Meurtres à… n’en plus finir !

Sur la RTBF, France 3, TV5 ou 13e Rue, pas une semaine sans qu’on ait droit à une enquête estampillée «Meurtres à…». Une série qui repose sur un dossier remarquablement ficelé !

De Lille à Carcassonne en passant par Colmar, le Mont-Saint-Michel et la Guadeloupe, les régions de France sont devenues ces dix dernières années un grand terrain de jeu pour les scénaristes de la collection de téléfilms policiers «Meurtres à…». Même la Belgique a eu droit une incursion jusqu’à Tournai ces derniers mois. Depuis 2013, on a dépassé le cap des 100 épisodes !

C’est à peu près toujours le même canevas : l’enquêteur revient dans son patelin d’origine, est obligé de collaborer avec une vieille connaissance, et se retrouve confronté à un crime pas commun qui met la communauté en émoi. Évidemment, au fil des interrogatoires, on découvre un secret de famille ancestral qui rejaillit soudain pour faire office de mobile…

Malgré ce manque d’originalité, à chaque diffusion ou rediffusion, ça cartonne : même les plus grosses productions programmées en face, comme «The Voice» ou «Star Academy», ont trinqué au niveau des audiences.

Pourquoi un tel succès ? La proximité avant tout ! Ces péripéties qui fleurent bon le terroir correspondent parfaitement à l’air du temps. Il n’y a pas qu’en boucherie ou chez les artisans que l’on veut du local; en télévision aussi ça attire. Pour appâter le chaland, il faut de l’«au-then-tique», comme disait Pagnol.

Et le calcul est vite fait. Non seulement, ça rassemble les gens du coin, qui ont entendu parler d’un tournage dans la bourgade voisine via leur gazette. Mais ça draine surtout une foule de curieux qui en profitent pour découvrir des régions qu’ils rêvent de visiter lors d’une prochaine escapade.

Autre point fort : le casting, composé de figures bien connues du petit écran. D’anciennes gloires (Bruno Madinier, Florence Pernel, Xavier Deluc, Bruno Wolkowitch…) mélangées avec des rescapés de feuilletons quotidiens (Dounia Coesens, Sara Mortensen, Mélanie Maudran…). Le tout, saupoudré de personnalités venues du divertissement (Jean-Pierre Foucault, Vaimalama Chaves, Stéphane Plaza, Stéphane Bern, Claire Chazal, Michel Cymes…). À peu près tout le gratin de la télé est passé par là.

Enfin, et ce n’est sans doute pas le point le plus négligeable pour les producteurs, les régions et communautés qui accueillent ce type de tournage interviennent presque toujours dans le financement. Une façon pour elles de mettre en valeur leurs atouts par d’autres biais que les traditionnelles brochures touristiques.

Si le crime ne paie pas, les meurtres ont eux encore quelques beaux jours devant eux !