[Ardentes 2018] Ulysse : «Nous continuerons à expérimenter»

[Ardentes 2018] Ulysse : «Nous continuerons à expérimenter»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Après avoir sorti un troisième EP, « Surf », le trio Ulysse était de retour sur la scène des Ardentes ce dimanche. Nous avons rencontré les membres du groupe pour parler de leur univers inspirant et inspiré de nombreuses influences…

Aujourd’hui, vous vous produisez aux Ardentes, jeudi prochain à Dour, à chaque fois ce ne sont pas des petites scènes…

Oui, c’est vraiment très cool. Ce sont deux festivals qui sont très importants aujourd’hui, je crois que ce sont nos préférés en Belgique. Quand on a commencé Ulysse, il y a cinq ans, les premiers gros festivals que l’on a fait ce sont ces deux-ci, les Ardentes et Dour, grâce au Tremplin que l’on a gagné dans les deux. C’étaient des très grosses scènes pour nous qui débutions. Depuis lors, on a eu la chance de rejouer trois ou quatre fois dans chacun des festivals. On adore toujours l’accueil, aussi bien l’organisation que du public qui est toujours génial. Dans le trio, on est deux Liégeois donc les Ardentes, c’est toujours un moment un peu spécial !

Ce n’est pas votre première fois ici, aux Ardentes. Comment avez-vous évolué depuis ?

La première fois que l’on a joué ici, c’était vraiment le tout début de notre groupe. On s’était inscrit au Tremplin, on a joué ici six mois après avoir lancé le projet. De festivals en festivals à chaque fois, tu sens qu’il y a un engouement un peu différent, qu’il y a de plus en plus de nouvelles têtes… Donc c’est cool. Et puis pour nous, si tu regardes toutes nos prestations aux Ardentes, d’ailleurs on a la première en DVD qui est vraiment atroce, c’est un bon indicatif de progression. Au final, oui, ça a été une bonne évolution pour nous et une bonne manière de découvrir la scène aussi.

«Surf» est votre troisième EP, qu’est-ce qui le différencie des deux autres ou de ce que vous avez pu faire avant ?

Il y a plein de choses. Dans l’écriture des morceaux, il y a déjà des chansons en français, c’est la première fois qu’on le fait. Il y a aussi des chansons purement instrumentales avec un petit peu de voix. On a expérimenté plein de nouvelles choses, le français en fait partie. Au niveau de la production, on a essayé des nouvelles choses aussi. C’est quelque chose qui va dans la continuité de ce qu’on faisait avant. On a essayé aussi des effets sur les voix, on a traité les instruments que l’on avait d’une nouvelle manière.

Sur cet EP, vous avez travaillé avec Roméo Elvis. Que vous a-t-il apporté de plus ?

Depuis le début, on avait envie d’un featuring sur un de nos morceaux mais nous n’avions jamais eu l’occasion de le faire. Lorsque l’on a écrit «Acid», sur le deuxième couplet, on s’est dit : «Là ça collerait bien avec un rappeur !». On était assez fans de Roméo depuis quelques temps déjà parce qu’on a beaucoup écouté son premier EP et puis ce qu’il a sorti par après. Ensuite lui, il était assez ouvert à faire une autre sorte de musique que le rap, alors on s’est dit que c’était la bonne occasion. On lui a proposé et on a été super contents qu’il accepte. Je crois que cela nous a permis une sorte d’ouverture vers un public qui n’aurait pas forcément écouté notre musique, qui était peut-être fan de Roméo et qui s’est dit : «C’est marrant de l’entendre sur ce genre de production-là !». Ça nous a permis de nous ouvrir sur un public que l’on n’aurait peut-être pas touché sinon.

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À l’heure actuelle, quels sont les artistes qui vous inspirent le plus ? Quels sont vos influences ?

Il y en a vraiment beaucoup. Le premier qui me vient à l’esprit, je pense que c’est Time Impala. Il y en a vraiment plein mais Time Impala, c’est un des groupes les plus inspirant parce que c’est un projet qui a vraiment une identité visuelle très forte, qui a un son très reconnaissable. Après, il y a un million de choses géniales qui se passent pour l’instant.

De nos jours, il est assez courant de mélanger l’anglais et l’espagnol dans la musique, c’est ce que vous avez fait dans «Mañana». Vouliez-vous suivre le mouvement de ces sons populaires qui passent à la radio ?

Je dirais que ce n’est pas vraiment la volonté de suivre le mouvement, c’est plus que ça rentre dans la démarche de toujours expérimenter et de faire des choses auxquelles on ne s’attendait pas forcément dans la pop. Il est clair que jamais on n’aurait pensé chanter dans une autre langue que l’anglais au début. Mais le fait que le français soit de plus en plus présent dans la musique pop actuelle a ouvert la voie et ça nous a encouragé à mettre du français sur nos productions aussi. Le fait d’avoir eu notamment Roméo sur un morceaux qui chantait en français, on s’est dit que cela donnait une nouvelle fraîcheur à notre musique et que c’était intéressant aussi.

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Lorsque l’on écoute votre musique, on a l’impression que vous ne vous reposez pas uniquement sur la voix du chanteur mais que l’instrumental prend une part importante dans vos titres, est-ce une manière de montrer que vous faites de l’électro ?

