Christian Hecq : «J’adore jouer les crapules !»

Christian Hecq au centre, dans «Les Rustres», de Carlo Goldoni (1760) © Getty Images

L’acteur belge est le héros d’une réjouissante pièce classique aux accents très modernes.

Né à Nivelles, diplômé de l’INSAS (Bruxelles), Christian Hecq (55 ans) fait des étincelles tant à la télé qu’au théâtre («La Mouche», adaptée avec son épouse, Valérie Lesort) et au cinéma («Knock» avec Omar Sy, «Tout pour plaire» avec Mathilde Seigner). Ce dimanche soir sur France 5, il est le vil Lunardo dans «Les Rustres», de Carlo Goldoni (1760).

Qu’y a-t-il de plus jouissif dans cette pièce ?

La crapulerie des héros ! Ces bourgeois austères enferment leurs femmes – qui sont les seules à avoir le verbe intelligent – à la maison. C’est drôle de montrer les travers de ces riches qui arrangent leurs petites affaires entre eux. Un rôle plat ou gentil ne m’attire pas. Je préfère les naïfs ou les méchants !

Comment est né votre style singulier où tout est dans la gestuelle et le phrasé ?

Je travaille à l’envers. Avant de m’interroger sur la façon dont quelqu’un parle, je regarde comment il bouge. Si je trouve la manière correcte de me mouvoir, le verbe suit tout seul ! J’évite aussi les redondances en prenant un malin plaisir à jouer le contraire de l’intention. C’est comme dans la vie où on dit «oui» alors qu’on pense «non» !

Vous êtes sociétaire de la prestigieuse Comédie-Française. Ce statut met-il la pression ?

Grâce à mon côté enfantin, je ne suis pas conscient de l’importance d’être là ! La candeur me protège et me permet de jouer aussi naturellement que possible. De plus, l’institution me laisse la liberté de créer et interpréter mes propres pièces ailleurs.

La télé diffuse beaucoup de pièces de théâtre. Celles-ci conviennent-elles au petit écran ?

Oui et non ! Nous, les théâtreux, sommes ravis que l’on promeuve ainsi notre travail. La télé est pratique pour le public qui ne peut aller jusqu’au théâtre. Mais celui-ci reste un échange. Ce qui est impossible via l’écran. Puis, les acteurs parlent plus fort qu’au cinéma, pour être entendus jusqu’au dernier rang. Ce ton n’est pas fait pour l’écran, ça casse un peu les oreilles !

Au cinéma, comment choisissez-vous vos rôles ?

Ce n’est pas vraiment un choix. J’ai tant de travail sur scène que je donne la priorité aux tournages pouvant s’intercaler dans mon agenda. Pareil pour mes rôles en télé, dans «Engrenages» ou «Paris Police 1900», nouvelle série de Canal+. Les producteurs ont eu la gentillesse de réécrire ma partition afin que je puisse me libérer pour l’interpréter !

Quels sont vos projets ?

J’attends avec impatience la réouverture des théâtres pour, en principe, jouer «Le Bourgeois gentilhomme», «Le Malade imaginaire» et plein d’idées concoctées avec mon épouse. J’aimerais aussi adapter «Le Muppet Show» avec des invités francophones !

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 14/5/2020

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