Aussi célèbre que la tour Eiffel !
Bien avant les méga stars actuelles, Maurice Chevalier fut le premier artiste français apprécié mondialement, tombeur de ces dames et idole tourmentée.
Attiré par le show-biz, mais peu doué à ses débuts, Maurice Chevalier, p’tit gars fauché né à Ménilmontant (Paris) en 1888, a travaillé dur pour réussir en tant qu’humoriste, chanteur, danseur et acteur, profitant au passage des inventions d’alors : la radio, le cinéma et la télé !
Drôle d’apprentissage
Quand Johnny Hallyday commença à casser la baraque et ses guitares, le jeune loup croisa son aîné, Maurice Chevalier, qui lui donna de bons conseils : « Soigne toujours tes entrées et tes sorties ! Entre les deux, fais ce que tu veux ! » Ce cher Maurice tenait ce savoir d’une vie artistique et privée bien remplie où il avait connu tous les excès.
D’abord acrobate au chômage à la suite d’un accident, Maurice Chevalier s’est essayé au music-hall. Son physique élancé séduit les vedettes féminines de l’époque. Grâce à ses romances avec ces stars plus âgées – dont Mistinguett – , l’apprenti-vedette est à bonne école et peut pousser maintes portes. Mais la Première Guerre mondiale interrompt son ascension. Blessé, arrêté par les Allemands, le chanteur croise un prisonnier britannique avec lequel il acquiert la langue de Shakespeare. Cet apprentissage supplémentaire va lui servir après l’Armistice…
« Faut pas s’en faire ! »
À son retour, l’ex-soldat trouve son look avec un canotier. Et son anglais mâtiné d’un accent très parisien plaît outre-Manche et outre-Atlantique. Malgré d’injustes calomnies durant le second conflit mondial, Maurice est dragué par les Américains, mais le cinéma muet ne lui plaît pas. C’est avec l’avènement des films parlants qu’il accepte de tourner à Hollywood. Le public adore cet excentrique qui clame : « Les Français sont de vrais romantiques. Pour eux, la seule différence entre un type de 20 ans et de 50 ans, c’est trente ans d’expérience ! »
Les médias le présentent comme étant aussi célèbre que la tour Eiffel ! Pourtant, sa jovialité cache une déprime issue de ses angoisses d’enfant pauvre, d’histoires d’amour fracturées et du traumatisme de deux guerres. Des substances illicites lui permettent de tenir, mais ne lui évitent pas deux tentatives de suicide. Qu’il le veuille ou non, l’interprète de « Prosper (Yop la boum) » a tout du profil de la star déstabilisée par tant de succès.
Un certain apaisement se dessine lors de sa tournée d’adieu devant des spectateurs enthousiastes de tous pays. Lorsque le lauréat d’un Oscar d’honneur s’éteint en 1972, le corps affaibli par trop de « poisons » (il les appelait ainsi) ingérés durant des années, le public espère que le « Roi du music-hall » a tout de même cru un peu aux paroles de son inoubliable hit : « Dans la vie, faut pas s’en faire, moi je ne m’en fais pas ! Ces petites misères seront passagères. Tout ça s’arrangera. »
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