Antonio Banderas et Pedro Almodóvar, éternels amigos !

Pedro Almodóvar et Antonio Banderas © Arte/Allstar Picture Library Limit
Alice Kriescher Journaliste

Avec le film «Douleur et gloire» (21h05) suivi du documentaire «Antonio Banderas et Pedro Almodóvar – Du désir au double», Arte place sa soirée de dimanche sous le signe du réalisateur Pedro Almodóvar (72 ans) et de son acteur fétiche, Antonio Banderas (61 ans).

Cela fait quarante-ans que l’acteur espagnol Antonio Banderas est apparu au grand écran («Le Labyrinthe des passions», 1982) d’Almodóvar. Mais que sait-on de cet acteur, beau gosse favori de son compatriote réalisateur ?

Carrière contrariée

Né en 1960, à Malaga, Antonio est d’abord attiré par le ballon rond, mais une fracture du pied contrarie ses plans et de nouvelles ambitions le poussent vers l’art dramatique.

À 21 ans, il intègre le Théâtre national d’Espagne. Dès 1982, la carrière du comédien en herbe s’accélère grâce à Almodóvar, de onze ans son aîné. Avec le long métrage susnommé, commence le début d’une longue collaboration entre eux.

Durant la décennie 1980, le cinéaste fait appel à lui pour quatre autres films. Cette exposition lui vaut d’être repéré à Hollywood et une certaine Madonna veut à tout prix de cet Adonis espagnol dans son documentaire «In Bed with Madonna» (1991).

La même année, Almodóvar compte sur lui pour la sixième fois, mais Antonio décline, trop tenté de continuer à percer outre-Atlantique («The Mambo Kings»). L’affront est terrible pour Pedro, qui met en garde son protégé : «Hollywood va te broyer, tu vas gâcher ton talent. Je t’aurai prévenu…»

Pause de vingt ans

Débarqué à Los-Angeles sans parler un mot d’anglais, le bel hidalgo s’adapte. En 1993, il campe l’amoureux de Tom Hanks dans «Philadelphia». S’ensuivent de nombreux rôles et, en 1998, il est la tête d’affiche du «Masque de Zorro», énorme succès commercial.

Après s’être essayé au métier de réalisateur, en 1999, avec «La Tête dans le carton à chapeaux», petit à petit, la prédiction de Pedro semble se concrétiser : les années 2010 sont une traversée du désert pour Banderas…

En 2011, près de vingt ans après leur séparation, Almodóvar pardonne à celui qui est toutefois resté un ami et lui propose le thriller «La Piel que habito». Les deux hommes craignent que leurs retrouvailles soient tendues.

«Il m’avait créé, j’étais en quelque sorte sa chose. Il a vu mon départ comme une trahison. Il lui a fallu du temps pour me pardonner», explique Banderas dans le JDD, en se souvenant d’un sarcasme de Pedro à son égard : «C’est un rôle de psychopathe, mais pas question de jouer un monstre. Je ne veux pas d’un truc façon Hollywood. Cette fois, tu vas devoir être subtil…». «La Piel…» sera sélectionné à Cannes.

Secondes noces

Depuis, la réconciliation est solide entre les artistes. Le cinéaste a de nouveau fait confiance à Antonio pour «Les Amants passagers» (2013) et le film à voir sur Arte, «Douleur et gloire» (2019), qui a valu un prix d’interprétation cannois à Banderas.

Le pitch ? Un réalisateur souffrant retrouve un acteur avec qui il s’est fâché trente-deux ans auparavant… Une impression de déjà vu ?

Cet article est paru dans le Télépro du 5/5/2022

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