Marc Delire
Les miroirs de l’âme
L’annuelle et très attendue exposition «Regards de foot» vient d’ouvrir ses portes.
Toujours prévue dans le courant du mois d’avril où tout se joue sur un fil, elle se termine fin mai quand les jeux sont faits. «Regards de foot», c’est une collection évolutive de souvenirs de matches qui se construit au fil des rencontres de fin de saison. C’est aussi une collection très personnelle, puisque c’est à chacun de se créer sa propre galerie d’émotions en fonction de sa sensibilité. On y passe souvent d’un extrême à l’autre.
Mardi, après Real/City, c’était pour moi, un sentiment de béatitude en admirant les regards de Carlo Ancelotti et de Pep Guardiola; mais dimanche soir, mon estomac s’est serré en voyant celui de la maman de Thorgan Hazard après la terrible blessure de son fils. Que penser alors de la succession de regards noirs des joueurs et de l’entraîneur de l’Union, sinon qu’elle ressemble furieusement à celle de l’Antwerp. Trois défaites d’affilée pour le champion en titre, mais aussi pour celui pressenti pour lui succéder, il y a de quoi avoir les yeux revolver.
À l’autre bout des émotions, les regards remplis d’une fierté retrouvée illuminent les visages de tout le peuple brugeois. Dans la catégorie chef-d’œuvre absolu, le regard unique de Wilfried Kanga, lors de Saint-Trond/Standard, après avoir été taclé involontairement par Fatih Kaya. Un très grand moment de surréalisme à déguster sans aucune modération. Il est arrivé trop tôt et n’a pas pu être repris dans l’exposition, mais je n’oublie pas le regard hagard de Felice Mazzù, les yeux rougis par les insomnies, quand il assistait impuissant, à la descente de Charleroi dans les enfers des Playdowns.
On pensait avoir tout vu avec l’incroyable final de la saison dernière, mais l’expo 2024 n’a pas encore révélé toutes ses surprises et n’allons donc pas trop vite : les émotions ne connaissent pas de limites.
Marc Delire
Chroniqueur
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