Je pense que ce n’est pas uniquement montrer que l’on fait de l’électro, c’est montrer la production et l’expérimentation que l’on fait avec. Mais c’est sûr que ce sont des chansons où la voix reste quand même importante. C’est juste que les choses se sont vraiment faites de manière naturelle, il y a des morceaux où l’on a trouvé que la voix avait justement moins sa place ou on contraire, des morceaux où l’on trouvait que la voix avait beaucoup plus sa place et la production moins. Cela dépend de chanson en chanson.

À travers votre musique, vous mélangez beaucoup de styles. Il y a une réelle présence de pop et d’électro mais on peut aussi entendre de vrais instruments. Tout cela s’accompagne d’une voix rock naturellement «autotunée». D’où viennent tous ces éléments musicaux ?

Ça revient un peu à ce que l’on disait, on écoute des choses super diverses et hyper variées. Ça va du rock à la musique électronique en passant par le hip hop. On essaye de prendre toutes ces influences et des les utiliser, les mettre ensemble dans quelque chose mais d’une manière cohérente. C’est pour cela que les choses que l’on écoute, nos influences sont importantes.

Vos paroles ne sont pas toujours explicites, quels sont les sujets que vous voulez aborder et qui vous tiennent à cœur ?

Il n’y a pas de sujets auxquels on penserait naturellement. C’est juste très spontané, c’est plus une sorte de ressenti. C’est comme si tu avais un morceau qui te faisait penser à telle ambiance ou tel souvenir. Ensuite, c’est la manière de les poser sur le papier qui est importante, c’est ce qui a le plus de sens par rapport aux sonorités des mots ou par rapport aux sens que tu veux leurs donner. On n’est fermé à aucun thème. C’est juste spontané, il n’y a pas une réflexion super poussée.

Vous êtes trois dans le groupe, comment écrivez et composez-vous ?

On compose tous les trois, mais au niveau de l’écriture des textes, c’est Arnaud (NDRL : le chanteur du groupe, tout à droite sur la photo) qui s’en occupe. Le processus est un peu toute la complexité de notre projet car nous sommes tous les trois producteurs et ce n’est pas toujours évident de trouver un terrain où l’on peut tous les trois s’exprimer de manière égale mais on essaye de le faire le plus possible. On essaye de produire chacun de son coté et puis de mettre en commun ce que l’on a pour que tout le monde puisse amener sa touche et apporter sa personnalité dans chacun des titres.

Votre musique est comme une explosion de multiples influences, de plein de langues différentes et de nombreuses collaborations. On a envie de comparer cela à la diversité de notre pays, la Belgique. Vous inspirez-vous de votre pays d’origine ?

Oui, je pense. En plus, nous habitons tous les trois à Bruxelles, le projet est né là. Cela nous inspire beaucoup aussi parce que dans cette ville, on a l’occasion de côtoyer plein de cultures différentes, plein de styles différents par le fait que ce soit une ville bilingue. Donc clairement, le contexte géographique, le milieu d’où l’on vient a beaucoup d’influence sur ce que l’on fait.

Dans vos clips, comme dans vos musiques, vous transportez votre public dans des univers grandioses, dans des lieux imposants. Est-ce une des caractéristiques d’Ulysse que de vouloir faire voyager et montrer plein de composantes diverses dans votre visuel ?

Dans nos univers, on a essayé de traduire les émotions que nos chansons nous faisaient ressentir. La musique que l’on crée, on essaye de penser ce qu’elle peut procurer aux gens qui l’écoutent. Il y a aussi une sorte de caractère surréaliste à ce que l’on fait. On nous dit souvent que lorsque l’on écoute notre musique, elle a un côté aérien, des fois on nous dit aquatique. Du coup, on a essayé de trouver comment transposer cette caractéristique de flottement et de surréalisme dans le visuel. L’idée des clips, c’est d’avoir des endroits qui paraissent familiers parce que l’on reconnaît l’architecture des bâtiments… Et puis, on essaye de les mettre sous un angle différent de ce que l’on a l’habitude de voir pour créer ce sentiment de surréalisme.

La scène musicale belge est déjà bien remplie, que voulez-vous apporter de plus ?

Il est vrai que je trouve que la scène est déjà bien remplie, il y a énormément d’artistes mais tout le monde fait des choses un peu diverses. Justement, dans notre musique, il n’y a pas beaucoup de gens qui font ce genre-là, en tout cas en Belgique. Nous, on veut garder ce côté d’expérimentation et tout ce qui va avec, c’est-à-dire la place de la voix, le travail de la production… Représenter quelque chose de différent sur la scène musicale belge.

Comment voyez-vous le futur d’Ulysse ? Que prévoyez-vous pour la suite ?

On a sorti récemment notre troisième EP, «Surf». On a encore quelques dates de concert de prévues, on va encore probablement sortir un clip. Et puis pour la suite, on est arrivés à un stade où l’on peut vraiment se recentrer sur plein de choses. On verra un peu après toutes les possibilités que notre musique offre maintenant. Il n’y a pas un plan hyper détaillé et précis que l’on va suivre. C’est juste se donner du temps pour expérimenter plein d’autres choses comme d’habitude. On va essayer de lier cela à la musique et de dégager de nouveaux projets.

L’expérimentation, c’est ce que vous essayez de faire justement dans vos EP ?

Oui, c’est cela. C’est de se dire que l’on est encore dans une phase de «laboratoire», de découvertes. On ne s’est pas encore exactement fixés sur le style que l’on veut faire et peut-être que ce ne sera jamais fixés mais c’est un peu ça la démarche.

Olivier Desmet

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