Après des accusations de violences sexuelles, une enquête ouverte contre Gérard Miller
Le parquet de Paris a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête préliminaire contre le psychanalyste Gérard Miller, visé depuis un mois par une accumulation d’accusations de violences sexuelles qu’il conteste.
Selon des éléments transmis à la presse et d’abord dévoilés par le magazine Elle, le ministère public comptabilisait jeudi six signalements reçus « par courrier ou au sein d’un commissariat suivi d’un compte-rendu au parquet de femmes déclarant avoir subi des gestes a minima sexués de la part de Gérard Miller, auxquels elles relatent ne pas avoir donné leur consentement, entre 1995 et 2005 ».
Le parquet de Paris a indiqué avoir saisi la police judiciaire parisienne (DRPJ) de ces faits « susceptibles d’être qualifiés de viols et d’agressions sexuelles, parfois sur victimes mineures ».
C’est la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) qui mènera les investigations, a précisé une source proche du dossier à l’AFP.
« Il appartiendra au parquet de déterminer la matérialité et la qualification des faits, de mesurer leur éventuelle prescription et d’apprécier les suites à donner », a souligné le ministère public.
Gérard Miller, chroniqueur régulier d’émissions de radio et de télévision, engagé à gauche et soutien de Jean-Luc Mélenchon depuis 2012, est mis en cause pour des comportements déplacés et des violences sexuelles par plusieurs dizaines de femmes.
« Une poupée qu’on déshabille »
Certaines d’entre elles décrivent des agressions lors de séances d’hypnose au domicile de M. Miller.
Le magazine Elle a dévoilé les premières accusations, notamment celles de viol formulées par une femme, identifiée sous le prénom de Mathilde, lors d’une séance d’hypnose en 2004 lorsqu’elle était âgée de 19 ans, après avoir assisté à une émission à laquelle le psychanalyste participait.
« Je ne peux plus bouger. Je suis une poupée qu’on déshabille et à qui l’on peut faire ce que l’on veut », a-t-elle témoigné. D’après Elle, cette femme a déposé plainte jeudi.
Juliette (prénom modifié) a déposé plainte le 6 février, d’après Mediapart. Auprès du site d’investigation, elle a accusé Gérard Miller, son professeur de psychanalyse à l’université de Paris 8, de l’avoir embrassée par surprise en 1995 alors qu’elle avait 21 ans.
Aude G. a accusé le psychanalyste de l’avoir violée fin 2001, alors qu’elle avait 17 ans et lui 53. Elle a déposé mardi une plainte révélée par le journal Le Parisien et dont l’AFP a eu connaissance.
Charlotte a porté plainte, quant à elle, le 16 février pour une agression sexuelle qui se serait produite au domicile de M. Miller en 2001. Selon son récit dans Elle, la plaignante a rencontré, à l’âge de 15 ans, M. Miller lors du tournage de l’émission « On a tout essayé ».
Le magazine évoque encore deux autres plaintes, celle de Romane (prénom modifié), déposée jeudi soir, pour une agression sexuelle qui se serait produite en mai 2003, alors qu’elle avait 19 ans, au domicile de M. Miller, où elle se serait retrouvée « au cours d’une séance d’hypnose, nue sous un kimono, les doigts du chroniqueur prêts à la pénétrer. »
Elle et Mediapart assurent disposer à eux deux de plus d’une cinquantaine de témoignages contre M. Miller, allant du comportement inapproprié aux accusations de viol.
« Pas hypnotisé »
Après la parution des premiers témoignages fin janvier, le psychanalyste de 75 ans a publié une lettre sur X.
« Avec toutes les femmes, j’ai la conviction de n’avoir contraint personne, prenant au pied de la lettre tout embarras, tout refus et ce, tout particulièrement quand je m’engageais sur le chemin de la séduction », avait-il soutenu.
Il réfutait également avoir pratiqué l’hypnose à son cabinet ou à son domicile, mais toujours en public.
Les séances dans un cadre privé relevait de « tests élémentaires » et « celui ou celle qui acceptait de s’y livrer n’était absolument pas hypnotisé, il restait parfaitement conscient, en totale possession de ses moyens », assurait dans ce courrier Gérard Miller.
Dans une rarissime précision à la presse, le parquet a souligné vendredi que « la procédure pénale garantit le droit du contradictoire, et cela implique davantage que la simple possibilité de répondre aux questions posées » ou encore « que la présomption d’innocence demeure aussi longtemps qu’aucune juridiction n’a prononcé de condamnation. »
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