Charles Bronson : doux dur à cuire !

L'acteur nous a quittés en 2003 © Arte

Figure majeure du cinéma américain et européen, il a laissé une image de héros viril taciturne à ne pas titiller. Cliché ou vérité ? Ce dimanche à 23h35, Arte dresse son portrait avec le documentaire «Charles Bronson, le génie du mâle».

Hollywood mit du temps à reconnaître le talent de cet immigré lituanien. À sa mort, en août 2003 à 81 ans, sa filmographie et sa popularité ont prouvé qu’il avait bien sa place dans le cœur du public.

Elevé «à la dure»

Star inoubliable du western chargé de testostérone, devenue célèbre sur le tard, dans les années 1970, avec la saga du «Justicier dans la ville», Charles Bronson injecta dans ses rôles les souffrances de son existence. Ses yeux bleu acier et sa moustache fournie cachaient la timidité d’un être sensible.

Quand il daignait se dévoiler, le pudique Charles Dennis Buchinsky – né dans une famille de quatorze enfants – confiait : «En public, j’essaye de me cacher, de paraître aussi inaccessible que possible. Je reste silencieux pour ne pas être remarqué».

C’est que, dès sa prime jeunesse, il doit obéir sans se plaindre. «Les temps étaient rudes. Mon père nous rasait la tête pour éviter les poux. Je portais les chaussettes reprisées de mes aînés. Et, comme les enfants plus âgés que moi à la maison étaient des filles, je portais leurs habits. Je suis allé à l’école en robe. En rentrant, je devais ôter mes bas et les céder à mon frère qui partait à la mine.»

Dès qu’elle le peut, la future star fuit sa Pennsylvanie natale et, après avoir été un soldat de la Seconde Guerre mondiale, met le cap sur New York.

Films machos

La Big Apple ne lui offre que des petits jobs. Bronson partage la piaule de son ami acteur Jack Klugman («Quincy») qui l’invite au cours d’art dramatique. «Pour être franc, ça semblait un moyen facile de gagner de l’argent. J’ai vu une pièce de théâtre en pensant pouvoir en faire autant. Je n’avais rien à perdre !».

Acceptant tous les registres, à la télé comme au ciné, Charlie voit sa carrière décoller avec la mode des films machos. Aux côtés de grandes stars dont Frank Sinatra et Steve McQueen dans «La Proie des vautours» (1959) ou de James Coburn et Yul Brynner pour «Les Sept mercenaires» (1960), il reste dans l’ombre. Mais le cinéaste John Sturges lui offre un rôle plus conséquent dans «La Grande Évasion» (1963). Pour jouer Danny-roi-du-tunnel, il lutte contre une réelle claustrophobie, conférant une belle authenticité à son rôle.

Encouragé par son épouse (de 1968 à 1990), l’actrice anglaise Jill Ireland, il s’essaye au 7e art européen avec «Il était une fois dans l’Ouest» (1969) de l’Italien Sergio Leone. En «homme à l’harmonica», Charles crève l’écran. Et devient enfin mythique ! Les succès s’enchaînent («Passager de la pluie», «Soleil rouge»…).

Mais sa posture de tueur solitaire porte à controverse dans «Un Justicier dans la ville» où il est le père d’une famille décimée qui crie vengeance. Bronson défendra le rôle en parlant d’injustice et du chagrin de son héros. Des sentiments que le Justicier aura portés toute sa vie…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 3/12/2020

 

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