Bernard Lavilliers, always on the road
Chanteur discret et pourtant présent dans l’oreille du public, Lavilliers se raconte dans un portrait intime et sans nostalgie, «Lavilliers par Lavilliers», à voir ce mercredi à 23h05 sur France 3.
Comme Souchon ou Cabrel, Bernard Lavilliers n’est pas de ces chanteurs qui arpentent les plateaux de télévision pour parler de lui. Sa personnalité, son amour du voyage, ses engagements, il les raconte en chansons. Retour sur les cinquante ans de carrière du chanteur baroudeur.
Métier transportable
Bernard Ouillon, futur Lavilliers, naît à Saint-Étienne, en octobre 1946. Son enfance est rythmée par les goûts musicaux de ses parents, qui vont du jazz portoricain à la musique classique. Sa maman, institutrice, lui fait aussi apprécier la poésie, Prévert notamment.
Chez les Ouillon, le tourne-disque que Bernard a reçu pour son quatrième anniversaire anime constamment la maison familiale. À 13 ans, le jeune garçon est terrassé par une pneumonie, ce qui décide ses parents à déménager pour s’éloigner de la pollution stéphanoise. Plus tard, il travaille à l’usine comme tourneur, se prend de passion pour la boxe et se définit comme un anarchiste.
À l’âge de 19 ans, le monde l’appelle et il décide de partir en quête d’un «métier transportable», dit-il. Avec ses notions de guitare, il fait la manche. «C’est marrant, parfois je gagnais plus que mon père», raconte le chanteur.
C’est à Paris que ce gagne-pain aléatoire va se professionnaliser. «Lavilliers, Renaud ou Higelin sont des débutants qui apprennent leur métier à La Pizza du Marais, (premier nom du théâtre des Blancs-Manteaux, ndlr)», relate le Nouvel Obs.
«Au milieu des clients attablés, un directeur artistique remarque le jeune homme et lui fait enregistrer un premier album. Un an plus tard, il est recruté par Eddie Barclay : leur collaboration débute avec «Les Barbares»».
Sérieux, mais pas trop
«J’ai commencé à prendre ce métier au sérieux en 1975. Avant, c’était un passe-temps». Dès 1976, sa technique s’étoffe, ses textes aussi. Cette année-là, dans «Les Barbares» figure «Fensch vallée», une des premières chansons militantes. Elle parle des déserts qui commencent à se faire dans les vallées sidérurgiques françaises et des grèves ou blocages d’usines engendrés. Et quand on l’interroge sur le paradoxe qu’il y a à défendre l’ouvrier quand on fait partie du show-business, Bernard répond : «Je n’écris pas pour les radios ou les maisons de disques, mais pour les gens…»
Après son album «Pouvoirs», en 1979, Lavilliers a peur de tourner en rond. Il a besoin de voir et de parler d’autre chose. Il achète alors un bateau à Saint-Malo et vogue vers le Brésil, New York et la Jamaïque. De ces voyages il reviendra avec des carnets griffonnés de nombreuses chansons et livrera au public français l’album «O gringo», qui regorge de tubes encore fredonnés aujourd’hui : «La Salsa», «Kingston», «Est-ce ainsi que les hommes vivent»…
Au long de sa carrière, Bernard Lavilliers n’aura eu de cesse de chanter différents combats sociaux. Outre «Fensch vallée», il y aura «Fortaleza», en 1979, qui parle d’une prostituée brésilienne ; «Betty», en 1981, pour les femmes prisonnières ou «Baron samedi», en 2013, sur le tremblement de terre en Haïti. Cela fait-il de lui un chanteur engagé ? Bernard Lavilliers explique : «Chanteur engagé est un terme valise. Je suis engagé dans la mesure où je vis, où je raconte des expériences».
Infatigable
Après cinquante ans de carrière, vingt-deux albums et plusieurs tours du monde, Bernard Lavilliers ne semble pas lassé de chanter ce monde. Le 12 novembre prochain sortira un nouvel album, «Sous un soleil énorme», le précédent, «5 minutes au paradis» date de 2017.
À voir, à écouter : Bernard Lavilliers, «Sous un Soleil énorme» (Romance Musique) – En concert le 24 février 2022 au Cirque Royal (Bruxelles), le 25 février au Forum de Liège et le 26 février au Théâtre Royal de Mons.
Cet article est paru dans le Télépro du 28/10/2021
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