Claudia Cardinale : à son corps défendant

Elle a tourné avec les plus grands, dont Marcello Mastroianni © Isopix
Alice Kriescher Journaliste

Découvrez comment une jeune Tunisoise sauvage et garçon manqué devint, sans le vouloir, une grande actrice.

En deuxième partie de soirée, mardi, Arte nous emmène sur les traces d’une icône du 7e art : Claudia Cardinale.

Actrice fétiche de Visconti et Fellini, elle a aussi donné la réplique à des grands noms du cinéma, de Burt Lancaster à Jean-Paul Belmondo. Adolescente sauvage, farouche et timide, rien ne prédestinait Claudia à capter l’attention des caméras.

Il était une fois

Claudia Comment les stars sont-elles un jour happées par les feux de la rampe ? Pour Claudia Cardinale, la naissance du succès est le fruit du hasard. En 1955, alors âgée de 17 ans, elle remporte le concours de «La plus belle Italienne de Tunis» alors qu’elle n’y participe pas officiellement. Sa victoire est assortie d’une récompense : un voyage direction Venise pour assister à La Mostra.

Sur place, elle fait sensation en portant un bikini sur la plage du Lido, tenue encore inédite en Italie. Les photographes s’en donnent à cœur joie. Le lendemain, Claudia est dans tous les journaux et, très vite, les propositions de réalisateurs affluent. La jeune fille les éconduit tous, elle n’a aucun attrait pour le grand écran. «C’est ma sœur Blanche, blonde aux yeux bleus, qui rêvait de faire du cinéma», confie-t-elle au Monde. «Moi, la brune aux yeux noirs, on m’appelait  » la Berbère  »  !»

Claudia fait la loi

Après La Mostra, Claudia demeure un véritable casse-cou. Le strass et les paillettes, très peu pour elle ! Elle se rêve institutrice ou exploratrice pour découvrir le monde. Le sort va en décider autrement. «Un homme que je ne connaissais pas, plus âgé que moi, m’a forcée à monter dans sa voiture et m’a violée», confie-t-elle au Corriere della Serra.

Enceinte, Claudia réalise que sa nouvelle situation l’oblige à devenir indépendante financièrement. «Je n’avais pas la moindre envie de m’exhiber sur des plateaux de cinéma. Mais de la violence est né mon merveilleux Patrick», explique-t-elle dans les pages du Monde. «C’est pour lui que je l’ai fait. Pour Patrick, ce bébé que j’ai voulu garder malgré les circonstances et l’énorme scandale que pouvait susciter alors une naissance hors mariage.»

C’est le producteur italien Franco Cristaldi qui prendra la future star sous son aile. Claudia tourne son premier film enceinte sans que personne ne s’en aperçoive. Son accouchement est organisé discrètement à Londres. Suivant les conseils de Cristaldi, qui l’épousera en 1966 et adoptera l’enfant, elle fait passer son fils pour son petit frère, histoire de ne pas nuire à sa carrière. «Mais le mensonge était un poids. Et quand Patrick a eu 6 ou 7 ans, j’ai appelé un journaliste et avoué que c’était mon fils.»

Forte d’une carrière comptabilisant plus de 150 films, la plus belle réussite de Claudia n’est pourtant pas la lumière apportée par le grand écran. «Patrick aborde aujourd’hui la soixantaine. Et nous avons heureusement gardé tous les deux, lui qui vit désormais à Rome, après New York, et moi qui vis à Paris, un excellent rapport. La famille est essentielle.»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/12/2019

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