Des relations avec des mineures de moins de 16 ans : ce dimanche à 20h55 sur La Une, le documentaire «Claude François : les secrets inavouables» révèle des faits édifiants sur les mœurs de l’idole, Cloclo. François Pomès, son réalisateur, explique.
Comment est né ce reportage ?
Il y a trois ans, j’ai réalisé le documentaire «Claude François, le dernier pharaon» révélant l’existence de Julie Bocquet. Née Isabelle, vivant en Belgique, elle est la fille naturelle du chanteur. Très vite, il est apparu qu’il pourrait y avoir d’autres enfants caché(e)s. On a enquêté et découvert des affaires de mœurs montrant que la star avait eu des liaisons non pas avec de jeunes majeures, mais des mineures de 13 à 15 ans. Après le calcul sur la naissance de Julie : sa mère n’avait que 13 ans et demi lors de sa liaison avec Cloclo. Lui, 25 ans de plus ! En Belgique comme en France, c’est considéré comme un crime…
Trouver des témoignages n’a pas dû être facile…
Nous avions pas mal de personnes prêtes à parler mais il y a eu une telle révolte du côté des fans sur leurs sites et une telle pression – même des deux fils de Claude -, que plus personne n’a voulu participer. Nous avons persévéré et trouvé des fans qui, jusque-là, s’étaient peu ou pas exprimées. Notamment une qui était enceinte et avait dû avorter, avec des complications lui laissant encore des traumatismes.
Est-ce le sujet principal de ce film ?
On a souhaité montrer les ressorts des liens entre une idole et ses fans, et surtout des ados d’un âge très fragile. Nous avons rencontré un commissaire, jadis inspecteur, qui a été chez Claude lui montrer des photos de fans fidèles, toujours au premier rang en concert. Il n’a pas dit que ces visages lui étaient inconnus. Certaines passaient ensuite dans sa loge, alors qu’il était en peignoir après sa douche…
Cela n’étonnait personne dans les années 1970…
C’était banalisé. Juger ça aujourd’hui serait anachronique, mais on peut toutefois s’interroger sur la nature de ces relations, l’aveuglement des fans et la position dominante, pas du tout équitable, du chanteur ! En ce temps-là, on faisait quasiment l’apologie de la pédophilie. On le voit actuellement avec l’affaire Gabriel Matzneff (ndlr : écrivain revendiquant son intérêt pour la jeunesse). Si Cloclo était encore là, il aurait les mêmes ennuis. Et on sait qu’il n’était pas la seule idole à agir ainsi.
Carine, qui témoigne, est très prolixe et se dit encore amoureuse aujourd’hui !
Elle ne cache rien. Son discours est touchant et intéressant. Elle a dit à Claude ne pas vouloir «passer le pas» avec lui avant d’avoir 17 ans, car il lui demandait de le suivre à son hôtel à 14 ou 15 ans. Avec le recul et en étant objectif, c’est l’attitude d’un beau s… !
Devenue une femme mûre, elle ne se dit pas choquée…
Ses yeux pétillent encore mais ce souvenir est-il vraiment indolore ? Il est très ancré sentimentalement. Elle a des larmes en avouant l’aimer encore. Il était un tel Adonis, une star comme on n’en fait plus. Les filles étaient totalement désemparées quand le doigt de leur «dieu» les désignait. Cette déification le rend encore intouchable, même pour des fans de 50 à 70 ans qui sont mères et grand-mères mais continuent d’entretenir un lien fanatique avec Cloclo.
Avez-vous pensé à la possible peine causée à ses fils, Coco et Marc ?
Je ne sais pas si leur attitude est la plus raisonnable. Ils ont refusé de rencontrer Julie Bocquet alors que le lien ADN est prouvé. On ne peut pas avoir uniquement l’héritage économique – très confortable ! – d’un père célèbre. Il y a un héritage moral. S’ils ont accepté l’un, ils auraient pu avoir un regard plus intelligent sur la moralité, dire que c’était une autre époque, d’autres mœurs, qu’ils ne cautionnent pas mais comprennent…
Cet article est paru dans le Télépro du 21/10/2021