter» et du moment où il ne restait que deux petits garçons en lice. Daniel Radcliffe l’a emporté. Qu’est devenu l’autre enfant ? «Son histoire aurait pu être celle d’une star planétaire, mais ne le sera jamais», dit David Foenkinos au Figaro. «Le jeune Martin Hill (nom d’emprunt) est un emblème : celui des perdants ou des presque gagnants. « Presque » est un mot affreux, qui fait basculer les victoires en défaites. Martin pourra difficilement se débarrasser de ce souvenir. Livres, films, produits dérivés : tout le ramènera au héros qu’il aurait pu incarner, autant dire à son naufrage. Cela doit être compliqué de voir le succès de l’autre, de vivre avec le fantasme de cette vie qu’on a failli avoir !» Et d’ajouter dans VSD: «Mon sujet reste la douleur que représente un tel échec. À des échelles moindres, toute vie humaine est, à un moment, gâchée par une autre vie humaine. Mais comme disait Churchill, « le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme ! » Ce n’est pas forcément celui qui réussit qui est le plus heureux…»
Cet article est paru dans le Télépro du 17/03/2022.
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