Le pressentiment de Kevin

Même si le «j’m’en bats les c…» de Kevin De Bruyne est au moins aussi mythique que le «je l’ai dit bordel» de Philippe Albert, on ne peut pas en déduire pour autant que les deux hommes soient de grands orateurs. Ce qui ne les a pas empêchés, l’un comme l’autre, de tout donner pour leur pays. En fait, Kevin De Bruyne ne parle jamais pour ne rien dire, il s’exprime comme il joue : sans fioriture. C’est dans ce contexte qu’une de ses déclarations a retenu toute mon attention.

«Sur le papier, les autres équipes sont plus fortes, mais parfois, ce ne compte pas.»

Il sait évidemment de quoi il parle, et je suis complètement d’accord avec lui. Quand vous regardez les noms qui composent les noyaux de la France, de l’Angleterre ou du Portugal, cela brille beaucoup plus que chez nous. Il est donc assez logique que ces trois pays soient cités comme les principaux favoris de l’Euro 2024.

Mais en fait, personne aujourd’hui, même pas Domenico Tedesco, ne sait exactement à quoi va ressembler la Belgique dans cette compétition, et c’est là que son «mais parfois, cela ne compte pas» prend tout son sens.

Je suis persuadé que Kevin De Bruyne ne sait pas non plus jusqu’où peut aller la Belgique, mais il sent qu’avec ce noyau, quelque chose pourrait se passer. Ces moments magiques ont déjà existé : la Tchécoslovaquie en 1976, le Danemark en 1992 et la Grèce en 2004. Ces années-là aussi, ces trois pays n’étaient pas les plus forts, et pourtant…

Il y a dans cette équipe des joueurs qui sont capables de bien plus que ce qu’ils n’ont montré jusqu’à présent. De Bruyne a peut-être le pressentiment que si tout le monde pulvérise son plafond de verre simultanément, ses partenaires pourraient évoluer au même niveau que le sien : celui de l’excellence.

Pour cela, il devra garder le cap jusqu’au bout, car c’est le seul à posséder la clé qui ouvrira la porte d’un parcours historique.

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