Au Festival de Sundance, le super-héros d' »Aquaman » sonne l’alarme pour les océans
L’acteur américain Jason Momoa, le super-héros des mers d’ »Aquaman » au cinéma, a lancé un cri d’alarme vendredi au festival de cinéma de Sundance contre les dangers de l’exploitation minière des fonds marins.
L’acteur natif d’Hawaï est le narrateur de « Deep Rising », l’un des documentaires les plus attendus du festival, qui dénonce la course de grands groupes industriels à la recherche de métaux rares dans les abysses.
Les grands fonds marins, qui absorbent d’importantes quantités de dioxyde de carbone, suscitent des convoitises, en raison des gisements de métaux rares qu’ils abritent, utilisés dans des applications industrielles et électroniques.
Les partisans de l’exploitation minière des fonds marins soutiennent que la récolte de nodules polymétalliques, renfermant notamment du nickel et du cobalt utilisés pour les batteries électriques automobiles, peut aider à diminuer la dépendance envers les énergies fossiles.
Mais les défenseurs de l’environnement et les scientifiques redoutent, outre des risques pour les espèces vulnérables de ces zones, une dégradation des écosystèmes marins qui jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat. Plusieurs pays ont réclamé un moratoire ou l’interdiction de cette exploitation.
« Il y a eu des moments où j’ai pleuré et ai été saisi par l’émotion » pendant la narration, a confié à l’AFP Jason Momoa avant la première mondiale du film au festival qui se déroule dans l’Utah aux Etats-Unis.
« C’est très important d’utiliser son pouvoir pour le bien. Il s’agit de toutes ces choses qui me passionnent », ajoute l’acteur qui a suivi des cours de biologie marine durant ses études et a été désigné comme ambassadeur pour la vie sous l’eau par le Programme des Nations unies pour l’environnement.
Le documentaire suit des acteurs-clefs de cette industrie naissante comme le groupe canadien TMC (The Metals Company). Ce dernier a obtenu de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui a son siège à Kingston en Jamaïque, un premier « permis-test » en septembre dernier pour extraire 3.600 tonnes de métaux dans la zone Clarion Clipperton (Pacifique) près d’Hawaï.
« Nouveau pétrole »
Il montre ce qui se passe en coulisses lorsque le directeur général du groupe, Gerard Barron, courtise des investisseurs en leur assurant que la « partie la plus désertique et désolée de la planète » subirait peu de dommages en comparaison de ceux infligés aux forêts tropicales par l’industrie minière.
Mais « nous savons si peu » de choses sur les risques réels encourus par les fonds marins, déclare à l’AFP le réalisateur de « Deep Rising », Matthieu Rytz.
« L’extraction dans les fonds marins, c’est juste une ruée, parce que nous n’avons pas encore suffisamment de connaissances scientifiques pour vraiment comprendre ce qui s’y passe. »
TMC table pourtant sur l’extraction de dix millions de tonnes de matériaux des fonds marins chaque année à partir de 2025. Et ce groupe n’est qu’un des quelque 20 instituts de recherche ou entreprises dotées de permis d’exploration dans les océans et attendant le feu vert pour lancer l’exploitation minière à l’échelle commerciale.
Le documentaire de Matthieu Rytz avance, lui, qu’il n’y a aucune « solution miracle » à la crise de l’énergie. Pour lui, la course qui se prépare n’est que « le nouveau pétrole » et pourrait déclencher dans l’avenir des guerres pour l’accès aux ressources.
Le film montre des réunions de l’AIFM, qualifiée par Matthieu Rytz de « chambre obscure à Kingston en Jamaïque » où des délégués décident de « l’avenir de 65% de la surface de la planète ».
« Il s’agit de la haute mer, c’est au-delà des juridictions nationales », insiste-t-il. « Ca nous appartient à tous ou à personne ».
Dans le film, Matthieu Rytz parle avec des scientifiques pour lesquels des sources d’énergie alternatives propres et plus abondantes, comme l’hydrogène, pourraient être explorées pour l’industrie automobile ou alors des options différentes comme le rail à grande vitesse pourraient être davantage développées.
« D’abord, nous n’avons pas besoin de ces métaux », argumente-t-il. « Ces endroits où nous allons faire de l’extraction, c’est un désastre total. Il n’y a pas de demi-désastre. C’est comme de raser une forêt tropicale ».
Pour Jason Momoa, en regardant ce film « vous devez vous poser des questions », en discuter « et vous dire: +nous avons besoin de tout repenser+ ».
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