Cannes : Julianne Moore et Natalie Portman, jeu de miroirs trouble entre deux stars

Le réalisateur américain Todd Haynes (c) et les actrices Julianne Moore (g) et Natalie Portman (d) avant la projection du film "May December", le 20 mai 2023 au 76e Festival de Cannes © Array Valery HACHE

Un duo de stars féminines, Julianne Moore et Natalie Portman, ont fait leur entrée samedi en compétition à Cannes dans « May December », sur les faux-semblants et le déni d’une relation interdite entre un mineur et une adulte.

L’Américain Todd Haynes (« Dark Waters », « The Velvet Underground »…) fait son retour avec ce drame construit autour d’un jeu de miroirs entre les deux actrices, auxquelles il offre des rôles aussi centraux que troubles.

Julianne Moore, 62 ans, incarne Gracie, une femme dont la vie a été chamboulée, des années plus tôt, par la révélation dans la presse qu’elle entretenait une liaison pédophile, illicite, avec un adolescent de 13 ans, auquel elle avait déclaré son amour.

L’adolescent a grandi, le couple a tenu et fait des enfants, mais Gracie, qui s’occupe l’esprit en vendant des gâteaux au voisinage, est toujours inscrite au fichier public des délinquants sexuels, et détestée par ceux qui n’ont pas oublié son histoire.

Elizabeth (Natalie Portman), une actrice, débarque dans le foyer familial avec un projet de film sur cette famille pas comme les autres. Elle jouerait le rôle de Gracie, à l’époque où elle était tombée amoureuse de l’adolescent, avec la promesse de faire mieux comprendre son point de vue au grand public.

En vivant au plus près de Gracie et de son marie Joe Yoo (Charles Melton), Elizabeth va se rendre compte que la famille n’a jamais regardé son passé en face.

« Voir ces femmes qui se comportent de façon moralement ambiguë, cela élargit le spectre des possibilités (de représentation) des femmes », a souligné Natalie Portman dans une interview à l’AFP. Le point de vue du réalisateur « est de considérer les femmes comme des humains, et donc de leur offrir toute la palette des comportements ».

Le mécanisme de déni de son passé au coeur du film nous concerne tous, estime de son côté Todd Haynes: « Je pense que c’est comme cela qu’on survit. Il n’y a pas d’endroit où l’on se voit totalement en face, c’est une illusion. Nous réprimons nombre de nos désirs, pour la bonne cause. C’est comme ça que la civilisation tient ».

Avec une histoire de couple où le personnage féminin est le plus âgé, « les rôles sont renversés » par rapport aux stéréotypes de la société patriarcale mais « cela ne suffit pas à corriger le système », poursuit-il. « May December » appartient à ces films « qui posent des questions et débattent de dilemmes moraux. C’est quelque chose de vital au cinéma » mais « il est de plus en plus dur de faire ce genre de films ».

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