Julien Vandevenne

En vrai daron !

Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Il existe deux types d’acteurs : ceux qui parviennent à s’effacer derrière leur rôle, et ceux dont la personnalité ressort invariablement, quel que soit le personnage qu’ils jouent. À votre avis, à quelle catégorie appartient Didier Bourdon ?

Johnny Depp est l’exemple-type des comédiens caméléons, qui parviennent à changer de visage à chaque film ou série. Pour eux, rien n’est impossible : ils peuvent être tout aussi crédibles dans un rôle de pirate des mers que dans celui d’un jeune premier épris d’amour pour sa princesse. Et quand ils ôtent le masque, on comprend à quel point ils sont fortiches pour nous mener en bateau à chaque fois ! Citons également Gary Oldman, Ben Kingsley parmi ces as du camouflage.

En face, il y a ce qu’on pourrait appeler les «acteurs fauves», ceux qu’aucun réalisateur ne parviendra jamais vraiment à dompter totalement. Ils n’en font qu’à leur tête ! Parmi eux, Lino Ventura, Alain Delon, Jean Gabin, Bernard Blier, Robert De Niro, Arnold Schwarzenegger, Jack Nicholson…

Qu’ils jouent un salaud ou un père de famille, qu’ils soient flic ou truand, c’est leur personnalité qui déteint sur leur personnage, et non l’inverse. Il suffit qu’ils apparaissent devant la caméra pour qu’ils soient déjà dans la performance artistique. Sans eux, le récit n’aurait pas la même saveur. Particularité : ils jouent toujours à peu près de la même manière, et s’encombrent rarement d’artifices vestimentaires.

En regardant la série «Le Daron», diffusée sur La Une et TF1, il faut bien se rendre à l’évidence : s’il fait ses débuts en parodiant des dizaines de personnalités avec les Inconnus, Didier Bourdon a petit à petit bifurqué pour appartenir désormais à la seconde catégorie. Son personnage fantasque d’avocat excentrique n’est finalement pas très éloigné de celui de beau-père possessif dans «Beaux-parents» ou de candidat-bâtisseur en Corse dans «Permis de construire». À chaque fois, il nous régale de son humour pince-sans-rire, de son caractère bougon mais profondément humain.

À 65 ans, il n’a sans doute pas fini de nous régaler avec sa bonhomie !

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici