A Paris, Jim Morrison hante encore le Père-Lachaise

A Paris, Jim Morrison hante encore le Père-Lachaise
AFP

Sa mort avait suscité une flopée de rumeurs. Son trépas est loin d’être de tout repos. Jim Morrison, le chanteur des Doors, hante encore le cimetière du Père-Lachaise à Paris, où il repose depuis plus de quarante ans.

Aux abords de sa tombe, ce sont des signes de vie qui sautent d’abord aux yeux, reflets d’une dévotion dionysiaque au mythe du sex-symbole et poète maudit du rock, mort à 27 ans à Paris, le 3 juillet 1971 : fleurs et portraits de l’éphèbe, chewing-gums déjà mâchés, amoureusement collés en ex-voto sur un treillis entourant le tronc d’un arbre voisin.

Les hommages les plus variés fleurissent tout au long de l’année, et pas seulement pour la Toussaint.

Parfois des mégots ou des bouteilles de whisky pour un chantre de l’usage de drogue et de la consommation d’alcool, quelques « cadenas d’amour » sur la barrière métallique, dernière trouvaille des touristes à Paris.

La modeste sépulture, sur laquelle est gravée l’inscription en grec « KATA TON DAIMONA EAYTOY » (Fidèle à son propre démon), aimante des cohortes d’admirateurs du chantre du « flower power » et de la révolte contre l’autorité, venus du monde entier. Comme celle, un peu plus loin dans le cimetière, du poète Oscar Wilde, recouverte d’empreintes de baisers et de marques de rouge à lèvres.

Des objets et photos relatifs à la vie de Jim Morrison, exposés dans une boutique de souvenirs, au Père Lachaise, le 16 octobre 2014

« Impossible de venir de si loin sans voir la tombe » de Jim Morrison, affirme John, touriste australien, en visite à Paris avec sa femme Trish.

A leurs côtés ce matin-là, un homme seul marmonne des mots indistincts. Des Ukrainiennes se prennent en photo. Un jeune Israélien dit être là sur les traces de son père, « venu il y a trente ans ».

Des rumeurs sur une tombe

Dans le quartier, des commerçants se souviennent que certains 3 juillet, date anniversaire de la mort du briseur de tabous abonné aux scandales publics, ont été copieusement arrosés par ses fans.

Un vendeur de souvenirs consacre encore une partie de sa vitrine aux objets à l’effigie de celui qui se proclamait le « roi Lézard » dans son poème « The celebration of the lizard ».

« Avec le tombeau de Frédéric Chopin, c’est la tombe la plus visitée du cimetière », confirme Paul Bauer, guide-conférencier du Père-Lachaise.

On voit là « une forme d’hommage qui peut prendre la forme d’un rituel affectif, une façon de laisser une trace », analyse Guénola Groud, conservatrice du patrimoine au service des cimetières de la ville de Paris.

Mme Groud avoue une certaine lassitude à être toujours interrogée sur la même tombe par la presse, alors que le cimetière accueille quelques pépites architecturales et des dizaines de sépultures de personnalités des arts ou de la politique depuis le 19e siècle.

Mais, « de tous temps, il y a eu beaucoup de rumeurs » sur la tombe de Jim Morrison, admet-elle.

Un petit tour sur internet et on en retrouve certaines: Depuis « Jim Morisson n’est pas vraiment mort, il vit reclus quelque part loin du monde » à « la concession du caveau était de quarante ans seulement, et le corps va être déplacé ».

Des chewing-gum collés sur un tronc d'arbre à coté de la tombe de Jim Morrison au Père Lachaise, le 16 octobre 2014, signe d'admiration des visiteurs pour ce chanteur mort il y a plus de 40 ans

Sur ces deux rumeurs, Mme Groud apporte un démenti formel: « Cette sépulture présente exactement le même statut que l’essentiel des tombes des cimetières parisiens, et notamment de celles du Père-Lachaise » affirme-t-elle. « C’est une concession perpétuelle qui contient le corps du célèbre chanteur et qui est donc là pour la perpétuité ».

« D’ailleurs une durée de concession de quarante ans, cela n’a jamais existé au Père-Lachaise », ajoute-t-elle.

Des rumeurs sur une mort

Au contraire, une autre rumeur, sur les circonstances réelles de sa mort, par overdose dans un club parisien, a récemment été confirmée par deux témoignages. Celui du créateur du club « Rock’n roll circus » Sam Bernett, puis en août 2014, celui de la chanteuse anglaise Marianne Faithfull.

Dans une interview au magazine britannique Mojo, elle a affirmé que son petit ami de l’époque, l’aristocrate français Jean de Breteuil, dealer des stars, était le vrai responsable de la mort de Morrison, qui fut ramené en vitesse chez lui pour tenter d’éviter un scandale dans la boite de nuit où il se trouvait.

Son témoignage balaye définitivement la cause officielle du décès -insuffisance cardiaque alors qu’il prenait son bain-.

Cette version avait été notamment véhiculée par la cinéaste Agnès Varda, liée à Morrison à l’époque, qui fut l’une des rares personnes présentes à son enterrement.

Sollicitée par l’AFP à ce sujet, la réalisatrice a fait répondre par mail qu’elle « avait en son temps fait une déclaration au sujet de la disparition de Jim Morrison » et qu’elle ne souhaitait « plus prendre la parole à ce sujet depuis ».

De quoi espérer lui procurer le repos. Eternel cette fois.

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