Ces stars qui refusent la dictature de l’âge !

De plus en plus pressées par l’industrie hollywoodienne, les célébrités, jeunes et moins jeunes, ont décidé de se rebeller contre les exigences d’une beauté parfaite et éternelle.

En février dernier, à l’occasion de la 92e cérémonie des Oscars, le magazine Forbes a comptabilisé des chiffres étonnants : dans la catégorie Meilleur acteur, il y avait un seul nommé de 60 ans ou plus (Jonathan Pryce, 72 ans) et les hommes mûrs étaient plutôt à chercher dans les candidats pour le Meilleur second rôle (Tom Hanks, 63 ans, Joe Pesci, 76 ans, Al Pacino, 79 ans, Anthony Hopkins, 82 ans). Pour les femmes, selon le journal, «la tendance était similaire et pire, avec aucune candidate de 60 ans dans un emploi de premier plan et une seule actrice d’expérience nommée dans un second rôle (Kathy Bates, 71 ans).»

Hollywood continuerait-il d’imposer la dictature de la jeunesse et les préjugés qui l’accompagnent ? Les stars réagissent à ces clichés, qu’elles aient des rides ou non.

Frénésie humiliante

«Vous n’avez pas le droit de vieillir !», explique, agacée, Patricia Arquette, 52 ans. «Les actrices sont censées être perpétuellement et incroyablement attrayantes. Si vous avez 50 ans, vous devez en paraître 35 !»

Jamie Lee Curtis (61 ans) ajoute : «La réaction de la société face au vieillissement des stars est humiliante. Je ne supporte pas la frénésie de certains médias qui s’amusent avec des «avant-après» et disent de quelqu’un qu’il ne ressemble plus à ce qu’il était ! Moi, je ne veux pas être punie pour l’évolution naturelle de l’être humain !»

Heureusement, les actrices savent prendre du recul avec humour. «Tous ces commentaires sont si ennuyeux», sourit Helen Mirren (74 ans). «On vise tellement les femmes que ça devient banal, je n’y prête plus attention ! Et puis, le ridicule est ailleurs. Nous avons tous vu des James Bond devenir de plus en plus gériatriques, alors que leurs copines devenaient de plus en plus jeunes ! C’est risible, non ?»

Chirurgie ou pas

D’autres actrices abordent aussi les changements avec sagesse. «Le temps est le même pour tout le monde. Le vieillissement touche chacun de nous. Ceux qui se moquent devraient y penser !», assène Diane Lane (55 ans). «Moi, cela ne me dérange pas d’avoir des rides, des poches sous les yeux. Cela me relie à la race humaine…»

Assumer

Kate Blanchett (51 ans) assume également l’image dans le miroir : «Je n’ai pas fait de chirurgie esthétique, mais qui sait… Quand vous avez eu des enfants, votre corps change ; c’est le témoin de votre histoire. Et j’aime l’évolution de cette histoire ! Il est important de ne pas l’ignorer. En regardant le visage de quelqu’un, j’y vois un beau parcours de vie. Les gens ne sont pas plus beaux quand ils font de la chirurgie plastique ; ils ont juste l’air différent… S’ils y ont recours parce qu’ils ont peur, cette crainte se lira toujours dans leurs yeux.»

Dirty Papy

Et contrairement à ce que disent les clichés, sondages et rôles de premier plan, les hommes souffrent aussi du temps qui passe. Comme l’avoue Denzel Washington (65 ans) : «Quand j’ai eu 60 ans, je me suis regardé dans le miroir en me disant : «Mon vieux, ce n’est pas une répétition générale, c’est la vie ! La question n’est plus de savoir combien d’années il y a au compteur, mais de savoir ce que tu vas faire de tes acquis, ton expérience. J’ai fait le point et même si le cinéma pense encore à moi, j’ai su que ma famille passait avant tout !»

Robert De Niro (76 ans) se montre également philosophe et a même choisi certains rôles avec autodérision. Dès 2000, il accepte, dans «Mon beau-père et moi» et ses deux suites (2004, 2010), de jouer un patriarche grincheux. Il poursuit sur sa lancée avec «Dirty Papy» (2016) et exprime tous les avantages et inconvénients du «grand âge» en étant «Le Stagiaire» (2015) qui conseille sa jeune patronne, incarnée par Anne Hathaway !

L’inoubliable «Taxi Driver» souligne : «Le vieillissement est un phénomène auquel vous ne pouvez pas échapper. Mais cela ne doit pas changer qui vous êtes !»

