Fâcheux précédent

En présentant ses excuses pour un sketch accusé de transphobie, la RTBF a peut-être rendu un mauvais service à l’équipe du «Grand cactus».

C’est la polémique qui secoue les médias ces derniers jours. Après avoir dans un premier temps plaidé le droit à la satire, la RTBF a fini par présenter des excuses pour le sketch «128e sexe» diffusé dans «Le Grand cactus» jeudi 19 septembre sur Tipik. Pour rappel, celui-ci parodiait la reprise de «3e sexe» par Indochine et Christine and the Queens (alias Redcar). Et si l’immense majorité des téléspectateurs a bien ri, quelques-un(e)s se sont sentis offensés.

La raison de ce revirement ? Un excès de prudence, sans doute. Selon nos informations, 150 signalements auraient été adressés en quelques jours au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel). La chaîne, qui produit également «Drag Race Belgium», semble avoir voulu ménager la chèvre et le chou. La gestion a pris le pas sur la vision artistique.

Moralement, pas de souci. Rien de plus honorable en effet que de présenter ses plus plates excuses lorsqu’on a blessé quelqu’un. Mais du point de vue de la liberté d’expression, c’est un fâcheux précédent… Moins de dix ans après la vague de «Je suis Charlie», on rentre dans le rang, et tant pis pour le droit à la satire !

Désormais, l’équipe du «Grand cactus» va devoir évoluer avec le frein à main dans les prochains numéros, sous peine de voir le moindre groupe social visé s’offusquer et demander des comptes à la chaîne. Et de l’humour bridé, ça a beaucoup moins de saveur… Le piquant va-t-il se faire caresses ?

En guise de conclusion, je laisserai le dernier mot à Josette. Cette lectrice de Télépro a laissé un message sur notre page Facebook, qui fera sans doute sourire (jaune…) les fidèles des gags de l’émission : «J’aurai au moins appris que les drags ont moins d’humour que les Carolos, les caissières de supermarchés, les profs, les virologues… et même certains politiciens…»