Attente et suspense au procès de l’acteur américain Bill Cosby
Le jury du procès de Bill Cosby a entamé jeudi sa quatrième journée de délibérations, peinant visiblement à déterminer si l’acteur américain est bien coupable d’agression sexuelle, alors que plusieurs de ses victimes présumées attendent ce verdict historique.
Les douze jurés, venus de Pittsburgh et à l’isolement depuis dix jours, ont repris leurs travaux jeudi vers 09H00 (14H00 GMT), entamant leur 28è heure de huis clos.
Bill Cosby est accusé d’agression sexuelle sur Andrea Constand, à son domicile, début 2004. Il a reconnu s’être livré à des attouchements ce jour-là, mais assure que la relation était consensuelle.
Le comédien rendu célèbre par la série télévisée « The Cosby Show » (1984-1992) risque jusqu’à 30 ans de prison.
Si Andrea Constand est la seule pour laquelle les faits ne soient pas prescrits pénalement, plus de soixante femmes ont également accusé le comédien de 79 ans, icône de la culture populaire américaine.
Plusieurs d’entre elles arpentaient, jeudi matin, les couloirs du palais de justice de Norristown, la petite ville de Pennsylvanie où se tient le procès, et commençaient à trouver le temps long.
« Je suis très frustrée », a expliqué Victoria Valentino (74 ans), un ancien modèle du magazine de charme Playboy qui assure avoir été violée par Bill Cosby en 1969.
Le jury approchait jeudi la barre des 30 heures de délibération, soit le temps qu’il avait fallu, en juin 2005, pour acquitter le chanteur Michael Jackson des accusations de pédophilie qui pesaient sur lui.
En octobre 1995, il n’avait fallu que quatre heures au jury pour relaxer l’ancien footballeur américain O.J. Simpson, mis en cause pour meurtre.
– Jury bloqué? –
Bill Cosby, lui, semble vivre presque sereinement ce procès et n’a montré, en dix jours, aucun signe de fatigue, de résignation ou d’impatience.
Il a refusé de témoigner durant les débats et ne s’est pas exprimé en marge du procès.
Lors des suspensions d’audience et durant ses allées et venues dans les couloirs du palais de justice, il arbore souvent un sourire et plaisante volontiers avec ses représentants.
A l’extérieur du bâtiment, une poignée de badauds lui crient, à chacun de ses passages, leur affection, à laquelle il répond presque systématiquement d’un mot ou d’un geste.
Rien n’a filtré des délibérations du jury qui, depuis le début de ses travaux, a sollicité à de nombreuses reprises le juge Steven O’Neill pour obtenir des précisions sur le dossier.
Il a demandé à entendre, de nouveau, des extraits de dépositions, de Bill Cosby, d’Andrea Constand et d’un policier, afin de mettre en parallèle les versions de l’agresseur présumé et de sa victime supposée.
Tout est basé sur le témoignage des deux protagonistes, faute d’élément matériel ou de témoin direct qui pourraient corroborer l’une ou l’autre version.
« Beaucoup d’entre nous pensons que l’un d’entre eux (un juré) fait de la résistance et empêche les choses d’avancer » vers une condamnation, estime Victoria Valentino.
La procédure pénale américaine prévoit la possibilité qu’un jury ne parvienne pas à se prononcer à l’unanimité (« hung jury » ou « deadlocked jury »), auquel cas le juge ordonne l’annulation du procès.
Le ministère public peut alors demander la tenue d’un nouveau procès, le plus souvent après s’être assuré que la ou les victimes présumées y sont prêtes.
Victoria Valentino est prête à tout, même à un acquittement. Elle ne croît pas, de toutes façons, à l’idée qu’une victime d’abus sexuels puisse jamais « tourner la page ».
Pour elle, l’affaire Cosby a relancé le débat sur le viol et la notion de consentement, ce qui est déjà, en soi, une victoire.
« Avant, il y avait cet éléphant dans la pièce dont personne ne voulait parler », dit-elle. « Même si l’issue n’est pas positive ici, la société aura été transformée grâce à ce débat ».
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