Charlotte Rampling … so secret !
Ses yeux ont beau être bleu azur, la star britannique (77 ans) reste une énigme très opaque. Que cachent pareilles discrétion et distance ? Ce vendredi à 20h35, La Trois diffuse le documentaire «L’Énigme Charlotte Rampling».
Sa filmographie de plus de cinquante ans est à son image. Ses rôles aussi. Féministes avant la lettre, étranges ou choquants, certains sont considérés comme révolutionnaires, dont celui de Margaret, femme mariée éprise d’un chimpanzé («Max mon amour», 1986). «Ma carrière a été singulière», note l’actrice. Son destin aussi…
Malentendus
Avant d’être «The Look» et la muse d’illustres noms – le photographe Helmut Newton, le couturier Yves Saint Laurent et son second mari, le compositeur Jean-Michel Jarre, Charlotte Rampling est repérée à 17 ans par un agent de casting.
Figure du «swinging London», elle se lance dans le 7e art sans formation mais armée d’une intelligence aigüe. Et marque les esprits dès son premier rôle dans «Georgy Girl» (1966) en interprétant une femme libre, cynique et arrogante. La prestation est si authentique et l’actrice déjà si énigmatique qu’on lui prête le même tempérament.
«J’ai eu de gros problèmes ensuite», dit-elle au New York Times. «Dans le milieu du cinéma, on disait que j’étais difficile, qu’il ne fallait pas m’engager. Ils auraient dû savoir que je ne faisais que jouer !» Sa discrétion ne l’aide pas. «Je ne me suis jamais sentie à l’aise dans ce microcosme. Trop frimeur pour moi. Cela ne correspondait pas à ma personnalité», ajoute-t-elle dans le Guardian.
Un vrai chaos
Son talent enfin reconnu, l’artiste pousse le curseur. «Je mets beaucoup de moi dans mes personnages. Je cherche leur cœur, même quand je joue des méchantes. Il y a des raisons pour lesquelles elles vont aussi loin : cela cache un côté sensible», analyse la comédienne qui semble aussi parler d’elle en filigrane dans le Sunday Post. Mais des journalistes agacés par sa réserve lui forgent une réputation de femme froide.
Elle en devient plus méfiante : «J’ai sorti mes antennes, genre « Vous ne m’aurez pas ». Quand les gens savent qu’ils ne peuvent pas vous avoir, ça vous rend plus intéressante.» Et plus sujette aux préjugés… Le mystère se dissipe quand la dame révèle une grande blessure : «Lorsque j’avais 20 ans, ma sœur, en dépression post-natale, s’est suicidée. Je regardais la vie différemment. Dans ce cas, vous entrez dans une forme d’obscurité.»
Malgré le calme d’une retraite monastique, Charlotte sombre à son tour dans la déprime. Mais continue de travailler : «Une partie de la thérapie consiste à agir sur les émotions. Donc, au lieu de faire des films divertissants, ce qui n’était pas mon style de toute façon, j’ai cherché plus d’œuvres marginales.» Assumant enfin son côté sombre, elle conclut : «Je suis une totale contradiction. C’est ce qui m’a sauvée !» Toute comme l’élégance de la pudeur…
Cet article est paru dans le Télépro du 11/5/2023
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