Brassens en bandoulière pour le jubilé de Maxime Le Forestier
« Tous les vingt ans, il faut une piqûre de rappel de ce vaccin contre la connerie qu’est l’oeuvre de Brassens ! » : Maxime Le Forestier qui a publié son premier album en 1972, fête son jubilé avec une grande tournée entièrement dédiée à son mentor de toujours.
« Depuis 1995, je n’avais pas chanté Brassens qui est à la chanson française ce que Bach est à la musique classique: un repère », confie à l’AFP Maxime Le Forestier qui lui a rendu hommage en 2021 dans un livre, « Brassens et moi » (éditions Stock).
« En 1963, la même semaine, j’ai découvert la chanson, la guitare et Brassens ! Cela a été un vrai choc qui a orienté ma vie. J’avais 14 ans. Je me suis acheté une guitare et des partitions de Brassens que le marchand m’avait conseillées. Je ne connaissais pas Brassens: on était très musique classique dans la famille », se souvient Maxime Le Forestier, bientôt 74 ans.
« Je n’ai rencontré l’homme qu’en 1972, à mes débuts, dans les coulisses de Bobino. La troisième rencontre fondatrice a eu lieu à sa mort… Son secrétaire Pierre Onteniente, surnommé +Gibraltar+, m’a confié un livre. Il y avait dedans tout ce que Georges souhaitait voir lui survivre », ajoute M. Le Forestier qui, avec Renaud, continue de faire vivre l’oeuvre intemporelle de l’auteur des « Copains d’abord ».
« Je me suis aperçu que tout avait été écrit sur Brassens, mais très peu de choses sur le compositeur. Cette tournée +Soirée Brassens+ développe le côté musical. Avec trois musiciens dont mon fils Arthur, on a conçu des arrangements plus proches des originaux », explique Maxime Le Forestier qui, pour la première fois, abandonne son instrument fétiche.
« J’ai attendu d’avoir l’âge que j’ai et de me casser le coude pour abandonner enfin la guitare… Je découvre que c’est hyper agréable de cesser de diviser son cerveau en deux ! », dit-il. « Quand il s’agit de Brassens, la complicité avec le public est toujours au rendez-vous. »
Rémission
A l’occasion de ses cinquante ans de carrière, Maxime Le Forestier a réenregistré aussi ses propres chansons dont « San Francisco », « Né quelque part » et « Passer ma route », réunies dans un double album live intitulé « On a fini par trouver une date ».
« Je l’ai enregistré entre le moment où j’ai appris que j’avais un cancer et le moment où j’ai commencé une radiothérapie… Je me suis dit que je ne rechanterais peut-être pas… Donc j’ai voulu garder un souvenir… », relève Maxime Le Forestier, en totale rémission.
« L’intérêt du public depuis cinquante ans me touche… C’est un privilège: la preuve qu’on continue de se comprendre avec les gens… », estime le chanteur.
« Je suis content d’avoir vécu jusque-là… J’adore la nostalgie quand elle est chantée par Brassens ou Souchon, mais c’est un sentiment que je n’aime pas ressentir… Il y a du regret dans la nostalgie… C’est un peu antagoniste avec la chanson qui est une fabrique de nostalgie. Chacun ses contradictions… », s’amuse Maxime Le Forestier qui « n’aurait jamais imaginé » faire une telle carrière.
A 16 ans, renvoyé du lycée pour indiscipline, il a fait ses premiers pas en duo avec sa soeur Catherine.
Moustaki, avec qui ils se lient d’amitié, leur a donné quelques chansons dont « Ma Liberté », avant que Serge Reggiani ne l’a reprenne.
Récemment, Maxime Le Forestier a rejoint le label « Tôt ou tard » qui lui offre « une liberté inattendue »: « mon contrat chez Universal était terminé, sans proposition de continuer… Beaucoup de majors, aux mains des financiers, ne cherchent même pas à faire de bons disques, seulement faire monter le cours de Bourse. Mon nouveau label considère les artistes ! ».
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