Bob Marley, une vie d’étoile filante
À la veille de la sortie au cinéma du biopic sur le pape du reggae, «One Love», Kevin Macdonald, réalisateur multirécompensé («Le Dernier roi d’Écosse»), propose de (re)découvrir une personnalité complexe au travers d’un bon documentaire, «Marley», à voir ce vendredi à 22h30 sur Arte.
Truffé de séquences musicales, d’interviews de la star, d’images d’archives rares et privées, «Marley» (vendredi sur Arte) dépeint la petite et la grande histoire de Bob Marley, sans jamais tomber dans l’hagiographie.
Jeunesse heureuse
Robert Nesta Marley voit le jour le 6 février 1945, à Nine Miles, en Jamaïque, fruit d’un amour bref et clandestin entre Cedella Malcolm, beauté jamaïcaine d’origine ghanéenne, et un Anglais, contremaître sur les plantations, se faisant appeler Capitaine. Ce dernier n’aura que peu de contacts avec son fils, avant de mourir en 1957. «Ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, l’enfant métis, en butte aux railleries, trouve refuge dans la musique et le foot, qu’il pratique ventre vide et pieds nus», détaille le documentaire. Cependant, «malgré des conditions de vie difficiles, Bob Marley a été entouré de l’affection de ses proches et a eu une enfance plutôt heureuse», explique Radio France.
Peace and Love
À l’adolescence, Bob délaisse sa campagne natale, direction le ghetto de Trenchtown, à Kingston. C’est là qu’il découvre le rastafarisme, religion qui prône la paix, l’amour, l’unité et vénère Haïlé Sélassié Ier, empereur d’Éthiopie, considéré comme la réincarnation du Christ. «Le voilà qui se fait pousser des dreadlocks. Il fume de façon immodérée la marijuana, « cette drogue sacrée qui permet de communiquer avec Dieu »», relate Le Monde. À Trenchtown, il rencontre Peter Tosh et retrouve une connaissance de Nine Miles, Bunny Livingston, avec qui il forme «The Wailing Wailers», comprenez «Les geignards», en 1962.
À l’assaut du monde
Pour chapeauter les «Wailers» et leurs premiers singles, un homme : le producteur Clement Coxsone Dodd. Ce dernier, intraitable, encaisse la majeure partie de l’argent généré par ses petits prodiges qui, de leur côté, ne touchent que trois livres par semaine. Frustrés, les Wailers montent leur propre label, «Wail’n Soul’m», et font appel à un nouveau producteur, Lee Scratch Perry. Leur collaboration dure trois ans environs, avant que Bob Marley et Les Wailers se sentent fins prêts pour la conquête internationale.
À Londres, ils rencontrent Chris Blackwell, fondateur d’Island Records. L’homme, impressionné par leur charisme, propose d’avancer la somme nécessaire à la création d’un album. «Catch a Fire» voit le jour, suivront «Burnin‘» et «Natty Dread», le premier sans Peter et Bunny. Le reggae connaît alors son expansion mondiale et Marley devient la première star internationale issue de ce que l’on appelle le «tiers-monde».
Violent attentat
Cette immense notoriété apporte son lot de désagréments. En 1976, la Jamaïque est en proie à des violences internes. Si Marley affirme qu’il est neutre dans ce conflit, beaucoup le pense en réalité du côté du Premier ministre, à gauche de l’échiquier. Dans cette atmosphère tendue, le 3 décembre, sept hommes armés font irruption au domicile des Marley. Le chanteur est touché à la poitrine et au bras, son manager à la jambe et son épouse, Rita, à la tête… Par miracle, tout le monde survit.
One love
Deux ans plus tard, Bob Marley met sur pied le «One Love Peace Concert», à Kingston. Le show voit défiler seize des plus grands chanteurs de reggae et rassemble, dans le public, des militants de tous bords. Durant la représentation, la star joint les mains de Michael Manley et de Edward Seaga, les deux opposants politiques de la Jamaïque. Le chanteur entre définitivement dans la légende.
Déjà malade lors de cet instant mythique, Bob Marley s’éteint le 11 mai 1981, à 36 ans, après une bataille de quatre ans contre un cancer généralisé.
À voir au ciné : le biopic «One Love» sort le 14 février sur grand écran avec, dans le rôle de Bob Marley, Kingsley Ben-Adir.
Cet article est paru dans le Télépro du 8/2/2024
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