Julien Vandevenne
Pas si mornes urnes
La politique vous lasse ? Les nombreux débats télévisés vous donnent une impression de déjà-vu ? Découvrez ces petits partis qui sortent assurément des sentiers battus !
Il paraît qu’il y a encore un 1/5 – voire 1/4 selon les sources – d’indécis parmi les citoyens belges appelés aux urnes, à deux jours du scrutin. Pas toujours facile de faire un choix par les candidats, d’autant que nous devons nous exprimer pour renouveler trois parlements : l’européen, le fédéral et le régional.
À côté des partis traditionnels qui ont rythmé la campagne en télé depuis de long mois, il existe une offre alternative : de petites formations souvent insolites qui se présentent un peu partout sur le continent. Pas toujours crédibles, mais ça a le mérite au moins de faire sourire, parfois même réfléchir, tant que nous sommes encore en démocratie…
En Allemagne par exemple, un parti pour la recherche en médecine traditionnelle sur le rajeunissement promet de se battre pour le développement de thérapies permettant de vivre en bonne santé «pendant des milliers d’années». Quarante milliards d’euros de subsides européens devraient y être affectés, selon son programme.
En Hongrie, un parti du «chien à deux queues» promet même «la vie éternelle», «la bière gratuite» et des réductions d’impôts en prime.
En Suède, un parti «du poulet maléfique» se bat contre la censure sur Internet et une réforme des droits d’auteur. Il s’en prend surtout au seuil électoral de 4 %, mais dénonce aussi la facilité avec laquelle les partis peuvent s’enregistrer dans ce pays. Il y en a plus de cent, dont le parti du maïs, celui de la détente («chill») ou celui pour «plus de golf et moins de rage».
Ailleurs, la frustration se traduit encore dans des partis intitulés «Comme c’est difficile» ou «Trop c’est trop, p…» Des partis promettant que leurs élus ne siégeront pas ont aussi déposé des listes en Tchéquie ou en Espagne.
Plus sérieux, en France, la liste Europe Démocratie Espéranto se dresse contre l’hégémonie de l’anglais comme langue de travail des institutions européennes, thème sensible dans l’Hexagone. Ce mouvement ne joue pas exclusivement la carte de la langue de Voltaire. Il milite pour davantage de multilinguisme et la reconnaissance de l’espéranto, langue internationale artificiellement construite, comme langue officielle de l’UE.
La formation allemande «Die Partei» est peut-être le plus connu des partis protestataires ludiques. Son fondateur, le journaliste et écrivain satirique Martin Sonneborn, a déjà été élu deux fois au Parlement européen. Non inscrit au sein d’un groupe politique, il n’a quasiment aucune influence à Strasbourg. Qu’il soit réélu ou non dimanche, son programme électoral, qui promet de reconstruire le Mur de Berlin et de plafonner le prix de la bière et des kebabs, a… fort peu de chance d’aboutir.
Allez, trêve de plaisanterie, la politique doit évidemment rester une affaire sérieuse. Il y a 80 ans, des héros se sont battus jusqu’à la mort pour que nous puissions avoir aujourd’hui la chance d’exprimer nos opinions, quelles qu’elles soient, en toute liberté dans un monde pacifié.
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