Solidaires

Antonio Banderas (59 ans) rejoint ceux qui s’insurgent contre les diktats de Hollywood : «Je comprends l’énorme pression qu’ont les femmes dans l’industrie du cinéma. Il existe une sorte de convention sociale tacite permettant aux hommes de vieillir sans être critiqués, contrairement à leurs partenaires. C’est ridicule, mais nos stéréotypes et nos préjugés sont renforcés par les films eux-mêmes. Chaque fois que nous voyons une vieille femme amère dans un film, nos cerveaux classent cela dans la normalité ! Les producteurs devraient financer des récits plus nuancés et variés. Après tout, ce sont les spectateurs qui choisissent en achetant leur ticket. On pourrait leur proposer plus de fictions partageant des messages positifs sur le vieillissement.»

Critiquée pour ses retouches

L’acteur sait de quoi il parle puisque l’une de ses compagnes, Melanie Griffith (62 ans) a été vivement critiquée pour ses «retouches» esthétiques. Cette dernière a d’ailleurs vu sa fille, Dakota Johnson (30 ans), héroïne de «Cinquante Nuances de Grey», et fruit de ses amours avec le comédien Don Johnson, monter au créneau pour la défendre ! «Pourquoi ne voit-on plus ma mère au cinéma ? C’est une actrice formidable !», a clamé la jeune femme dans la version britannique de Vogue. «Pourquoi ma grand-mère (Tippi Hedren, 90 ans, héroïne des «Oiseaux» d’Hitchcock, ndlr) n’est-elle plus à l’écran ? Cette industrie est brutale. On a le sentiment de ne plus être accepté. C’est absurde et blessant.»

Déjà trop vieille à 30 ans ?

Comme Dakota, de jeunes actrices sentent déjà se profiler un certain sexisme annonciateur de futurs rejets. Maggie Gyllenhaal (42 ans, «Le Sourire de Mona Lisa») a surpris le public en 2015, en révélant qu’elle avait vu un rôle lui échapper à 37 ans, parce qu’elle était jugée trop vieille pour jouer l’amante d’un acteur de 55 ans.

Et Anne Hathaway (37 ans) d’embrayer : «Quand j’étais au début de la vingtaine, je recevais déjà des rôles de personnages dans la cinquantaine. Et lorsque j’ai eu 30 ans, je me demandais pourquoi des filles de 20 ans décrochaient des partitions que j’aurais alors pu interpréter !»

Comme Jennifer Aniston (51 ans), Meryl Streep (71 ans) a, elle aussi, cru sa carrière fichue dès ses 40 ans : «Je me souviens avoir pensé que chaque film serait mon dernier. Mais j’ai continué de travailler en oubliant les années. Puis, j’ai pu me rendre compte que, quel que soit votre âge, chacun connaît des creux de vague, des périodes plus sombres. Aujourd’hui, je suis juste contente d’être en vie !»

Renforcer les liens générationnels

L’actrice a même réuni quelques-unes de ses homologues, dont Nicole Kidman (52 ans), pour fonder une association, The Writers Lab, visant à aider les scénaristes féminines de plus de 40 ans à poursuivre leur carrière et à raconter les avantages du temps qui passe. «Il est essentiel de nourrir les voix de femmes mûres», affirme Kidman qui souligne, lors de chacun de ses passages à une cérémonie de prix, l’importance d’éradiquer toutes les discriminations. «Il y a vingt ans, pas mal d’actrices ne recevaient plus d’offres en raison de leur âge. Maintenant, nous évoluons. Nos histoires sont enfin racontées. Ce n’est qu’un début et je suis fière de faire partie d’une communauté à l’origine de ce changement.»

Écrire pour les femmes matures

Nitza Wilon, scénariste et cofondatrice du Lab, ajoute : «Nous attendons un nouveau paysage où le récit féminin sera en proportion égale au récit masculin, où les histoires partagées renforcent nos liens les uns avec les autres et autonomisent les jeunes générations !»

Une réflexion en accord avec la conclusion de Meryl Streep : «Nous avons besoin de plus de personnes pour se lever et dire que «l’âgisme» n’est pas acceptable. Que vous soyez informaticien, enseignante, vendeur, infirmière, acteur, comédienne, vous méritez d’être tous jugés en fonction de vos talents, pas de votre âge.»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 23/7/2020