Cannes: un film sur l’abbé Pierre, icône française mais méconnue
Avec « L’abbé Pierre, une vie de combats », présenté vendredi hors compétition à Cannes, Benjamin Lavernhe enfile le béret de ce héros national avec l’ambition de dresser « le portrait intime d’un type que les Français ne connaissent pas vraiment ».
Le film réalisé par Frédéric Tellier brosse la vie du fondateur des communautés d’Emmaüs, une association de réinsertion et de solidarité, inlassable combattant de la misère, depuis sa naissance en 1912 à Lyon jusqu’à sa mort en 2007, à l’âge de 94 ans.
Un rôle particulièrement marquant pour Benjamin Lavernhe, l’un des acteurs les plus demandés du cinéma français, qui dit être « tombé amoureux » du personnage: « C’est un révolutionnaire, un homme en marche qui mène des foules ».
« Il y a le béret, la canne, la silhouette, mais la vérité n’est pas forcément là. (…) Il fallait arriver à le désacraliser, découvrir ses doutes et ses névroses », poursuit-il.
Au-delà de la reconstitution des grands discours, dont celui de « l’insurrection de la bonté » en février 1954 au micro de Radio Luxembourg, le film présente de façon didactique les combats du militant pour une mobilisation du plus grand nombre au service des sans-abri. Un homme qui « a déplacé des montagnes », souligne l’acteur, qui a utilisé des prothèses pour parfaire sa ressemblance avec l’abbé Pierre.
Les doutes et les blessures de l’ancien résistant, devenu une vedette médiatique, sont effleurés.
L’idée était de faire « un grand film d’aventure sur l’histoire de France et le portrait très intime d’un type que les Français ne connaissent pas vraiment », ajoute l’acteur.
Il y a quelques années, la Fondation Abbé Pierre (qui lutte contre le mal-logement), « en faisant des enquêtes, s’était rendu compte que la génération née dans les années 1990-2000 le méconnaissait », affirme à l’AFP Sophie Doudet, auteure d’une biographie sur cet homme iconoclaste (Gallimard, octobre 2022).
Son héritage est pourtant multiple: « d’abord un héritage de combat contre l’injustice », témoigne Laurent Desmard, président de la Fondation Abbé Pierre, qui a travaillé avec lui de 1985 à sa mort et fut son secrétaire particulier durant ses dernières années.
Sa lutte contre les expulsions et pour le droit au logement opposable « trouvait avec nous des actions concrètes », se remémore par ailleurs Jean-Baptiste Eyraud, fondateur de l’association Droit au logement (DAL).
Jusqu’au 5 novembre, une douzaine de panneaux retracent aussi son parcours au musée Citéco à Paris, depuis son enfance jusqu’à ses funérailles nationales. On le voit par exemple aux côtés de Zinédine Zidane, qui lui a succédé en 2004 en tête du sondage des personnalités préférées des Français, à la première place duquel il s’est classé 17 fois entre 1989 et 2003.
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