Au-delà du handicap : ils ont su puiser la force pour avancer

Millie Bobby Brown, 17 ans et actrice de «Stranger Things» (Netflix), a fini par perdre totalement l’audition d’une oreille... © Isopix

Acteurs, comédiennes, chanteuses, musiciens ou mannequins ont eux aussi des défauts et de petits soucis physiques, derrière une apparente perfection…

En admirant les prunelles perçantes de Johnny Depp ou les yeux sexy de Mila Kunis, le public ignore sans doute qu’ils ont des problèmes de vue. Ce qui, au lieu de les désavantager, ajoute à leur charme. D’autres artistes surmontent, eux, des troubles de l’attention, des TOC, des acouphènes ou une surdité totale ou partielle. Mais ces faiblesses peuvent devenir une force. Dans son nouveau film, «On est fait pour s’entendre», l’acteur et réalisateur Pascal Elbé (dont l’interview est à lire dans le Télépro du 25 novembre) bouleverse le spectateur en racontant son propre vécu : comment il a dû se remettre en question après avoir fait face à d’importants troubles de l’audition.

Pas de sourde oreille

Non, une surdité n’empêche pas de devenir un grand artiste. Ludwig van Beethoven a bien été déstabilisé par une déficience auditive dès l’âge de 26 ans ! À 52 ans, il était complètement sourd. Sa très célèbre «Neuvième Symphonie» a été composée en 1824, alors que le musicien était déjà plongé dans le monde du silence. Un exploit, mais aussi un exemple d’opiniâtreté ! À notre époque, la surdité ne freine pas davantage les passionnés. Millie Bobby Brown , actrice de «Stranger Things», est née avec une faiblesse auditive partielle et a fini par perdre totalement l’audition d’une oreille. La jeune femme a dit à Variety ne pas avoir baissé les bras : «Je m’essaie désormais au chant, et si je sonne mal, je m’en fiche, je fais juste ce que j’aime ! Vous n’avez pas besoin d’être bon en chant, en danse ou en théâtre. Si vous aimez le faire, faites-le ! Rien ni personne ne doit vous arrêter !»

Faire taire… les malentendus

D’autres stars sont atteintes d’acouphènes. C’est le cas de la diva Barbra Streisand , des chanteurs et musiciens Eric Clapton, Phil Collins, Will.i.am, et de l’acteur William Shatner. «C’est très pénible», souligne John Graham, ORL à l’hôpital de Londres qui a soigné Collins. «Imaginez que vous essayez de tenir une conversation avec une sonnerie forte et constante en bruit de fond !» Ces dommages auditifs sont dus à une forte exposition sonore ou sont le résultat de certains médicaments, d’une anémie ou d’affections thyroïdiennes. Chez certains malades, ces acouphènes insupportables peuvent mener à la dépression, voire au suicide.

Mais une thérapie cognitive, associée à de la relaxation, aide les patients à ignorer ces bruits. «J’ai vécu avec ce secret», confie Barbra Streisand. «Après le diagnostic, j’ai appris à gérer et à ne pas laisser ces acouphènes entraver ma carrière!» William Shatner, atteint de ce mal après une explosion accidentelle sur le plateau de «Star Trek», a longtemps été incapable de bien dormir, puis a eu recours à des séances d’écoute de sons apaisants pour éduquer son cerveau à traiter ces bruits de fond.

Les enfants du silence

D’autres figures de l’écran et du théâtre sont totalement sourdes. Leur parcours est d’autant plus impressionnant. Marlee Matlin, Oscar 1986 de la Meilleure actrice dès son premier rôle dans le film «Les Enfants du silence», a perdu l’ouïe à l’âge de 18 mois, à la suite d’une forte fièvre. Devenue brillante élève à l’ICODA, Centre international pour la surdité et les arts, elle a été soutenue par l’acteur Henry Winkler (Fonzie dans la série «Happy Days») : «Henry m’a dit de suivre mon cœur, que mes rêves se réaliseraient et de ne rien laisser entraver mon chemin.» Poursuivant sa carrière, la comédienne a même participé à la version américaine de «Danse avec les stars»!

En France, Emmanuelle Laborit, elle aussi actrice sourde muette, a obtenu le Molière de la révélation théâtrale (1993) pour son rôle principal dans la pièce adaptée du film. En le recevant, elle a prouvé qu’il y avait maintes façons de communiquer en apprenant à l’auditoire à dire «unir» en langue des signes: les pouces et index droits et gauches formant des anneaux attachés.

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«T’as d’beaux yeux quand même !»

Parmi nos cinq sens, c’est la vue qui fait défaut à certaines stars. Mila Kunis («Black Swan») est presque aveugle d’un œil quand elle a une crise d’iritis chronique (inflammation de l’iris). Le mannequin Kate Moss, 47 ans, a dû corriger un strabisme prononcé durant l’enfance. Aujourd’hui encore, ce regard singulier fait tout son charme. Taylor Swift a été très myope jusqu’à une opération au laser en 2019. Avant cela, des lentilles ou lunettes à dioptrie élevée lui étaient indispensables.

Bono, le chanteur de U2, a révélé qu’il ne portait pas ses fameuses lunettes de couleur par coquetterie. Depuis plus de vingt ans, un glaucome chronique rend ses yeux trop sensibles à la lumière. Quant à Johnny Depp , il a attendu la cinquantaine pour avouer être quasi aveugle de l’œil gauche : «Cette amblyopie est un défaut de naissance incurable. Tout est très flou. Je n’ai jamais vu nettement les choses.» Cela ne gâche en rien son regard de braise.

«Dys» sur «dys»

Des troubles neurologiques, souvent associés aux personnes à haut potentiel, handicapent plusieurs stars. Paris Hilton, Adam Levine (Maroon 5) et Justin Timberlake ont un trouble de l’attention et/ou de l’hyperactivité (TDAH) qui parasite leur concentration. «J’ai du mal à écrire des chansons, à terminer ce que je fais. On peut oublier de commencer ou d’achever quelque chose», explique Adam Levine. «Vous ne devriez pas vous sentir différent. En fait, vous n’êtes pas seul. D’autres vivent la même chose !» Les HPI peuvent également avoir des «dys», nom d’une catégorie de troubles réunissant notamment la dyscalculie, la dyspraxie, la dyslexie. Keira Knightley doit jongler avec cette dernière. Son intérêt pour le théâtre et le cinéma a été sa béquille : «C’était la carotte qui se balançait devant moi car je devais être capable de lire mes textes et scénarios !» Daniel Radcliffe connaît, lui, la dyspraxie qui perturbe la précision du geste, les activités manuelles… et rend maladroit. La star de «Harry Potter» reste philosophe : «Ces difficultés vous rendent plus imaginatif et plus déterminé !»

Cet article est paru dans le Télépro du 25/11/2021.

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