Charles III : le dernier roi ?
Entre lui et sa mère, feu Elizabeth II, il n’y a jamais eu de guerre des trônes. Charles, prince devenu enfin roi, a patiemment attendu son titre. Mais son image est moins populaire, tout comme celle de la monarchie. Ce mardi à 20h05, Tipik diffuse le documentaire «My King Charles».
Pour le couronnement du roi Charles III, monarque le plus âgé à prendre le trône dans une lignée remontant à mille ans, le faste d’antan sera de mise. Samedi 6 mai, l’événement appartiendra alors à l’Histoire. La grande. Que restera-t-il alors de la petite ? Celle de la destinée de cet homme, entre démarches bienfaitrices et scandales privés, maintien des traditions et mutation de la société ?
Entre affection et détestation
Né le 14 novembre 1948, Charles Philip Arthur George a beau être resté dans l’ombre maternelle durant plusieurs décennies, il a divisé l’opinion tout au long de sa vie. À lire la presse britannique, il serait, pour ses détracteurs, vaniteux et pas assez solide pour être souverain. Pour ses partisans, cet être aimable, discret et très travailleur serait simplement mal connu et incompris. Malgré les sondages où ses sujets auraient émis le souhait de voir son fils aîné William accéder directement au titre suprême, après le décès de la Reine, le 8 septembre dernier, Charles III a reçu un bel accueil lors de sa première sortie en tant que monarque. «On a vu une réponse extrêmement positive à son égard et… son étonnement !», note la spécialiste Tina Brown. Mais alors, pourquoi certains le détestent-ils ? Richard Drayton, historien, répond : «Charles a eu un parcours très complexe au XXe siècle avec un certain nombre de controverses publiques.»
Ni idiot ni aveugle
On ne peut cependant pas lui en vouloir d’avoir été l’un des premiers écologistes à refuser de se taire, tenant des discours très avant-gardistes et prémonitoires à propos de la pollution de l’air, du plastique dans les océans et de la couche d’ozone. Attaché à la nature, le jeune garçon sensible devenu un adulte qui l’est tout autant est aussi concerné par le social. Dans les années 1970, il a versé ses 7.400 livres d’indemnités de départ de la Marine pour financer des initiatives communautaires. Lors de la montée du chômage, le Prince’s Trust, l’une de ses quatre cents organisations caritatives, a soutenu les jeunes défavorisés. «J’aurais été un idiot aveugle si je n’avais pas prêté attention à ce genre de choses», avait lors confié Charles. «Je me souviens avoir pensé : je suis sûr que je peux faire quelque chose pour aider.»
Prince presque charmant
Ce n’est pas, hélas, ce qui a le plus fait parler de lui. En épousant Lady Diana Spencer en 1981, le «prince charmant» a déjà derrière lui une belle galerie d’aventures, notamment avec Sabrina Guinness, Davina Sheffield, Anna Wallace, Lady Amanda Knatchbull, Sans oublier son amour de toujours : Camilla Parker Bowles (née Shand). Leur idylle finalement dévoilée – «Il y avait trop de monde dans ce mariage», révélera une Diana larmoyante – choque le monde entier. Tout comme, plus tard, les enregistrements d’échanges privés téléphoniques salaces entre la maîtresse et le mari. Tout cela ternit encore plus l’aura de ce dernier, déjà ombragée par la popularité de sa moitié officielle. Si la naissance de ses fils William (1982) et Harry (1984) avait redoré l’image du futur roi, le désespoir et la mort accidentelle de «la princesse du peuple», en 1997, jetteront à nouveau l’opprobre sur lui.
Le devoir et le destin
Beaucoup d’eau devra couler sous le London Bridge avant que les Britanniques se focalisent davantage sur l’humour de ce pince-sans-rire – en visite en Jamaïque, en 2000, il coiffe une perruque rasta «à la Bob Marley» ! – et acceptent enfin la présence de Camilla, en comprenant l’authenticité de cet attachement. «Il a toujours été amoureux d’elle, mais croyait au devoir et au destin et à toutes ces choses qui l’ont gêné», explique Tina Brown. «J’ai vu quel soutien Camilla a toujours été pour Charles. Elle sera une figure de reine mère pour la nation qui la considère maintenant avec une certaine affection.» Reste au-dessus de la tête royale, le nuage gris du couple rebelle formé par son cadet Harry et Meghan Markle. Sa récente proposition de les inclure dans un portrait familial qui immortalisera son couronnement réchauffera-t-elle l’ambiance ? Outre tenir le lourd sceptre, d’autres défis l’attendent. Selon le professeur Richard Drayton : «Il croira qu’il est de sa responsabilité de protéger la monarchie en tant qu’institution pour les générations futures, dont son fils et son petit-fils.» God save the King…
Cet article est paru dans le Télépro du 27/4/2023
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