Body shaming: honte aux grossophobes !
Alors que le body shaming, phénomène consistant à critiquer la forme d’un corps, sévit sur les réseaux sociaux et dans les couloirs du show-biz, les stars le combattent. Chacune à sa manière.
Trop grosse, trop maigre, la peau pas assez lisse, les aisselles pas nettes, trop de cellulite, un bourrelet, des kilos en trop… et les réseaux sociaux se déchaînent. Les critiques, voire les insultes, sur le corps sont assénées par les haters (les haineux) à ceux et celles qui publient leurs photos ou leurs vidéos. Les stars, scrutées en permanence par les médias, n’échappent pas à ce phénomène appelé «body shaming».
Dictature du corps «parfait»
Bien que le body shaming soit le plus souvent associé au fat shaming, c’est-à-dire à la grossophobie, les affronts cruels visent en réalité les personnes de toutes tailles et de toutes silhouettes. Des personnalités montent au créneau pour faire taire ces pratiques pathétiques et montrer à tous que l’on peut assumer son corps.
Effet dévastateur
«La plupart des nouvelles normes de beauté sont apparues dans les années 1960 avec l’image de mannequins filiformes comme Twiggy», explique la philosophe britannique Heather Widdows. «Essayer de respecter ces normes crée des effets négatifs sur l’estime de soi. Et conduit à des jugements sur soi-même et sur les autres, qui peuvent se manifester par une honte corporelle.»
«Depuis que j’ai commencé à apparaître dans des fictions, ces critiques ont fait naître en moi une grande insécurité. C’est dévastateur», confirme à Good Morning America, l’actrice Mindy Kaling, 43 ans, héroïne de la série «The Office» et des longs métrages «Ocean’s 8» et «Late Night». Même discours en France où la chanteuse et comédienne Louane, 25 ans, essuie des attaques depuis sa grossesse et la naissance de sa fille. «J’ai été attaquée très violemment par certains internautes qui ont critiqué ma prise de poids après mon accouchement. Dire que ça me laisse insensible serait mentir…», a-t-elle confié dans les colonnes de Midi Libre.
Des maux et des mots
«Bien sûr, je suis comme tout le monde», poursuit-elle. «Il y a des moments où je me sens bien dans mon corps et ma tête, et d’autres où je me trouve moins à mon avantage. Je plains les gens qui n’ont rien d’autre à faire que de véhiculer cette méchanceté gratuite.» Quant à Nicola Coughlan, héroïne de la série «La Chronique des Bridgerton», elle a opté pour une stratégie radicale : dire stop aux médisants. En publiant sur son Instagram : «Si vous avez une opinion sur mon corps, ne la partagez pas directement avec moi. La plupart des gens sont gentils, mais je ne suis qu’un être humain et il est difficile de supporter le poids de milliers d’avis sur mon apparence qui me sont envoyées chaque jour!» Lili Reinhart («Riverdale»), elle, a choisi de publier des répliques ironiques : «Merci infiniment d’être inquiet pour mon poids, je vous répondrai quand j’aurai fini mon double cheeseburger!»
«Carrément méchants, jamais contents !»
Mais les médisances et les cascades de commentaires touchent aussi les VIP qui ont perdu du poids ou celles qui sont minces sans être tout à fait dans les normes. Aussi jolie tout en rondeurs que plus mince, la chanteuse Adele, 34 ans, s’est étonnée, dans le British Vogue, de «l’examen minutieux de son corps par les médias et les fans»: «Les gens en parlaient avant que je ne perde du poids. Et ils continuent maintenant! C’est ridicule!»
Adieu à la culture du dénigrement
«En fait, ce sont les détracteurs qui sont mal dans leur peau et aimeraient que l’on plonge avec eux !», constate la chanteuse et musicienne américaine Lizzo, partisane du body-positive (corps positif) qui a soutenu la campagne «self-esteem» (estime de soi) lancée par une marque populaire de soins de beauté. L’artiste a dû surmonter énormément d’affronts et de moqueries, dont un on-dit terrible : «On a raconté que lors d’un de mes concerts, je me suis jetée dans la foule et qu’avec mon poids, j’ai écrasé et tué une personne ! Comment peut-on aller si loin dans la bassesse ? Ça dépasse l’entendement!» La présentatrice de télé, actrice et puissante productrice Oprah Winfrey, qui assume ses courbes, a ajouté durant l’une de ses émissions : «Il est temps d’arrêter d’être de connivence avec une culture qui fait que certains d’entre nous se sentent physiquement inadéquats ! Éloignez-vous des individus bêtes et méchants, dites adieu à la mauvaise humeur qui dénigre votre apparence ! Et dites aussi adieu à votre critique intérieure, engagez-vous à être plus gentil avec vous-même et avec les autres !»
Le refus de s’apitoyer
La chanteuse et actrice de 30 ans Selena Gomez s’est révoltée contre les remarques insensées d’inconnus qui ne savent rien de sa vie. En 2019, à la suite d’un traitement médicamenteux, elle a connu des baisses et hausses de poids contre lesquelles il était impossible de lutter. «J’ai un lupus, je dois gérer des problèmes de rein, une forte pression sanguine», a-t-elle confié à Cosmopolitan. «Je fluctue en permanence. Tout dépend de ce qui se passe dans ma vie. C’est totalement hors de contrôle et ça m’a fait beaucoup de mal.»
«Mon corps est examiné et commenté sous toutes les coutures depuis mes débuts avec Destiny’s Child», raconte Beyoncé à Harper’s Bazaar, «J’ai commencé à entendre des gens me critiquer après avoir pris du poids quand j’avais 19 ans. Je me sentais un peu mal à l’aise. Mais un jour, je me suis réveillée et j’ai décidé de refuser de m’apitoyer sur mon sort! À partir du moment où j’ai utilisé tout ce que la nature m’a donné, j’ai transformé cela en une philosophie libératrice! Pour moi et pour d’autres femmes et hommes qui luttent contre la même chose!»
S’aimer soi-même
Figure emblématique du mouvement body positive, le mannequin Ashley Graham a posé nue sur les réseaux sociaux, voici quelques mois, pour faire passer un message à ses abonnés. L’Américaine de bientôt 35 ans veut aider ses fans à s’accepter tels qu’ils sont. La jeune femme, égérie de plusieurs grandes marques, avait posté, il y a quelques années, des photos d’elle en salle de sport. Résultat: des commentaires désobligeants : «Tu ne seras jamais mince, donc arrête de faire du sport !», «Ton poids c’est ta marque de fabrique. Si tu maigris, tu ne seras plus mannequin…» ou «Pourquoi ne veux-tu plus être grosse alors que c’est ça qui t’a fait connaître ?» Ashley a répondu : «Je fais du sport pour rester en bonne santé, me sentir bien, faire le plein d’endorphines, avoir plus d’énergie… et non pour perdre mes formes, puisque je me sens bien comme ça… !»
Lexique
• Body shaming (traduire par honte du corps) : consiste à se moquer ou à humilier quelqu’un en raison de son physique via les réseaux sociaux.
• Le body positive est un mouvement social en faveur de l’acceptation et l’appréciation de tous les types de corps humain.
Cet article est paru dans le Télépro du 20/10/2022.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici