«Ça, c’est du Johnny !»
9H20, vendredi matin: sur le parking d’une grande surface près de Reims, Jean-Louis Buricand, cafetier et grand fan de Johnny, écoute avec émotion les premières notes de l’album posthume de la star qu’il a acheté sans attendre, avec l’impression « de voir sur scène » le taulier disparu du rock français.
Le lecteur audio avale l’ultime CD de Johnny, décédé en décembre à 74 ans des suites d’un cancer… Les premiers accords de guitare résonnent dans l’habitacle de la vieille Opel rouge.
« Toujours cette puissance de voix… Incroyable. Ça, c’est super, super rock ! Ça, c’est du Johnny ! », s’exclame Jean-Louis Buricand, 68 années au compteur, dont plus d’une cinquantaine passées à écouter « l’Idole des jeunes ».
« Il m’a accompagné toute ma vie car il a su traverser les générations », raconte ce tenancier de bar plein de bonhomie, doudoune bleue par-dessus son pull gris, qui se définit comme « un fan raisonnable » plutôt qu’un « dingue ».
Dix titres composent ce dernier opus, dont « J’en parlerai au diable », « Mon pays, c’est l’amour », « Back in LA », « Un enfant du siècle » ou « Je ne suis qu’un homme ».
A l’écoute de certains morceaux, il bat la mesure sur le volant: « je le vois sur scène, je l’imagine sur scène avec ses musiciens derrière ».
D’ordinaire, Jean-Louis ne se rend qu’une fois par semaine à l’hypermarché Leclerc de Saint-Brice-Courcelles, dans l’agglomération rémoise, pour faire ses courses.
Mais pour se procurer « Mon pays c’est l’amour », distribué à 800.000 exemplaires en France, il a fait une entorse à ses habitudes.
« Je ne voulais pas louper l’album » car « c’est indispensable, c’est le dernier des derniers, le 51e ! », dit ce passionné qui a vu le chanteur 22 fois sur scène: cinémas, chapiteaux ou grandes salles de concert.
« Une icône »
Un peu plus tôt, dès l’ouverture, le magasin a été le théâtre d’un petit attroupement autour des deux îlots de présentation où est exposée une partie des 725 exemplaires de l’album, noyée au milieu des coussins, porte-clés, horloges et autres bibelots à l’effigie de la star.
« Je me dis «voilà, t’as dans les mains le dernier, après y en aura plus» », confie Jean-Louis. Cet opus, « qui fait partie des meilleurs » à ses yeux, marque « la continuité » et donne « l’impression qu’il y en aura d’autres, mais non… »
Le précédent album, « De l’amour », sorti en novembre 2015, s’était écoulé à plus de 300.000 exemplaires dans les six premières semaines de sa commercialisation, selon des chiffres de Purecharts. Un an plus tôt, « Rester vivant » avait franchi, selon Warner, les 600.000 ventes.
De retour à L’Axonien, son bar niché dans une rue de Reims -façade verte éclairée par un néon rouge- Jean-Louis réécoute l’album en boucle, la voix du rockeur en écho au poster accroché au mur.
« On a perdu un Français célèbre, on a dit que Johnny représentait un peu la France et c’est vrai… », lance-t-il. « Que les gens se jettent sur l’album, c’est normal: c’est une icône qui est partie ! »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici