Avant les funérailles d’Elizabeth II, Charles III boucle sa tournée de nouveau roi
Charles III achève vendredi au Pays de Galles sa tournée de nouveau souverain à travers le Royaume-Uni, à trois jours des funérailles grandioses de sa mère Elizabeth II, symbole de stabilité et d’unité pour les Britanniques pendant plus de 70 ans.
L’heure des derniers adieux approchent. Lundi, d’abord dans le cadre impressionnant de l’abbaye de Westminster, puis dans l’intimité familiale de la chapelle Saint-Georges de Windsor, une page de l’Histoire britannique se tournera.
Ce sera la fin de 12 jours d’immense émotion nationale qui auront permis, avec la pompe et la solennité dont la monarchie britannique a le secret, d’accompagner dans la ferveur l’ultrapopulaire Elizabeth vers sa dernière demeure et à son héritier Charles de s’installer sur le trône.
Après avoir enchaîné hommages et engagements officiels depuis la mort de la reine, le 8 septembre au château écossais de Balmoral à l’âge de 96 ans, Charles III s’est retiré jeudi dans sa résidence de campagne de Highgrove. Mais pas question de repos, ont précisé ses services: le roi, « résistant », a continué de travailler.
Vendredi, il reprend la route pour Cardiff, où il participera avec la reine consort Camilla à un service religieux puis à une réception avec des représentants politiques locaux.
Pour parachever une tournée qui l’a emmené dans tous les Parlements des nations constitutives du Royaume-Uni (Angleterre, Ecosse, Irlande du Nord et Pays de Galles), celui qui fut prince de Galles de ses neuf ans à la semaine dernière n’arrive pas forcément en terrain conquis.
Une pétition protestant contre la transmission du titre -pour certains un symbole d’oppression anglaise- au nouvel héritier du trône William plutôt qu’à un Gallois a recueilli plus de 25.000 signatures.
Une manifestation anti-monarchie est prévue devant le château de Cardiff.
Divisions nationales, crises familiales
Entre ces protestations, les velléités d’indépendance de l’Ecosse, les tensions communautaires en Irlande du Nord mais aussi les tentations républicaines émergeant dans certains de ses 14 autres royaumes, les défis sont considérables pour Charles III au moment où il succède à sa mère.
Ses premiers pas de roi ont été plutôt jugés dignes, à l’exception de quelques gestes d’agacement publics très commentés sur internet.
Il reste à voir comment le monarque, qui n’hésitait pas à s’engager en faveur de l’environnement voire à transmettre discrètement au gouvernement ses opinions sur toute une série de sujets, va entrer dans le costume de sa mère, qui, imperturbable au fil des crises et bouleversements de l’Histoire, avait gardé une irréprochable neutralité et un sens du devoir à toute épreuve, jusqu’à ses derniers jours.
Elle savait en revanche toucher ses sujets en les réconfortant dans les moments difficiles: encore princesse pendant la Seconde Guerre mondiale, quand la mort de Diana avait fait vaciller la monarchie ou en fin de vie quand les Britanniques se sont retrouvés confinés.
Celui qu’on décrit souvent, à 73 ans, comme un roi de transition précédant le populaire William mais aussi comme un modernisateur soucieux de réduire la voilure d’une monarchie pléthorique, devra gérer les crises familiales.
Son frère Andrew a été mis au ban de la royauté en raison d’un scandale sexuel et son fils Harry, qui a fêté jeudi ses 38 ans, est exilé en Californie avec son épouse Meghan et prépare des mémoires potentiellement explosifs.
« Veillée de princes »
L’heure est pour l’instant à l’unité. Après avoir marché en ligne, derrière le cercueil d’Elizabeth II mercredi à travers le centre de Londres, ses quatre enfants se réuniront de nouveau dans leur deuil vendredi soir.
Charles, Anne, Andrew et Edward observeront une « veillée des princes » autour du cercueil de leur mère, exposé au public depuis mercredi soir au palais de Westminster. Pour l’occasion, Andrew, pourtant privé de titres militaires, a été autorisé à porter l’uniforme.
Plus d’une semaine après la mort d’Elizabeth II, l’émotion reste considérable.
Comme à Edimbourg en début de semaine, des dizaines de milliers de personnes se sont déjà recueillies, après parfois plus de huit heures de queue à travers Londres, devant le cercueil de chêne et de plomb, drapé de l’étendard royal sur lequel repose la scintillante couronne impériale.
Le public pourra défiler jusqu’au petit matin lundi. Puis ce sera la fin du dernier voyage d’Elizabeth II, qui aura parcouru toute sa vie la planète dans ses tenues vives et armée d’un humour pince-sans-rire.
Son cercueil sera emmené à l’abbaye de Westminster pour des funérailles d’Etat, les premières depuis la mort de Winston Churchill en 1965, devant 2.000 invités, chefs d’Etat étrangers, gotha mondain mondial, anonymes décorés pour leur engagement associatif.
Après une dernière procession, elle sera inhumée dans la chapelle Saint-Georges de son bien-aimé château de Windsor, auprès de son père George VI et de son époux Philip.
Des millions de personnes sont attendues à Londres pour les funérailles du siècle, préparées minutieusement depuis 20 ans, immense défi sécuritaire et logistique.
Le Royaume-Uni se mettra à l’arrêt pour ce jour férié, avant de retrouver, après une parenthèse de tristesse collective, la réalité de la grave crise économique et sociale qui le frappe.
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