Canada: l’ex-magnat de la mode Peter Nygard coupable d’agressions sexuelles
L’ex-magnat de la mode Peter Nygard a été reconnu coupable dimanche à Toronto d’agressions sexuelles envers quatre des cinq femmes qui l’accusaient, à l’issue d’un procès de sept semaines qui doit être suivi par trois autres au Canada et aux Etats-Unis pour des faits similaires.
Après cinq jours consécutifs de délibération, le jury n’a pas retenu contre lui l’accusation d’agression sexuelle envers une de ces cinq plaignantes ni celle de séquestration.
Les six chefs d’accusation qui visaient l’ancien patron de mode finno-canadien de 82 ans concernaient quatre femmes et une jeune fille de 16 ans à l’époque des faits, sur une période s’étalant de 1988 à 2005.
Sa peine sera connue plus tard.
A sa sortie du palais de justice, l’avocat de Peter Nygard n’a pas écarté la possibilité de faire appel. « Nous allons considérer cette option », a déclaré Brian Greenspan à des journalistes.
Durant les plaidoiries finales, il avait critiqué la façon dont son client avait été dépeint durant le procès et affirmé que cette affaire reposait sur « des contradictions et des insinuations ».
« Décrire Peter Nygard comme un prédateur maléfique, une personnalité de Jekyll et Hyde qui, par sa richesse et son pouvoir, a attiré les femmes dans son repaire pour les soumettre à des exigences sexuelles n’est ni juste ni exact », avait-il déclaré.
Selon lui, quatre des cinq femmes qui ont témoigné contre l’ex-designer de mode pourraient l’avoir fait pour des motifs financiers car elles ont admis être aussi impliquées dans le recours collectif contre Peter Nygard aux Etats-Unis.
Mode opératoire « récurrent »
La procureure Ana Serban a pour sa part soutenu que l’accusé était évasif, incohérent et que sa mémoire était sélective et peu fiable lorsqu’il a lui-même pris la parole.
Cette dernière a noté que les témoignages des cinq plaignantes étaient « remarquablement similaires » dans la façon dont elles ont rencontré Peter Nygard et ont été invitées dans son immeuble de bureaux, où « il les a agressées sexuellement dans sa chambre privée ».
« Ces similitudes ne sont pas le fruit du hasard », avait estimé la procureure, y voyant un mode opératoire « récurrent ».
Lors de son témoignage, l’accusé a dit ne pas connaître et même n’avoir jamais rencontré quatre des plaignantes et a vertement nié avoir agressé sexuellement l’une des cinq.
« Le genre d’allégations qui ont été soulevées et décrites représente un type de comportement que je n’ai jamais eu et que je n’aurai jamais », avait-il dit.
L’octogénaire avait admis que sa mémoire était devenue « très floue » avec l’âge. Il avait aussi maintes fois affirmé que les allégations contre lui étaient « ridicules » et ne faisaient « aucun sens ».
Ce procès devant la cour supérieure de l’Ontario était le premier d’une série visant Peter Nygard pour des crimes sexuels contre de nombreuses femmes au Canada et aux États-Unis, sur plusieurs décennies.
L’ex-designer doit ainsi être jugé dans deux autres provinces canadiennes, le Québec et le Manitoba, pour des accusations similaires.
Il doit aussi être extradé vers les Etats-Unis, où il fait face à neuf chefs d’accusation dont ceux de racket et trafic sexuel, pour des faits qui se seraient produits entre 1990 et 2020.
Peter Nygard sera de retour devant la cour à Toronto le 21 novembre, quand sera fixée la date des audiences qui détermineront sa peine.
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